Santé

Ministère de tutelle

ministère de la Justice

Le personnel médical demande, depuis de nombreuses années, un transfert de compétence vers le Service public fédéral Santé publique. Le projet est à l’étude, selon les responsables politiques.

Une unité de soins est présente au sein de chaque établissement

oui

Certains établissements sont dotés d’un centre médico-chirurgical où s’effectuent des examens et des interventions.

Nombre de personnels de santé (ETP)

161

(équivalent temps plein)

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2018
/ Service public fédéral Justice

Les soins relevant de la médecine générale et de la médecine spécialisée sont généralement dispensés dans les établissements pénitentiaires.
Les équipes médicales sont insuffisantes en nombre et en compétences. L’absence de spécialistes est obervée partout : kinésithérapeutes, dentistes, ophtalmologues, dermatologues. L’équipe médicale se compose, le plus souvent, d’infirmiers. La garde médicale est réservée généralement à la journée.
L’insuffisance de personnel médical est un problème majeur. Un médecin doit parfois examiner entre 20 et 50 détenus en deux heures.
Les conditions de travail des professionnels de santé sont jugées difficiles : carences en termes de moyens matériels et financiers, de formation, d’organisation…

Les prisons ne disposant pas de centre médico-chirurgical transfèrent les patients détenus dans des hôpitaux publics.

L’accès aux soins est gratuit

oui

Les médicaments sont généralement gratuits mais certains actes sont laissés à la charge des détenus (par exemple, les prothèses dentaires).

L’accès à l'unité de soins se fait sur

demande écrite

Deux rapports santé du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) et des Commissions de surveillance, publiés en 2017, dépeignent une situation alarmante :

  • La moitié de la population carcérale se dit en mauvaise santé : les détenus consultent en moyenne 18 fois par an un médecin généraliste et trois fois un psychiatre ;
  • La durée des consultations est souvent très faible : parfois deux à quatre minutes par patient ;
  • Les délais pour rencontrer un spécialiste sont longs : deux mois pour une consultation avec un dentiste.

Les examens médicaux se déroulent en toute confidentialité

dans la plupart des cas

Le secret médical est généralement respecté. Certaines atteintes sont cependant rapportées, notamment lors des consultations externes, tout comme dans les chambres médicales à plusieurs lits.

La continuité des soins des personnes détenues pose problème : aucun protocole ne permet de faire le lien entre le suivi médical avant, pendant et après l’incarcération.

Les infirmiers distribuent les médicaments. Il arrive parfois que des surveillants ou des personnes détenues procèdent à cette distribution. Certains surveillants ne respectent pas toujours les prescriptions médicales.

Des mesures de sécurité peuvent accompagner certaines hospitalisations. Elles retardent souvent l’accès aux soins.

Les maladies de peau restent un problème majeur en prison. Le sida, la tuberculose, l’hépatite C, les maladies cardiaques et le diabète affectent particulièrement les personnes incarcérées.

Les patients atteints d’une maladie infectieuse, telle la tuberculose ou la gale (maladie associée à une mauvaise hygiène), sont mis à l’écart. Les directeurs entendent placer parfois, dans une même section, les détenus atteints d’une même pathologie (diabétiques, toxicomanes…). Des raisons pratiques en constituent la motivation, notamment l’organisation des mouvements. Ces personnes peuvent parfois se voir refuser le droit de travailler. Les services médicaux rappellent régulièrement l’ostracisation, voire la discrimination, qui en résultent.

Les actions de réduction des risques sont limitées. Il n’existe que quelques projets pilotes (y compris pour les risques liés au suicide).

  • Une épidémie de rougeole se déclenche, au mois de mai 2019, à la prison de Lantin (Wallonie).Des personnes détenues et des surveillants présentent différents symptômes : toux, fièvre et éruptions cutanées sévères. Les prisonniers, confinés dans leurs cellules sans promenade ni visite, espèrent la levée de la quarantaine ordonnée par l’administration pénitentiaire et les services médicaux. La période d’incubation de la maladie est de 5 à 10 jours.

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    05/2019
    / The Brussels Times

Les internés (auteurs d’infractions reconnus irresponsables de leurs actes) séjournent, en principe, dans un établissement spécialisé. Il en existe cinq, à Gand, Anvers, Paifve, Mons et Tournai. (Voir “Parc immobilier”). Ils sont divisés en trois catégories :

  • Etablissement de défense sociale (EDS) : il en existe un, à Paifve, réservé exclusivement aux détenus internés. Il est sous contrôle de l’administration pénitentiaire

  • Hôpitaux civils : ils sont au nombre de deux, à Mons et Tournai. Ils disposent d’une section destinée aux internés. Tout l’établissement dépend du ministère de la Santé. Les patients attendent entre deux et quatre ans dans les annexes psychiatriques des prisons, sans soins adéquats, qu’une place se libère.

  • Centres de psychiatrie légale : ils sont au nombre de deux, à Gand et Anvers. Ce type d’établissement accueille uniquement des internés. Le fonctionnement est mixte. Le SPF Justice gère la sécurité et les infrastructures et le ministère de la Santé les soins.

Trois nouveaux centres de psychiatrie légale sont annoncés à Alost, Wavre et Paifve. Aucune échéance n’est prévue.
Le service psychosocial est en sous-effectif dans la quasi-totalité des prisons du pays.

Le nombre des personnes toxicomanes est élevé. Une étude indique que 33 % des détenus interrogés disent consommer de la drogue de manière régulière. Une autre étude révèle que 68 % des détenus estiment être dans une grande dépendance aux produits psychotropes, légaux ou non. Les antidépresseurs sont utilisés, à défaut d’un réel parcours de soins. 43 % des prescriptions délivrées concernent des antidépresseurs et des anxiolytiques.
Plusieurs acteurs interviennent pour assurer des missions de prévention. Environ 50% des détenus auraient accès à ces programmes de prévention.

Les actions de réduction des risques sont limitées. Il existe quelques projets pilotes (y compris pour les risques liés au suicide).

  • Deux chercheurs du “Neederland Studicentrum Criminaliteit” constatent, en avril 2019, que 37% de personnes incarcérées en Flandre souffrent de troubles psychologiques graves.
    Parmi ces cas, 21% résultent de la consommation de stupéfiants, 10% de celle d’alcool et 4% des effets de la toxicomanie.
    Le recours à des médicaments psychotropes tels que les benzodiazépines, les antidépresseurs et les antipsychotiques est trois fois plus élevé que dans la population générale.
    Le risque suicidaire est également accru. Cette tendance est plus présente chez les hommes que chez les femmes.

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    18/04/2019
    / N Het Nieuwsblad

Les personnes atteintes de troubles psychiques sont surreprésentées et le manque de professionnels de santé mentale est important. Les demandes de soutien externe pour la prise en charge des pathologies psychiatriques peuvent, dans certains cas, exiger un délai d’attente d’un à deux ans.

  • Les pathologies psychiques graves sont nombreuses à la prison d’Ittre : dépressions sévères, états suicidaires, décompensations, poly-consommation… L’administration donne priorité à la prise en charge des cas jugés les plus urgents. Les autres manquent de soins et de suivi régulier.

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    01/08/2019
    / The Brussels Times