Contributeur(s)Prison Insider, Bureau des droits humains en Haïti

Le système pénitentiaire

Il existe, en février 2016, 17 établissements pénitentiaires et cinq autres sont en construction : les prisons de Cabaret, Fort Liberté, Gonaïves, Hinche et Petit Goâve. Les commissariats d’Aquin, de Gonaïves, de Miragoâne et de Peitt goâve servent de prisons de facto1.

Seules les prisons les plus récentes, construites suite au tremblement de terre par des acteurs étrangers, respectent les normes internationales en termes d’espace par prisonnier, soit 4.5 m² par personne. Les établissements anciens comptent une place pour 2.5 m². Cela fausse le calcul de la capacité du parc pénitentiaire. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) indique, dans un rapport d’octobre 2014, une superficie de 5 891,74 m² pour l’ensemble de l’espace de détention des 17 prisons. Cela se traduit par 1 309 places au regard des normes internationales. Elles sont partagées, à la même date, par 10 430 prisonniers. Gustavo Gallon, expert indépendant des Nations unies, indique, en octobre 2016, une capacité de près de 4 000 places.

Le RNDDH visite, en 2014, 16 des 17 prisons. Il rapporte que six d’entre elles sont dans un état “complètement délabré”. Trois sont en mauvais état. Plusieurs disposent de simples toits en tôle. Le pénitencier national, par exemple, date des années 30. Il est décrit, en 2014, par le Evening Standard, comme bon pour la démolition. Les établissements ont souffert, en 2010, du tremblement de terre. L’Etat ne se charge pas efficacement de leur rénovation.

Le RNDDH reproche à l’Etat de ne pas investir dans la création de prisons respectueuses des normes internationales. Ce dernier confie la construction et le réaménagement des établissements à des investisseurs étrangers.

La prison de Croix des Bouquets est reconstruite par le Canada. Elle est inaugurée le 28 octobre 2012. Le montant du projet est de six millions de dollars. Il se veut un modèle de respect des normes internationales. Une évasion massive y a lieu, en août 2014. La complicité des gardiens, formés par le Canada, y est discutée. L’établissement était surpeuplé au moment de l’évasion 2.

Les Etats-Unis construisent la nouvelle prison pour femmes de Cabaret, ouverte le 28 janvier 2016. Le projet doit offrir un environnement de détention plus humain et plus propice à la réinsertion. Les conditions de détention y sont critiquées, notamment l’absence d’eau potable et le manque d’intimité (voir Femmes).

La nouvelle prison de Fort Liberté, ouverte en août 2016, est également une construction des Etats-Unis. Ce projet représente huit millions de dollars. Il s’agit d’une prison de haute sécurité destinée aux longues peines. Elle accueille entre 500 et 600 prisonniers sur 2 582 m², en conformité avec les normes internationales. Tous sont des hommes condamnés. L’établissement s’ajoute à celui préexistant à Fort Liberté, qui continue à accueillir les femmes et les prévenus. Il dispose d’un approvisionnement autonome en eau potable et d’un système d’électricité solaire3.

La prison de Hinche ouvre le 30 janvier 2017. Elle peut accueillir 250 prisonniers sur 2 329 m². Il s’agit d’un projet de l’Etat haïtien débuté en 2008 et stoppé en 2010, lors du tremblement de terre. La construction aboutit grâce au financement des Etats-Unis et des Nations unies. Son coût total est de 64 millions de gourdes, soit plus de 900 000 dollars.


  1. Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Rapport annuel 2014/2015, février 2016 

  2. 329 détenus s’évadent d’une prison “canadienne”” dans LaPresse.ca, 12 août 2014 

  3. Une prison de haute sécurité et standardisée inaugurée à Fort Liberté” dans Radio Télévision Caraïbes, 26 août 2016 

Le personnel est en sous-effectif extrême. Le quotidien des prisonniers en est affecté. Ils ne peuvent pas bénéficier de certaines sorties ou de certains lieux en raison du manque de surveillance. Les gardiens sont peu formés à gérer les émeutes.

Une quarantaine d’agents sont présents quotidiennement, en janvier 2017, La ratio est ainsi de un agent pour 113 prisonniers, indique le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Les normes internationales préconisent un agent pour quatre prisonniers.

Des soupçons de complicité portent souvent sur les gardiens lors des évasions.