Contributeur(s)Hungarian Helsinki Committee

Le quotidien

La plupart des personnes sont détenues dans des cellules collectives. La surpopulation est un problème majeur.   

L’arrêt pilote Vargas et autres c. Hongrie de la CEDH du 10 mars 2015 impose que chaque cellule ait une surface et une hauteur de plafond minimum par détenu. Ces surfaces sont de 4 m2 pour les prévenus, 3,5 m2 pour les femmes condamnées et les mineurs et 3,2 m2 pour les hommes condamnés. Ces surfaces minimum ne sont pas respectées. 

Chaque détenu possède un lit et un matelas. Toutes les cellules sont équipées d’une table, de chaises et d’armoires. Les toilettes ne sont pas personnelles. Elles sont séparées du reste de la cellule par des rideaux. Les cellules ne disposent souvent ni de lumière naturelle ni de ventilation suffisante. Des manques de draps, de serviettes de toilette et de vêtements sont signalés, ainsi que la présence de nuisibles, des punaises.

Les détenus reçoivent trois repas par jour, dont au moins un chaud. La qualité de la nourriture est sévèrement contrôlée, mais le budget journalier des repas n’est que de 420 HUF (environ 1,35 euros) par détenu. Ce budget est d’environ 584 HUF (environ 1,9 euros) pour certains détenus : ceux qui travaillent, les mineurs et les femmes enceintes.   

Les exigences culturelles et religieuses sont respectées, ainsi que les régimes alimentaires. Les détenus ne peuvent pas cuisiner dans les cellules. Tous les détenus ont accès à l’eau potable.   

Les détenus peuvent cantiner des produits de l’extérieur dans les magasins des prisons une ou deux fois par semaine. Le choix se limite souvent aux aliments de base et aux produits d’hygiène.   

Les détenus se plaignent parfois de la quantité insuffisante de nourriture et, plus fréquemment de la qualité des produits dont celle de la viande.

Les équipements et l’état des douches varient d’un établissement à l’autre. Les douches sont généralement communes et se situent à l’extérieur des cellules. Les hommes doivent pouvoir prendre au moins deux douches par semaine. Les femmes tous les jours, les travailleurs tous les jours travaillés.   

L’administration fournit le savon, le shampoing, les serviettes de toilette, le dentifrice et les brosses à dents. Les détenus peuvent également utiliser leurs propres produits. Les draps de lit et les serviettes sont changés toutes les deux semaines. Les condamnés portent des uniformes. Les prévenus peuvent porter et laver leurs propres vêtements. Les détenus sont responsables du nettoyage de leur cellule et des espaces communs.   

Les punaises de lit représentent un problème important dans les établissements même si le Service pénitentiaire national traite les cellules régulièrement.

Les personnes détenues sont soumises à une visite médicale peu après leur admission en prison. La première visite est généralement faite par une infirmière. Les détenus sont également examinés par un médecin dans les 72 heures qui suivent leur arrivée.   

Les détenus peuvent bénéficier de visites médicales avec le médecin, sans la présence de surveillants si l’un des deux le demande et si le surveillant en chef donne son autorisation.   

Les victimes présumées de mauvais traitements sont examinées, dans certains centres de détention, exclusivement par le personnel médical interne. Cette pratique a été critiquée par le Comité Helsinki et le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT).    

Des services de soins et de santé sont fournis dans tous les établissements. Les détenus sont transférés à l’hôpital de la prison centrale de Tököl ou à l’Institut de médecine légale psychiatrique et mentale lorsque cela est nécessaire.   

Dans les cas urgents, les détenus peuvent être transférés dans un hôpital civil pour y être soignés.

Les détenus passent généralement une heure par jour dans la cour. Dans certaines prisons, notamment à la campagne, ils y passent plus de temps. Chaque établissement possède une bibliothèque. Des installations sportives sont accessibles au prix de 800 HUF (environ 2,60 euros) par mois.    

Plusieurs programmes de loisirs sont disponibles, souvent mis en place par des ONG ou des églises. L’offre varie d’un établissement à l’autre. La prison de Vàc possède une troupe de théâtre et d’art dramatique active depuis plusieurs années.

Les détenus doivent travailler et verser 465 HUF par jour (environ 1,50 euro) à l’État pour compenser le coût de leur incarcération. Les femmes enceintes de plus de 6 mois, celles qui ont donné naissance depuis peu et celles incarcérées avec leur enfant ne travaillent pas. Les personnes considérées inaptes, les moins de 16 ans et celles qui ont atteint l’âge de la retraite sont également dispensées de travail.   

Environ 12 000 détenus sont considérés aptes au travail, compte tenu de ces exceptions. Environ 8 000 (67%) travaillent actuellement et 1654 (14%) prennent part à d’autres activités. 214 personnes détenues ont été affectées à des “occupations thérapeutiques”.   

La nature du travail dépend des établissements. Le travail agricole est commun dans les zones rurales. Beaucoup de détenus travaillent dans des sociétés crées par le Service national des prisons, une boulangerie industrielle par exemple. En 2015, des détenus ont travaillé à la construction d’une palissade pour bloquer l’arrivée des migrants le long de la frontière avec la Serbie.   

Les détenus sont rémunérés environ 32.000 HUF par mois (103 euros) pour leur travail. Le droit du travail ne leur est pas appliqué.

Détenus travaillant

45 %

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31/12/2015

23% des détenus sont scolarisés et 71% suivent une formation en 2015.   

L’éducation est obligatoire pour les détenus de moins de 16 ans. Elle est assurée par des enseignants internes ou externes. Les fournitures scolaires, les livres et autres frais scolaires sont couverts par l’administration pénitentiaire.   

Les enfants sont dispensés de travail pendant leurs études nécessaires à l’obtention d’une qualification et ne doivent pas contribuer aux frais de leur incarcération.

Les détenus ont accès, à leurs frais, aux journaux. Ils peuvent également disposer d’une télévision en cellule, fournie par l’administration pénitentiaire. Les détenus n’ont pas le droit d’accéder à Internet.

Les détenus ont le droit de pratiquer leur religion en toute liberté et les exigences alimentaires religieuses sont respectées. Les prisons sont pourvues d’espaces réservés à la pratique de la religion, généralement une chapelle.

Le mécanisme national de prévention (MNP) – le Commissaire pour les droits fondamentaux - et le Comité Helsinki inspectent régulièrement les établissements pénitentiaires. De nombreuses ONG, des associations et des églises sont actives au sein des prisons.

Les détenus peuvent recevoir de l’argent des membres de leur famille. Ils bénéficient, le cas échéant, du salaire de leur travail ou de leur retraite.

Les détenus peuvent porter plainte en respectant la procédure, déposer des demandes auprès du personnel pénitentiaire et être entendu par le directeur de la prison. Les détenus ont le droit de faire appel contre une décision en écrivant directement au directeur. Les détenus analphabètes ont droit à une aide. Cette aide est, en réalité, généralement fournie par les autres détenus. Les personnels pénitentiaires doivent également tenir une réunion annuelle avec les détenus.   

Bars FM, une station de radio à la prison de Vác a été créée par l’Association Speak Out avec la collaboration du Service national des prisons. Les émissions de Bars FM sont diffusées deux heures par jour. Son succès a entraîné le lancement d’une seconde radio à Gyor, dans l’ouest du pays. La station de radio est faite par les détenus pour les détenus. Le but est d’anticiper les conflits et préparer à la réinsertion.