Populations spécifiques

La population carcérale indonésienne s’élève à 210 682 personnes détenues au 1er mars 2017.

Elle augmente de 75% entre 2010 et 2016 (passant de 117 863 personnes détenues en 2010 à 214 675 en 2016). Ce sont 12 000 personnes supplémentaires qui sont privées de liberté entre janvier et mars 2017. La réforme du code pénal de 2015, introduisant 433 nouvelles infractions liées au trafic et à la consommation de stupéfiants, concourt à cette augmentation.

Le taux d’occupation est estimé à 175% au 1er mars 2017. Il est le troisième plus élevé de la région d’Asie du sud-est après les Philippines et le Cambodge.

Certaines prisons sont plus surpeuplées que d’autres. Le taux d’occupation dépasse 660% dans certaines prisons, selon l’Institut de criminologie pour la réforme de la justice (ICJR).

Un taux d’occupation de 337% est signalé, en 2017, à la prison de de Kerobokan. Elle accueille 1 412 prisonniers pour une capacité de 323 places.

La surpopulation contribue au non-respect de la séparation entre les prévenues et les condamnées. Les personnes en attente de jugement représentent 31.5% de la population carcérale.

Le taux d’incarcération demeure relativement bas – le neuvième d’Asie du sud-est— malgré l’importante augmentation de la population carcérale. Il est estimé à 81 personnes détenues pour 100 000 habitants en mars 2017.

Prévenus

31,8 %

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30/06/2017
/ World Prison Brief

Les femmes sont au nombre de 9,844 au début de l’année 2016 soit 5.5 % de la population carcérale.

Les femmes sont, pour la plupart, détenues dans des établissements dédiés.

Dans les prisons accueillant des hommes et des femmes, ces dernières sont placées dans des quartiers spécifiques. La surpopulation est une difficulté majeure même si elle reste moins importante que dans les quartiers où sont détenus les hommes. Le quartier pour femmes de la prison de Kerobokan affiche un taux d’occupation de 270%. Il est estimé à 337% pour l’ensemble de l’établissement. Les femmes n’ont pas toujours accès aux mêmes commodités que les hommes, notamment en terme d’installation sportive.

Les besoins spécifiques des femmes ne sont pas pris en charge. Elles ont un accès limité aux serviettes hygiéniques et à la contraception. Les femmes enceintes accouchent en prison et peuvent garder leur enfant avec elles jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de six mois.

La prison de Sukun (Java est) est réservée exclusivement aux femmes. Elle abrite 160 femmes qui purgent de longues peines ou sont condamnées à la peine de mort. Les femmes reçoivent deux uniformes bleus par an. Elles doivent le porter à tout moment, sauf durant les offices religieux. Les détenues sont réveillées à 5h du matin afin de suivre une heure d’office religieux, suivi d’une heure de sport. Les détenues retournent dans leur cellule à 18h, et l’extinction des feux se fait à 21h. Elles peuvent lire, coudre, coiffer, broder ou regarder la TV durant leur temps libre.

Dans la prison pour femme de Sukun, les détenues peuvent suivre des cours d’alphabétisation, des cours de morale ou de religion, et travailler dans des ateliers.

Femmes détenues

5,5 %

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31/01/2016
/ World Prison Brief

Les enfants doivent, selon la loi, être placés dans des centres de détention pour mineurs. Dans les faits, 700 enfants sont détenus avec les majeurs, en 2015, soit environ 18 % des mineurs incarcérés.

La Loi de droit pénal pour les mineurs, entrée en vigueur en août 2014, augmente l’âge de la responsabilité pénale. Elle passe de 8 à 14 ans. L’emprisonnement doit être le dernier recours. Les alternatives à l’emprisonnement sont également encouragées, telle que la possibilité de faire des travaux d’intérêt général (Rapport Annuel de l’UNICEF sur l’Indonésie 2014).

Un enfant ne peut purger une peine que si le tribunal détermine qu’il peut faire la différence entre le bien et le mal. Les enfants ayant commis des crimes punis par la peine capitale sont punis d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans au maximum.

L’établissement correctionnel de Kebonwaru ne possède aucune installation dédiée à la formation des enfants. Ces derniers abandonnent souvent l’école. La prison de Tanjung Gusta, qui abrite également des adultes, propose certaines activités spécifiques : couture, peinture, sports, maçonnerie. Une bibliothèque est présente dans l’établissement.

L’établissement correctionnel de Kutoarjo est spécifiquement dédié aux enfants. En 2015, 60 enfants y sont incarcérés, dont une fille. Les enfants y apprennent la cuisine, peuvent former des groupes de musique, peindre, coudre, pratiquer des activités sportives et suivre des cours.

Mineurs détenus

3,2 %

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31/08/2014
/ World Prison Brief

Étrangers détenus

0,6 %

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31/01/2016
/ World Prison Brief

La plupart des prisonniers d’opinion proviennent de minorités, telles que les Papous ou les Moluquois. La plupart d’entre eux sont incarcérés pour des raisons religieuses ou pour leur implication dans des mouvements indépendantistes.

Au moins 51 personnes sont emprisonnées pour “rébellion” (makar, selon le code pénal indonésien) en août 2015, en Papouasie. Certains d’entre elles signalent des abus et des violences. Sur l’archipel des Moluques, 29 Moluquois sont placés en détention pour avoir brandi des symboles d’indépendance.

La province d’Aceh est la seule des 34 provinces d’Indonésie à appliquer la Charia. Le nouveau code pénal d’Aceh est en vigueur depuis septembre 2015. Six membres de Gafatar, mouvement culturel national accusé d’être “déviant” selon les organisations islamiques, sont arrêtés, en janvier 2016, pour insulte à la religion. Ahmad Mushaddeq, Andry Cahya et Mahful Muis Tumanurung, anciens dirigeants du mouvement religieux Gafatar, dissout de force, sont arrêtés, en mai 2016, et inculpés de “blasphème” et de “rébellion”. Ils font l’objet de poursuites pour exercice de convictions religieuses. Le responsable du groupe est condamné à quatre ans de prison.

Le prisonnier d’opinion Filep Karma est libéré le 19 novembre 2015 après dix ans d’enfermement, à la suite de 65 000 messages de soutien envoyés par des sympathisants du monde entier.

Johan Teterissa, prisonnier d’opinion, Moluquois, se voit refuser l’accès à des soins médicaux en décembre 2015, après avoir signalé de fortes douleurs aux jambes. Il est incarcéré dans la prison de Batu où il purge une peine de 15 ans d’emprisonnement. Il fait partie d’un groupe de neuf prisonniers d’opinion Moluquois détenus à plus de 2500 km de leur famille et amis.

Yanto Awerkion et Sem Ukago, des militants politiques papous de Timika, sont inculpés, en juillet 2016, pour “rébellion”.

Steven Itlay, prisonnier politique papou et dirigeant de la section Timika du Comité national de Papouasie occidentale (KNPB), est arrêté le 5 avril 2016 pour avoir participé à une prière commune dans l’arrière-cour de l’église GKII Jemaat Gologota, dans le village d’Utikini (district de Kuala Kencana, province de Papouasie). Selon Amnesty International, la police du sous-district limite la durée des visites des membres de sa famille à 10 minutes. Les conversations sont surveillées et la police leur interdit de parler le dialecte local. Steven reçoit deux repas par jour, constitués de riz ou de nouilles instantanées. Il risque l’emprisonnement à perpetuité.

Un militant de l’île de Ternate, dans les Moluques du Nord, est inculpé pour “rébellion” (makar). Il lui est reproché une publication sur Internet de la photo d’un t-shirt avec une représentation satirique de la faucille et du marteau.

Au moins 38 prisonniers d’opinion sont toujours incarcérés fin 2016.