Populations spécifiques

Femmes incarcérées

4,3 % (439)
i
2017
/ Service public fédéral Justice

Évolution du nombre des femmes incarcérées

une augmentation

La population carcérale féminine a légèrement augmenté au fil des ans. En janvier 2017, elle a atteint un sommet de 439 (4,33 % du total). L’administration ne publie pas de chiffres spécifiques concernant cette population carcérale.

Les lieux qui accueillent les femmes détenues sont de plusieurs ordres :

  • établissements exclusivement dédiés (1)
  • quartiers dédiés (8)

Les femmes sont accueillies dans des sections spéciales de huit établissements pour hommes. Seul un établissement est exclusivement dédié aux femmes, la prison de Berkendael, à Bruxelles.

Les sections pour femmes fonctionnent globalement mieux que celles des hommes. Elles ont un régime de détention plus ouvert. Les repas sont, par exemple, pris en commun.

  • La dernière section pour femmes ouvre, en 2016, à la prison de Hoogstraten.

La séparation entre les hommes et les femmes est effective

oui

La séparation entre hommes et femmes est, dans la plupart des prisons, stricte. Dans certains établissements, comme à Marche-en-Famenne, des activités mixtes sont organisées, y compris des visites hors surveillance entre personnes détenues.

Les femmes sont parfois les « oubliées » du système pénitentiaire : il arrive fréquemment qu’elles aient moins d’accès au travail, aux loisirs et aux activités. Elles ne bénéficient pas non plus de certaines modalités de détention proposées aux hommes telles que la semi-détention (journée dehors et nuit en prison).

Les visites conjugales sont autorisées pour les femmes

oui

Les femmes enceintes sont placées dans des quartiers ou des cellules spécifiques

non

Des femmes enceintes sont régulièrement écrouées. Leur état de grossesse est rarement pris en considération. Il arrive fréquemment qu’une femme enceinte doive partager sa cellule avec une codétenue fumeuse.

Les femmes enceintes ont accès aux soins prénataux

oui

Les détenues sont accompagnées, pendant leur grossesse, par une travailleuse médico-sociale de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Elles sont également suivies par une kinésithérapeute, une gynécologue et une sage-femme.

L’accouchement a lieu

  • dans un établissement de soins extérieur
  • au sein de l’établissement pénitentiaire

Les femmes sont généralement envoyées à l’hôpital en cas d’urgence.

  • Les détenues de la prison de Berkendael (Bruxelles) peuvent accoucher, depuis le mois de janvier 2017, dans un hôpital civil.

L'usage de moyens de contention est proscrit durant le travail et l'accouchement

oui

Elles ne sont, depuis 2005, plus menottées durant l’accouchement. Elles séjournent à l’hôpital entre trois et cinq jours. Aucune présence familiale n’est tolérée lors de l’accouchement. Le père est avisé par téléphone ou par courrier.

Les mères sont autorisées garder leur enfant auprès d’elles

oui, jusqu’à l’âge de 3 ans

Les enfants nés en détention peuvent être laissés à la garde de leur mère jusqu’à l’âge de trois ans. La plupart ont, dans les faits, moins d’un an. Lorsque la limite d’âge est atteinte, l’enfant est recueilli chez un membre de sa famille ou placé dans une famille d’accueil ou en institution.

Le maintien des liens familiaux dépend alors des modes de contact autorisés par la prison, ainsi que de la possibilité pour les enfants de rendre visite à leur mère incarcérée. Les bénévoles du service Itinérance de la Croix-Rouge assurent cette mission en accompagnant les enfants de leur domicile à la prison. Les visites familiales sont organisées par le Relais Enfants-Parents à Bruxelles et en Wallonie.

  • Dix enfants séjourneraient, en janvier 2017, auprès de leur mère en prison.

Les prisons de Berkendael, Lantin et Bruges disposent de cellules spécialement prévues pour accueillir les mères et leurs nourrissons. Lorsque ces cellules sont utilisées, l’enfant et la mère en « surnombre » occupent une cellule normale, équipée temporairement pour cet accueil. Elle peut être parfois partagée avec une autre mère et son enfant.

  • La situation est fréquente à la prison de Berkendael qui ne compte que deux nurseries, prévues pour deux enfants. Elle accueille, en 2017, cinq nourrissons simultanément. Lantin comporte quatre chambres-nurseries, rarement toutes occupées.

La reconnaissance des enfants nés en détention est difficile. Elle requiert des démarches administratives quasi impossibles à mettre en œuvre pour les mères sans l’aide d’un travailleur social. Le bénéfice de droits sociaux (prime de naissance ou allocations familiales) n’est pas clairement établi pour les mères qui donnent naissance en détention. L’accès à l’information est difficile. La répartition des compétences entre l’État fédéral et des entités fédérées est source de confusion.

La loi interdit l'incarcération des mineurs

non

Âge à partir duquel un mineur peut être incarcéré

14 ans

Un enfant peut être placé dans une Institution publique pour la protection de la jeunesse (IPPJ) à partir de 12 ans, et en régime fermé à partir de 14 ans.

Mineurs incarcérés

-

En Flandre, sous certaines conditions, les mineurs en danger peuvent être placés en régime fermé.

Les statistiques relatives aux mineurs dans le système judiciaire flamand ne sont pas disponibles.

Ministère en charge des mineurs infracteurs

l’administration générale de l’aide à la jeunesse (AGAJ), en Wallonie, et l’agence Jongerenwelzijn, en Flandre.

Les mineurs incarcérés sont répartis en plusieurs catégories : les mineurs dits « dessaisis » pour qui le Code pénal s’applique, les mineurs relevant de la protection de la jeunesse et les mineurs étrangers non accompagnés (MENA).

Les jeunes étrangers non accompagnés, suspectés d’avoir commis des infractions, font l’objet d’un test osseux pour déterminer leur âge. La fiabilité de ces tests et leur interprétation sont contestées.

Les mineurs dessaisis sont des jeunes de 16 ans ou plus pour lesquels le juge de la Jeunesse estime qu’il convient d’appliquer la législation des majeurs.

  • Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies considère que le dessaisissement est une mesure contraire à leurs droits. Un avant-projet de décret du ministre francophone de l’aide à la jeunesse propose d’en limiter l’usage (l’avant-projet a été approuvé par le gouvernement en janvier 2018 et doit faire l’objet d’un vote au Parlement).

Le régime peut être ouvert ou fermé. Le tribunal doit privilégier le régime ouvert.

Les IPPJ organisent 11 types de prises en charge, déclinées en 19 projets pédagogiques. Les différents régimes pratiques en sections fermées sont les suivants : l’observation et l’évaluation, l’observation et l’orientation, l’observation et le développement émotionnel et relationnel, l’individualisation et enfin l’éducation en régime fermé. Une réforme est actuellement en cours en vue d’harmoniser les projets pédagogiques dans la perspective d’offrir un continuum pédagogique.

Les établissements dédiés aux enfants ont pour nom Institutions publiques pour la protection de la jeunesse (IPPJ).

La Wallonie compte six IPPJ et la Flandre quatre (connus sous le nom de gemeenschapinstellingen - GI). Des services d’appui opèrent également pour assurer le suivi du placement après la sortie.

Les mineurs dessaisis sont, depuis juin 2010, incarcérés dans des sections spéciales des centres fermés de Saint-Hubert (13 places) et de Tongres (16 places).

Les établissements psychiatriques disposent de lits (116 en 2015) pour mineurs dans des unités de traitement intensif.

La publication de données chiffrées relatives aux mineurs est

irrégulière

Les statistiques relatives aux mineurs placés par tribunal de la Jeunesse sont publiées de manière sporadique par l’AGAJ1. Les derniers chiffres, parus en 2013, indiquaient 1 207 prises en charges, pour des garçons, et 247 pour les filles, dont :

  • 264 garçons dessaisis en centre fermé ;
  • 199 garçons en IPPJ régime fermé ;
  • 744 garçons en régime ouvert ;

Pour les 247 filles prises en charges, 13 l’ont été en régime fermé.


  1. Les statistiques relatives aux mineurs sous main de justice en Flandre ne sont pas disponibles. 

Les mineurs détenus sont séparés des adultes

oui

L’obligation de séparer les mineurs des majeurs n’est, en Belgique, vraiment respectée que depuis 2011.

Les GI proposent quant à elles cinq modules de trajets pédagogiques et thérapeutiques (en régime ouvert ou fermé) : le time out, l’observation, l’accompagnement, le traitement et le trajet résidentiel individualisé.

Le Délégué général aux droits de l’enfant (DGDE) et le Kinderrechtencommisaris (KRC), ombudsmans en droits de l’enfant, contrôlent les lieux d’enfermement pour mineurs. Une « Commisie Van Toezicht » présidée par la KRC est créée, en Flandre, en janvier 2017. Elle entre en fonction en septembre. Elle a compétence sur les GI et sur le centre fermé de Tongres. Une commission de surveillance similaire devrait entrer en fonction, en Wallonie, en janvier 2019. Elle aura compétence sur les IPPJ et le centre fermé.

Nombre et pourcentage de détenus étrangers

43,8 % (4 430)
i
2017
/ Service public fédéral Justice

Évolution du nombre de détenus étrangers

une diminution de 0.5%

Des ressortissants de 130 pays sont comptabilisés. Parmi eux, 9.7 % sont Marocains, 5.3 % Algériens, 3.3 % Roumains, 3.1% Hollandais, 2.1 % Français, 1.8 % Albanais, 1.4 % Italiens, 1.2 % Turcs, 1.1 % Tunisiens et 2.2 % pour l’ensemble des ressortissants des pays de l’ex-Yougoslavie.

Le règlement intérieur fait l'objet de traductions

non

Les personnes détenues étrangères ont accès à un interprète professionnel

dans certains cas

Les détenus étrangers bénéficient d’un interprète devant la police et devant les juges mais rarement au sein de la prison. De nombreux manquements sont signalés lors des entretiens avec le service psychosocial.

Les personnes détenues étrangères bénéficient de l'aide juridictionnelle

oui

Le séjour illégal est puni de trois mois d’emprisonnement et six mois en cas de récidive. La Cour de cassation interdit cependant de prononcer une peine d’emprisonnement sur la seule base du séjour illégal.

Les personnes détenues étrangères sont autorisées, à l’issue d’une peine de prison, à demeurer sur le territoire national

oui

Les autorités belges peuvent retirer le permis de séjour à un étranger purgeant sa peine en Belgique et prononcer une interdiction du territoire (parfois appelé bannissement ou double peine).

Une loi, votée en février 2017, présentée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, autorise désormais le retrait de séjour de tous les étrangers pour un motif d’ordre public ou de sécurité nationale. Des résidents de longue durée peuvent, même s’ils sont nés en Belgique, perdre leur droit de séjour pour des infractions mineures et/ou très anciennes.

  • Un jeune homme d’une vingtaine d’années est condamné, en 2017, à plusieurs mois de prison pour conduite sans permis. Il a grandi à Anderlecht et est devenu père récemment. Toute sa famille vit en Belgique. Il reçoit l’ordre de quitter le territoire pour le Maroc où il n’a jamais vécu.

    Le cas d’un ressortissant turc, accusé d’appartenir à une organisation terroriste, est signalé par une association en novembre 2017. Il est rapidement extradé vers l’Allemagne, en application d’un mandat d’arrêt européen.

L’Office des étrangers obtient, sur la base de la loi de 2017, la liste de tous les détenus en séjour légal et procède, pour chacun d’eux, à une réévaluation de leur situation. Celle-ci peut mener à une déchéance du droit de séjour. La crainte que cette déchéance soit systématique est grande.

-

  • La Cour constitutionnelle annule, le 21 décembre 2017, les dispositions d’une loi du 5 février 2016 prévoyant que les étrangers en séjour illégal ne pouvaient plus bénéficier d’aménagements de peine et ne pouvaient être libérés que pour être remis à l’Office des étrangers en vue de leur expulsion.

Des établissements spécifiques sont dédiés aux personnes exécutant une longue peine

oui

La construction d’un établissement destiné à accueillir des personnes exécutant des longues peines, à Alost, est annoncée en février 2017. Ce projet fait partie du Masterplan III (voir « Parc immobilier »).

La peine à perpétuité est proscrite

non

Cette peine n’est pas applicable aux mineurs de 18 ans au moment de l’infraction.

Nombre et pourcentage de personnes effectuant une peine à perpétuité

2,1 % (208)
i
2017
/ Service public fédéral Justice

Évolution du nombre de personnes effectuant une peine à perpétuité

une augmentation de 1.4%

par rapport à 2014

Une libération conditionnelle ne peut être octroyée avant l’exécution d’au moins 15 ans de la peine. Cette durée peut atteindre 23 ans pour toute infraction criminelle en récidive. Le tribunal de l’application des peines est l’instance chargée d’examiner les demandes de libération conditionnelle des personnes condamnées à la peine perpétuelle.

-

  • Van Den Bleeken, âgé de 50 ans, exécute une peine à perpétuité depuis 1989. Il demande à bénéficier d’une mort assistée en 2014. Sa demande est acceptée mais les médecins refusent, peu avant l’acte, sa mise en œuvre. Le prisonnier est finalement transféré à la prison psychiatrique de Gand. Son cas met en lumière les déficiences de prise en charge de troubles mentaux dans les prisons belges.

    Quinze autres prisonniers ont auparavant introduit des demandes de mort assistée.

    Une personne détenue est effectivement euthanasiée en Belgique. Sa demande était motivée par la phase terminale de sa maladie.

Pourcentage de personnes en détention provisoire

35,7 %

i
2017
/ Service public fédéral Justice

Le nombre élevé de prévenus rappelle que cette forme de détention a du mal à devenir le dernier recours en matière de contrôle judiciaire avant procès.

L'appartenance à une minorité ou à un peuple autochtone est un critère d'affectation dans une cellule ou dans un quartier

non

Il est tenu compte des besoins spécifiques des personnes détenues en matière de

  • religion
  • régime alimentaire

La poursuite et/ou l'incarcération d'une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre est interdite

oui

L’administration tente, en principe, de bâtir un régime de détention le plus adapté possible pour elles.

L'affectation des personnes transgenres dans un établissement dépend de

leur sexe biologique

Les personnes transgenres bénéficient d'une prise en charge médicale spécifique

-

  • L’Observatoire international des prisons – section belge (OIP-SB) informe, pour la période 2013-2014, qu’une personne née de sexe masculin arrête, durant sa détention, son traitement de transition, trouvant le suivi trop difficile dans les conditions de la détention. Elle est autorisée à porter des vêtements féminins uniquement en cellule.

Les personnes LGBTQI+ ont accès aux visites conjugales

oui

Nombre et pourcentage de personnes âgées

4,4 % (447)
i
2017
/ Service public fédéral Justice

Les personnes âgées réclament une plus grande vigilance de la part du personnel pénitentiaire et une plus grande offre de soin. Aucun quartier ne leur est exclusivement réservé. Les espaces ne sont pas aménagés pour faciliter l’accès aux lits, aux douches, aux préaux ou le passage d’un fauteuil roulant. La nourriture n’est pas adaptée aux personnes édentées.

Les directions des prisons sont tenues de prendre des mesures au cas par cas, en fonction des nécessités de la personne âgée. L’équipe médicale, surchargée le plus souvent, ne peut répondre correctement à leurs besoins spécifiques. Des mesures sont prises lorsque l’état du patient se détériore.

  • Les prises en charge rapides et intégrales sont rares. L’OIP-SB rapporte, en 2017, celle d’un détenu de plus de 90 ans. Il est pris en charge au centre médico chirurgical (CMC) de la prison de Saint-Gilles afin de bénéficier de soins adaptés et d’une plus grande attention. Il est ensuite rapidement transféré en maison de repos et de soins.

Les personnes âgées peuvent bénéficier d’une libération anticipée pour raison de santé. Les libérations conditionnelles sont soumises à des critères difficiles d’accès pour une personne ayant exécuté une longue peine : trouver une occupation, un logement et des moyens de subsistance. Certains prisonniers ne pourront, en pratique, jamais sortir de prison et mourir dignement.

La peine de mort est abolie

oui, depuis 1996

Elle n’était plus appliquée depuis 1950.