Contributeur(s)Community Justice Coalition

L’intégrité physique

L’abolition de la peine de mort en Australie a débuté au Queensland en 1922, puis de manière graduelle dans les différents Etats et territoires. La dernière exécution d’un condamné a eu lieu en 1967 et le gouvernement australien a aboli la peine de mort en 1973.

Il n’y a pas d’études récentes sur le suicide et l’automutilation dans les prisons australiennes. La législation et les pratiques se basent souvent sur des recherches menées à l’étranger.

Le taux de suicide est trois fois plus élevé en prison qu’à l’extérieur : il est établi à 3.9/10 000 concernant les personnes détenues et à 1.25/10 000 concernant la population globale (chiffres de 2012).

L’Australie dénombre 49 décès de détenus entre 2012 et 2013, dont 32 en raison de causes naturelles, 13 en raison d’un suicide et le reste suite à un accident ou à un homicide. Le taux de décès en détention est estimé à 1.1/1 000 prisonniers.

Tracy Brannigan est décédée en prison le 25 février 2013, probablement à la suite d’une overdose. Avant sa mort, elle avait manifesté son mécontentement en raison de son impossibilité d’accéder à un programme d’éducation en prison. Les conditions de sécurité de sa détention avaient eu pour conséquence de l’éloigner de sa famille et de son soutien. Justice Action, un mouvement pour les droits de l’homme dédié aux détenus australiens, estime que la mort de Tracy Brannigan aurait pu être évitée si elle avait pu bénéficier d’une cure de désintoxication, d’une aide sociale, ou d’une cellule où elle aurait été surveillée de manière appropriée pour ne pas pouvoir mettre sa vie en danger.

Selon un rapport de 2015 sur la santé des prisonniers par l’Australian Institut of Health and Welfare, 8% des anciens détenus rapportent avoir été physiquement agressés ou attaqués par des codétenus durant leur emprisonnement.

Michael O’Keefe, alors âgé de 40 ans, détenu au sein de l’établissement pénitentiaire de Mid North Coast à Kempsey, est tombé dans le coma, le 7 avril 2015, après avoir été agressé par un codétenu. Un groupe de jeunes détenus a gravé sur son crâne « EFE » (eye for an eye : « œil pour œil ») alors qu’il était inconscient et lui a versé de l’eau bouillante sur tout le corps.

Pour éviter des codétenus menaçants, certaines personnes n’ont pas d’autres choix que d’être placés à l’isolement. La solitude de l’isolement entrainant des effets négatifs avérés, il est nécessaire de mettre en place d’autres mesures.

Des rapports signalent également l’existence de violence indirecte: les surveillants laissent parfois volontairement les détenus aux mains de gangs rivaux en guise de punition.

En 2015, Michael Quinn, un détenu de la prison de Silverwater dans la Nouvelle-Galles du Sud aurait été agressé par des surveillants après s’être plaint des traitements qui lui avaient été infligés. L’affaire est actuellement en cours.

La maltraitance et la violence entre codétenus ou commises par les surveillants sont probablement sous-évaluées. Très peu rapports existent sur ces questions.

Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a dénoncé à plusieurs reprises le recours à la détention arbitraire en l’Australie. Ce pays a incarcéré des milliers de demandeurs d’asile, et depuis quelques années, un grand nombre de réfugiés statutaires.

Les Nations unies ont recensé des irrégularités dans 51 cas d’incarcération de réfugiés. C’est plus que dans n’importe quel autre pays. Plus récemment, le comité des droits de l’Homme des Nations unies a découvert que cinq réfugiés détenus illégalement entre 2009 et 2015 avaient enduré une détention arbitraire indéterminée dans des conditions inadéquates. On estime actuellement qu’entre 6 et 10 prisonniers sont toujours détenus dans des conditions arbitraires.

Les personnes ayant des problèmes de santé mentale peuvent être hospitalisées d’office si leur santé ou leur sécurité est menacée, si elles représentent un risque pour autrui ou s’il n’y a pas de traitement alternatif. Les Nations unies recommandent que ces admissions sans consentement initial soient circonscrite à une « courte durée », dans l’attente d’un avis externe. La plupart des juridictions australiennes ne suit pas ces recommandations. L’utilisation de la contrainte a prouvé avoir pour effet d’augmenter le niveau des troubles mentaux des détenus.