Contributeur(s)Community Justice Coalition

Le quotidien

Les cellules doivent avoir des fenêtres suffisamment larges pour permettre à la lumière naturelle de passer. Le détenu doit avoir accès à des conditions sanitaires adéquates.

Les détenus passent par un processus d’évaluation et se voient attribuer une cellule individuelle, une cellule ou une « pièce » (sorte de petit studio) partagée. Un soin particulier doit être pris lors de l’attribution pour éviter les intimidations ou le harcèlement par les codétenus.

La surpopulation carcérale ne permet pas de respecter ces principes de base. Des lits supplémentaires sont régulièrement ajoutés aux cellules, ce qui réduit l’espace disponible par prisonnier.

Tous les prisonniers doivent avoir un lit séparé et une literie convenable. La literie inclut le matelas, qui doit être propre quand il est donné aux prisonniers, gardé en bon état et renouvelé suffisamment fréquemment pour en garantir la propreté. Tous les prisonniers doivent avoir un accès continu à l’eau potable.

Les standards minimums exigent que les prisonniers aient un accès continu à l’eau potable et une nourriture adéquate pour garantir leur santé.

La majorité des prisonniers sont insatisfaits de la qualité et de la quantité de nourriture en prison. Les plaintes concernent le goût, la texture et l’apparence de la nourriture, le manque de choix et la qualité des produits. Les portions servies représentent généralement entre 600 et 700g par détenu. Les hommes en particulier estiment que cela ne leur suffit pas.

Tous les prisonniers peuvent acheter de la nourriture supplémentaire chaque semaine, avec une limite de dépenses. Les visiteurs ne peuvent pas amener de nourriture dans les prisons pour des raisons de sécurité.
Des critiques ont été formulées concernant l’absence de réfrigération efficace pour stocker les denrées achetées, ainsi que le vol très fréquent dans les réfrigérateurs communs. Il en résulte que certains prisonniers stockent de la nourriture dans leur cellule, et ce, souvent de manière inappropriée.

Un régime spécial est prévu pour raisons médicales, religieuses ou pour d’autres raisons (ex : les végétariens).

Les standards minimums exigent que les prisonniers aient accès de manière sécurisé et privé, aux sanitaires de base (douche et toilettes) quotidiennement. Ils doivent être autorisés à recevoir ou acheter des produits d’hygiène de base tels que le savon, les serviettes et la lessive.

Le manque d’hygiène est une des conséquence de la surpopulation carcérale.

L’administration pénitentiaire ne fournit pas de produits d’hygiène spécifiques pour les femmes (serviettes, tampons). Elles doivent acheter les leurs.

Dans l’Etat de Victoria, un rapport du Ombudsman de 2014 révèle que les femmes incarcérées dans des cellules surpeuplées se sont vues fournir des serviettes de toilettes usées, tachées et déchirées.

Les détenus ont accès aux services de santé 24 heures sur 24. Les centres médicaux pénitentiaires emploient des médecins, des infirmières, des travailleurs sociaux et des dentistes.

Selon les sondages, 91% des prisonniers sont confiants sur le fait d’avoir un accès médical en prison quand ils en ont besoin. Le personnel clinique est à l’initiative de la majorité des visites médicales à 64% contre 34% à l’initiative des prisonniers. Tous les prisonniers sont examinés à leur arrivée et traités en cas de maladie. Ils peuvent avoir accès à leurs propres médecins à condition de payer eux-mêmes.

La pratique de la médication forcée est très commune dans les établissements médicaux-judiciaires. Les normes imposent pourtant que les détenus ne soient pas « sujets de recherches médicales ou scientifiques » ou « traités sans leur consentement ». Le groupe Justice Action, une ONG locale, a travaillé avec de nombreux usagers des services de santé mentale qui ont été médicamentés de force dans les établissements médicaux-judiciaires.

Kerry O’Malley représenté par Justice Action, a reçu du Epilim alors même qu’aucun symptôme nécessitant ce traitement ne lui a été diagnostiqué. Le tribunal a donné raison à K. O’Malley.

Plus d’informations détaillées sur la santé des prisonniers en Australie peuvent être trouvées dans le rapport sur la santé des prisonniers en Australie de 2015 (voir pour aller plus loin).

Tous les détenus ont un droit d’accès à une zone ouverte au moins une heure par jour. Ils peuvent bénéficier d’activités sportives et récréatives. De nombreuses activités sont sélectionnées pour aider les prisonniers à se réinsérer.
Par exemple, le programme de l’état de Victoria « programRegroup » est disponible pour tous les prisonniers condamnés et commence 18 mois avant leur libération. Ce programme offre des informations générales ainsi que des services individualisés en fonction de la situation de chaque détenu.

Parmi l’ensemble de la population carcérale éligible, 74.8% des détenus sont employés. Des possibilités de travail multiples leur permettent d’améliorer leurs chances de se réintégrer avec succès la société. Le travail peut se dérouler en prison ou à l’extérieur dans le cadre de programmes surveillés. En prison, il peut inclure l’industrie du lait, la boulangerie, l’agriculture, l’impression, la lessive et l’ingénierie. A l’extérieur, en fonction du risque pour la communauté, il peut inclure l’effacement de graffitis, des tâches de jardinier, de cuisinier et des programmes de confection de peluches.

Les normes relatives à la santé et à la sécurité sont appliquées au travail en prison.

Les prisonniers sont payés pour leur travail. Leur salaire dépend de la complexité de la tâche et du niveau de compétence requis.

Détenus travaillant

74,8 %

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Administration pénitentiaire

Les prisonniers ont accès à des programmes d’éducation et d’amélioration des compétences, en littérature, en mathématiques et à des programmes d’orientation professionnelle. Cet accès dépend de la direction de la prison qui organise l’accès aux ordinateurs et au matériel d’éducation. Les ordinateurs ne sont pas autorisés dans les cellules.

Les services d’éducation des détenus sont de plus en plus externalisés. Le choix est plus grand mais le nombre de professeurs n’est pas suffisant. Les programmes délivrent parfois des compétences éphémères qui ne préparent pas les détenus à une intégration réussie dans le monde du travail.

En Nouvelle-Galles du Sud, le gouvernement a approuvé des cours de littérature, de mathématiques, d’anglais en seconde langue, de technologies de l’information, d’horticulture, d’art et de musique. Des programmes de formations professionnelles sont également disponibles pour les prisonniers. Leur accès est limité depuis le rétablissement de la participation financière des détenus.

Une éducation pertinente est nécessaire pour accroître les compétences des détenus et la probabilité de trouver un emploi à la sortie. Elle permet une réduction de la récidive.

Les prisonniers ont le droit d’avoir accès aux informations du monde extérieur par une variété de médias approuvés par la direction de la prison, principalement des journaux et des magazines. L’accès à la télévision et aux ordinateurs est limité. Il dépend de l’administration pénitentiaire et du niveau de sécurité du prisonnier.

Certains médias tels que le magazine pour prisonniers « Framed » a été interdit dans certains Etats, notamment la Nouvelle-Galles du Sud, depuis 2002. Les services pénitentiaires estiment que les publications appelent à « la dysharmonie et au conflit en prison. La Commission des droits de l’homme australien reagit à cette interdiction qui, selon elle, enfreint la liberté d’expression des prisonniers. L’administration n’est pas revenu sur sa décision suite à cette déclaration.

La communication entre les médias et les prisonniers est interdite d’après la loi pénale de 1982. Justice Action est, en 2015, considéré comme un média. Elle s’est vue refuser d’entrer en contact avec le prisonnier Paul Radford.

Justice Action distribue le journal JUST US dans les prisons et les unités hospitalières sécurisées. L’édition la plus récente du magazine se concentre sur le droit constitutionnel de voter et d’être informé. Justice Action a eu des difficultés pour obtenir la permission de distribuer le journal JUST US dans certains établissements. L’ONG est actuellement en négociation et argue du droit constitutionnel de pouvoir recevoir des informations politiques durant les périodes électorales.

Les prisonniers ont le droit de pratiquer la religion de leur choix. Ils ont le droit de posséder certains objets dans le cadre de leur pratique religieuse.

Des représentants des différents groupes religieux sont présents en prison (les services et visites d’aumôniers dépendent des exigences de sécurité de la prison). Les prisonniers indigènes ont accès à des aînés indigènes ou des dirigeants de leur communauté.

Les croyances personnelles doivent être prises en compte quand le prisonnier est sérieusement malade ou souffre d’un malaise profond. Les repas doivent respecter les préconisations religieuses.

On constate une augmentation des restrictions d’accès aux prisons pour les organisations non-gouvernementales et les groupes communautaires.

Ces restrictions diminuent la visibilité que le public peut avoir sur le fonctionnement des prisons et sur ce qu’il s’y passe. En 2013, le département des services pénitentiaires d’Australie-Occidentale a refusé à Amnesty International l’accès à la prison Hakea, une prison pour adultes qui accueillait des mineurs. Amnesty a demandé un rapport d’investigation sur les mineurs détenus enfermés 23 heures par jour, sans nourriture suffisante, sans accès à l’éducation et sans récréation.

Les ONGs qui apportent une assistance aux détenus sont financés par les services pénitentiaires et sont souvent liés par un contrat. Il leur est demandé de rester silencieux sur les violations constatées dans ces structures.

L’administration pénitentiaire ouvre un compte individuel pour chaque détenu et y dépose l’argent retenu lors de l’arrestation. L’argent qui provient du travail en prison, des membres de la famille, ou les prestations sociales est déposé sur ce même compte. Cet argent n’accumule pas d’intérêts.

Les prisonniers sont autorisés à utiliser cet argent pour téléphoner et faire des achats au magasin de la prison d’articles venant de l’extérieur: nourriture, fournitures, location de télévision, chaussures, cartes de voeux, sous-vêtements, etc.

L’administration pénitentiaire remet l’argent restant au détenu à sa libération.

Les détenus communiquent avec le monde extérieur grâce aux visites, aux appels téléphoniques, au courrier et maintenant aux emails via la plateforme iExpress. iExpress est un outil de communication en ligne pour les prisonniers. Il génère un profil et un service d’email contrôlé par l’ONG Justice Action.

Une interdiction de fumer, imposée aux prisonniers de l’Etat de Victoria, entraine une émeute dans la prison de haute sécurité de Ravenhall le 30 juin 2015.

Les prisonniers ont brandi des bâtons, saccagé des portes et des fenêtres et ont allumé des feux en guise de protestation.

L’une des plus importantes émeutes de la dernière décennie s’est produite dans la prison de Goulburn en Nouvelle-Galles du Sud, en 2014. Une dizaine de prisonniers musulmans, armés d’armes artisanales, ont attaqué des officiers. Le personnel pénitentiaire a usé de gaz lacrymogènes et a bouclé la prison. Le motif de l’émeute n’a pas été confirmé.

Le recours à l’isolement est critiqué. Il peut être imposé à des détenus qui posent peu ou pas de problème de sécurité sans aucune procédure formelle.

En tant que composante du programme appelé « modification du comportement », il peut être imposé par le directeur général pour une période allant jusqu’à 7 jours et ainsi passer outre toute décision judiciaire pour la punition.