Contributeur(s)Observatoire International des Prisons - section tchadienne

L’intégrité physique

Aucune exécution n’a lieu entre 2003 et 2015. Le Parlement a aboli la peine de mort en 2014. Une loi antiterroriste la réintroduit en juillet 2015.   

Deux doubles attentats-suicides, perpétrés par le mouvement Boko Haram en juin et juillet à N’Djamena, font 53 morts et 181 blessés. Dix membres du grooupe sont arrêtés. Les audiences sont tenues sécrètes et se déroulent en huit jours. Les dix personnes sont exécutées le 29 août, le lendemain de leur condamnation à mort. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires condamne les faits : le procès n’a pas respecté les standards internationaux relatifs aux droits humains.

Nombre d’exécutions capitales

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29/08/2015

Le nombre de décès et leurs causes ne sont pas enregistrés. Les suicides sont rares.   

Des homicides ou des actes de tortures sont perpétrés par des surveillants. Amnesty International, dans son rapport de 2012, dénonce les homicides résultant de la répression des émeutes dans les prisons. Ces décès ne font pas l’objet d’enquêtes par une autorité compétente.   

Les conditions d’hygiène et de soins sont défaillantes. Des détenus atteints par le VIH/Sida, atteints de tuberculose ou de maladies sexuellement transmissibles (MST) décèdent quotidiennement dans les prisons.

La torture et les traitements inhumains et dégradants sont fréquents en détention. Les auteurs ne sont que rarement poursuivis. Le personnel pénitentiaire n’est pas formé au respect des droits humains. Les médecins manquent de formation pour détecter les signes de tortures ou de mauvais traitements.   

La surpopulation et les conditions de détention délétères (nourriture, ventilation, hygiène, soins et eau potable insuffisants) constituent un traitement inhumain et dégradant pour le Comité contre la torture.   

Les détenus jugés difficiles sont souvent placés à l’isolement ou enchaînés par les pieds pendant de longues périodes, jour et nuit. Des actes de tortures et des homicides sont perpétrés à l’intérieur de ces cellules : selon la section tchadienne de l’OIP, des prisonniers sont frappés avec des tessons de bouteille ou tenus d’ingurgiter des mélanges de sable et d’essence. Les surveillants pratiquent une forme de torture du nom d’Arbatachar qui consiste à attacher les bras du prisonnier à ses chevilles, derriere le dos. Cette pratique peut engendrer une paralysie, des blessures voire la gangrène.    
Des gangs (nommés “les Colombiens”) opèrent dans les prisons. Ils abusent des prisonniers. Aucune plainte de détenus n’est formulée par peur de représailles. La section tchadienne de l’OIP dénonce la pratique du “passage aux urines” des nouveaux arrivants : leur tête est introduite dans un seaux contenant des urines et des excréments. Payer le surveillant (ou le gang) permet d’y échapper.   

Les femmes et les mineurs devant partager les espaces communs avec les hommes, sont victimes de viols et d’actes de violence.

Les détentions arbitraires sont courantes au Tchad depuis des décennies.   

Stéphane Mbaïrabé, journaliste et directeur de la publication Le haut parleur, publie, en septembre, un article dénonçant les pratiques corrompues du directeur général des douanes Salay Deby, frère du président de la République. Il est arrêté, le 2 octobre, sans mandat, pour la deuxième fois en un an. Il est conduit au commissariat central de N’Djamena. Menotté, les yeux bandés, il est passé à tabac afin qu’il révèle les sources de l’article. L’arrestation est relayée dans plusieurs médias et dénoncée par Reporters sans frontières (RSF) et par la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH). Stéphane Mbaïrabé est poursuivi pour diffamation, alors que Salay Deby est limogé et poursuivi en justice pour corruption.