Vue d'ensemble

Taux d'incarcération (pour 100 000 habitants)

89,5

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2017
/ Service public fédéral Justice

Les autorités publient des données chiffrées sur la population carcérale

de manière irrégulière

L’administration pénitentiaire dispose d’un système de recensement informatique

oui

Nombre de personnes incarcérées

10 123

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2017
/ Service public fédéral Justice

Au 1er janvier 2017, la population carcérale était de 10 123 personnes (une baisse de 8,3% par rapport à la même période en 2016).

Au 1er janvier 2017, la population carcérale était composée de 55,9% de condamnés, 35,7% de prévenus et 8,4% d’internés psychiatriques.

Entre 1980 et 2014, le nombre de détenus a augmenté, passant de 5 677 à 11 769. Une tendance à la baisse de la population carcérale a été observée depuis lors. Le nombre de prévenus est resté relativement stable. Les populations d’internés et de condamnés sont celles qui ont le plus diminué au cours des cinq dernières années. Cette évolution résulte du fait que l’administration pénitentiaire soustrait de la population des internés les personnes placées dans les nouveaux établissements psychiatriques légaux en Flandre. Cette évolution permet de réduire les peines des personnes condamnées à moins de trois ans.

Taux d'occupation

112 %

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2017
/ Service public fédéral Justice

Le taux d’occupation annuel moyen était d’environ 112 %, mais il a dépassé 114 % de décembre 2016 à juillet 2017, avec un sommet de 117 % au mois de mai.

La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements

oui, en maisons d’arrêt

Celles-ci accueillent sans réserve les personnes placées en détention préventive et les courtes peines.

La Belgique a loué, à partir de 2010, 650 places dans la prison de Tilburg, aux Pays-Bas. Le gouvernement annonce la fin du contrat pour l’année 2016. Le montant du loyer était de 30 millions d’euros par an. Les personnes détenues à la prison de Wortel y étaient transférées. Ce projet s’est avéré un échec. Le CPT dénonce, en 2012, le climat de violence de l’établissement. Le maintien de liens familiaux et la réinsertion étaient mis à mal. Certains prisonniers francophones ou arabophones se retrouvaient isolés dans un environnement presque entièrement néerlandophone.

Ministère(s) en charge de l'administration pénitentiaire

ministère de la Justice

Le nom officiel de l’administration pénitentiaire est la Direction générale des établissements pénitentiaires (DGEPI).

Budget de l'administration pénitentiaire

542 millions d’euros

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2017
/ Service public fédéral Justice

La Cour des comptes produit, en octobre 2017, un rapport relatif notamment à la comptabilité des établissements pénitentiaires. Elle y constate que “le contrôle interne des prisons est insuffisant” au point qu’il n’est pas possible de “différencier un vol d’une perte ou d’une sortie en vue d’une utilisation normale

Pourcentage du budget du/des ministère(s) dédié(s) à l'administration pénitentiaire

0,87 %

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2017
/ Service public fédéral Justice

L’administration délègue à des prestataires privés tout ou partie de la gestion des établissements

oui

L’administration pénitentiaire relève d’un service public fédéral (SPF). Le maillage territorial est conforme à la séparation linguistique du pays. A une direction régionale nord (néerlandophone) correspond une direction régionale sud (francophone). Les personnes détenues sont réparties selon leur langue.

La répartition des compétences entre l’État fédéral et des entités fédérées est source de confusion.

Trois types de régimes, généralement répartis dans différentes ailes d’une même prison, sont appliqués aux personnes détenues :

  • Le régime ouvert : les détenus circulent librement dans l’établissement (Hoogstraten, Ruiselede, Saint-Hubert et Wortel).
  • Le régime fermé : les détenus sont maintenus en cellule. Ils en sont extraits à différentes occasions (parloir, travail, activités). La majorité des établissements sont organisés sous ce régime.
  • Le régime semi-ouvert : il résulte de l’aménagement des deux régimes précédents (Marneffe et Merksplas).

Régimes ouvert et semi-ouvert se révèlent souvent comme une faveur accordée au détenu, qui peut lui être retirée à tout moment.

Les établissements se divisent en deux catégories : les maisons d’arrêt accueillent les personnes prévenues et les maisons de peine, les condamnées. De nombreux établissements hébergent, de fait, les deux populations.

Le service public fédéral Justice annonce 34 établissements pénitentiaires : deux à Bruxelles, 16 en Flandre et 16 en Wallonie. Notre décompte fait apparaître 38 établissements1 :

  • 34 établissements pour hommes – dont :

    • Huit sections pour femmes à l’intérieur de prisons pour hommes
    • Deux sections spéciales pour mineurs dessaisis, à Tongres et Saint-Hubert
  • Un établissement pour femmes, la prison de Berkendael

  • Un établissement de défense sociale (EDS) à Paifve

  • Deux centres de psychiatrie légale, à Gand et Anvers


  1. Le nombre des établissements pénitentiaires peut varier selon les critères de classification. La prison de Forest-Berkendael, à Bruxelles, peut être comptée comme deux établissements dès lors qu’on considère que Berkendael a une entrée indépendante. Ces deux établissements et celui de Saint-Gilles, situés à Bruxelles, sont, depuis peu, administrés par une même direction. Certaines personnes ne comptabilisent qu’un seul établissement. Les établissements de Mons et de Tournai peuvent, selon qui procède au calcul, être compris ou non dans l’effectif. 

Nombre d'établissements

38

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2017

En octobre 2016, la prison de Saint-Gilles, à Bruxelles, est devenue un établissement pour prévenus et la prison de Forest un établissement pour condamnés.

Capacité d'accueil des établissements

9 216

L’administration pénitentiaire déclare 9 687 cellules (2016).

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2017
/ Service public fédéral Justice

Le plus petit établissement, celui de Tongres, comporte 25 cellules et accueille, en moyenne, 21 personnes en 2016. Le plus grand, celui de Lantin, dispose de 694 cellules pour une moyenne de 905 détenus la même année (derniers chiffres publiés).

Les anciennes prisons sont majoritairement situées au cœur des villes. Les nouvelles, construites dans les années quatre-vingt-dix, se situent soit en périphérie des villes, soit en zone rurale. Leur accès est plus difficile pour le personnel, les visiteurs, les familles et les avocats.

Les établissements pénitentiaires sont desservis par les transports en commun

certains établissements

La construction des établissements relève de plusieurs périodes :

  • Dix-huit prisons datent du XVIIIème siècle
  • Douze du XXème siècle
  • Cinq sont construites dans les années 2000
  • Deux centres de psychiatrie légale datent respectivement des années 1850 et 1950.

Le parc immobilier pénitentiaire est soumis, depuis 2008, à des Masterplans successifs. Le ministre de la Justice annonce, le 6 février 2017, un « Masterplan III », avec la construction d’une nouvelle prison (Vresse-sur-Semois), deux maisons de transitions (Verviers et Léopolbourg) et d’extensions (Jamioulx, Ruiselde et Ypres). Le programme prévoit aussi trois nouveaux centres de psychiatrie légale (Wavre, Alost et Paifve), la rénovation de Merkplas. Au programme, l’accroissement par centaines du nombre de places.

Ces nouveaux établissements construits en partenariats public-privé (PPP) présentent des infrastructures contemporaines, bloc toilette-douche séparé, ordinateur et téléphone dans chaque cellule. Ils sont également présentés comme le remède à la surpopulation endémique. La prison de Leuze en Hainaut, ouverte en 2014 et à pleine capacité depuis 2015, affiche, en octobre 2017, un taux d’occupation de 110 %.

Le plus gros projet en cours concerne une méga prison, à Haren, au nord de Bruxelles. Cet établissement devrait compter 1 190 cellules. Son origine est particulièrement trouble. Aucun document n’atteste clairement du choix de la construction d’un tel établissement, encore moins de ses raisons. Les gouvernements successifs exposent être contraints de bâtir cette prison suite à un accord politique de 2008. Il n’en existe pas de trace. Ce projet serait réalisé en PPP. Un consortium d’entreprises construirait les murs et en assurait la maintenance pendant 25 ans. L’Etat commencerait à honorer les loyers à l’entrée du premier détenu. Le coût du projet est évalué, par les associations, à trois milliards d’euros sur 25 ans.

L’opposition à ce projet regroupe tant des collectifs citoyens que des associations et des professionnels de la justice. Les recours introduits sont rejetés à ce jour. La première pierre n’est pas encore posée. Une motion parlementaire sur le financement de cet établissement par le biais d’un PPP, déposée en 2016, n’a toujours pas été examinée en commission justice du Parlement.

Pour en savoir plus, consultez le rapport « Mégaprison de Bruxelles : Genèse d’un crime », publié en octobre 2017.

Évolution du nombre de postes de surveillants

7311

(6 337 équivalents temps plein)

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2017
/ Service public fédéral Justice

Ratio surveillants / détenus

1 : 1.6

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2017
/ Service public fédéral Justice

Nombre des personnels socio-éducatifs (ETP)

161

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2017
/ Service public fédéral Justice

Le personnel pénitentiaire est représenté par un/des syndicat(s)

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Aucun service minimum n’est prévu en cas de grève. Les services de police, voire l’armée, sont sollicités pour assurer la sécurité et le service des personnes détenues. Ils ne sont pas formés aux impératifs du système carcéral. Des nombreux cas de violences verbales et physiques à l’encontre des personnes détenues sont recensés à ces occasions.

Plusieurs tribunaux de première instance ainsi que la Cour d’appel de Bruxelles ordonnent à l’État belge de mettre en place un service minimum tel que proposé par le CPT depuis de nombreuses années. Un avant-projet de loi est, depuis fin 2017, à l’étude. Il n’offre pas des garanties aussi précises que celles demandées par le CPT.

  • -

    Un mouvement de grève, tel que celui de 2016, n’a pas lieu en 2017. Les mouvements d’humeurs sont néanmoins réguliers. Les agents pratiquent la grève du zèle durant quelques jours et de nombreuses activités sont supprimées sans préavis (notamment la prison d’Ittre à la veille de Noël 2017).

    Une importante grève du personnel pénitentiaire francophone a lieu de fin avril à juin 2016. Le Comité pour la prévention de la torture (CPT) se rend en Belgique à cette période. Il observe, dans son rapport publié en juillet 2017 : « Les autorités ont dû faire appel aux forces armées pour suppléer à l’absence de personnel. Les violations des droits auxquels cette situation a donné lieu sont nombreuses : confinement quasi-permanent des détenus en cellule dans des conditions considérées comme étant déjà intolérables, perturbations majeures dans la distribution de leurs repas, forte dégradation de leurs conditions d’hygiène personnelle et des conditions d’hygiène dans les cellules, fréquente annulation des promenades quotidiennes, sérieuses restrictions quant à leur accès aux soins de santé et quasi-rupture de leurs contacts avec le monde extérieur (y compris avec des avocats) »1.

La formation des agents pénitentiaires dure 13 semaines. Elle est composée de cours théoriques et de stages sur le terrain. La formation se dispense au Centre de formation du personnel pénitentiaire, à Marneffe. Aucun diplôme n’est requis pour entamer la formation. Il faut être âgé d’au moins 20 ans et de nationalité belge. Des stagiaires sont parfois placés en situation professionnelle pour pallier au manque de personnels.