Sécurité, ordre et discipline

Le parc pénitentiaire dispose d’établissements, de quartiers ou de cellules dotés de dispositifs sécuritaires renforcés

oui

La prison de Celle, en Basse-Saxe, comporte un quartier de haute sécurité (Sicherheitsstation) d’une capacité de dix personnes. La prison de Stammheim, à Stuttgart, en dispose également, construit dans les années 1970. Il est, dans un premier temps, prévu pour la détention des personnes condamnées pour terrorisme, notamment les membres de la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion, RAF).

Vidéosurveillance :

La vidéosurveillance n’est autorisée que dans des cas particuliers, lorsque les autorités la jugent indispensable pour assurer la sécurité. Les raisons conduisant à sa mise en œuvre doivent être consignées sur un registre. La personne concernée doit en être avertie. Le seul fait que la caméra soit visible n’est pas suffisant. La personne doit être en mesure de savoir si la caméra enregistre.

Les personnes détenues sont classées selon leur niveau supposé de dangerosité

oui

Les modalités et procédures des fouilles corporelles sont réglementées. Les fouilles intégrales ne peuvent être systématiques. Elles ne peuvent être effectuées sans soupçons précis.

La fouille intégrale jugée nécessaire doit être effectuée de manière respectueuse. Elle se déroule, par exemple, en deux phases. Seule une moitié du corps est dévêtue à chaque phase.

La contention mécanique (Fixierung) est utilisée en dernier ressort et sous surveilance médicale stricte.

Le MNP indique que des personnes placées dans les cellules sécurisées de l’établissement de Bade-Wurtemberg (Schwäbisch-Hall) peuvent être menottées et entravées avec des menottes en acier. Les cellules sécurisées de l’établissement de Tegel (Berlin) sont équipées d’une paire de menottes en cuir d’une paire de menottes en métal. Les menottes métalliques à fermeture rapide seraient, selon la direction, utilisées comme “moyen de contention physique pour immobiliser les personnes détenues afin d’assurer une immobilisation rapide dans les situations de tension”. Elles seraient, après leur utilisation, remplacées par des menottes en cuir rembourrées.[^anpt] [^anpt]: Agence nationale pour la prévention de la torture, (Nationale Stelle zur Verhütung von Folter), Rapport annuel 2021, p. 95 (en allemand).

Le personnel de surveillance dispose

d’armes non létales

Le personnel de surveillance n’est pas armé. Il peut obtenir des menottes ou des sprays au poivre auprès de la direction.

Les armes à feu sont utilisées en cas d’échec des autres mesures. Leur usage est autorisé en cas de mutinerie ou pour empêcher une évasion.

La plupart des Länder opèrent une distinction stricte entre pratique religieuse et prévention de la radicalisation.

La prévention de la radicalisation est mise en œuvre dans le cadre des programmes de sociothérapie.

L’État fédéral ne conçoit aucune politique nationale de prévention de la radicalisation en prison. Seuls quelques Länder mettent en œuvre des programmes de prévention. C’est le cas en Bavière avec le programme MIND. Des agents, au nombre de 2 700, sont formés à la détection et à la prévention de la radicalisation en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

L'administration consigne les incidents

oui
  • Une poubelle en feu provoque un incendie dans une cellule de l’établissement pénitentiaire de Berlin-Moabit dans la nuit du 12 au 13 décembre. Les surveillants parviennent à mettre les occupants de la cellule en sécurité. Une membre du personnel est, selon les pompiers de Berlin, blessée et transférée à l’hôpital. Au total, six personnes sont examinées.

    i
    13/12/2023
    / Berliner Morgenpost

Nombre d’évasions

303

i
2020
/ Conseil de l’Europe, SPACE I – Rapport 2021, p. 119.

Le nombre d’évasions diminue de 4,11 % entre janvier 2020 (316)1 et janvier 2021 (303).


  1. Conseil de l’Europe, SPACE I, Rapport 2020, p. 117. 

  • Un prisonnier s’évade au moment de son arrivée au tribunal et plonge dans une rivière. Il est arrêté par la police en essayant de remonter le courant.

    i
    28/12/2023
    / Saarbruecker Zeitung
  • Un détenu de la prison de Mannheim s’évade en scooter après une visite chez le médecin. Il est retrouvé et arrêté deux semaines plus tard dans un hôtel.

    i
    14/12/2023
    / Spiegel panorama

Les infractions à la discipline sont définies par les textes

oui

La loi pénitentiaire fédérale ne définit pas les infractions à la discipline. Celles-ci relèvent, dans la plupart des Länder, des lois pénitentiaires régionales.

La Bavière, le Bade-Wurtemberg et la Basse-Saxe ne définissent pas l’infraction à la discipline.1

Les principales infractions sont :

  • le manque de respect envers le personnel ou les détenus
  • le non-respect des horaires
  • la possession d’un téléphone portable
  • le vol
  • la consommation de drogue
  • l’introduction de drogue dans l’établissement.

Il n’existe aucune définition de l’infraction grave à la discipline, passible d’un placement à l’isolement jusqu’à quatre semaines.


  1. Frieder Dünkel, “Le système pénitentiaire allemand” in Les systèmes pénitentiaires dans le monde, 2017, p. 13. 

Les sanctions disciplinaires prévues sont les suivantes :

  • blâme
  • limitation de l’usage des ressources financières (maximum : 3 mois)
  • limitation de l’accès à la lecture, à la radio et à la télévision (maximum : 3 mois)
  • limitation de l’accès aux articles et activités de loisirs (maximum : 3 mois)
  • privation d’accès aux activités de loisirs (maximum : 4 semaines)
  • limitation des communications avec l’extérieur (maximum : 3 mois)
  • mise à l’isolement (maximum : 4 semaines)

Les infractions à la discipline font l’objet d’une enquête

dans quelques cas

Les allégations d’infractions à la discipline ne font pas systématiquement l’objet d’une enquête. Les enquêtes confirment généralement les accusations de l’administration.

Le prononcé d'une sanction disciplinaire fait l'objet d'un débat contradictoire

oui

Les débats contradictoires ont lieu devant un conseil de discipline.

Une personne détenue doit, pour être entendu par un juge, en faire la demande auprès de la chambre en charge de l’application des peines (Strafvollstreckungskammer) de la cour régionale dont dépend l’établissement.

Les sanctions disciplinaires relèvent du droit administratif. Les tribunaux vérifient simplement la bonne application des textes. Leur décision est habituellement rendue dans un délai de quatre à cinq mois.

Les audiences sont souvent courtes. Les sanctions sont fréquemment prononcées de façon expéditive.

La personne détenue peut être assistée d’un avocat

oui

Les personnes détenues menacées de sanctions disciplinaires peuvent, la plupart du temps, bénéficier d’une assistance juridique. Des exceptions sont possibles.

Les lois pénitentiaires varient d’un Land à l’autre. Le droit pénitentiaire allemand est complexe. Il existe peu de spécialistes dans ce domaine. Les procédures sont longues. Les sommes allouées à l’aide juridictionnelle sont faibles.

Le conseil de discipline, instance collégiale, décide des sanctions applicables.

La personne détenue peut faire appel d’une sanction disciplinaire

oui

La personne détenue dispose, une fois la décision rendue, de deux semaines pour former un recours. Celui-ci doit être rédigé en allemand.

Le recours peut avoir pour objet :

  • l’annulation de la décision (Anfechtunsklage)
  • la déclaration, par un tribunal, de l’illégalité de la décision (Feststellungsantrag). Cette dernière solution peut avoir pour but d’éviter que des décisions similaires soient rendues à l’avenir. Elle permet également de demander réparation.

Les personnes détenues peuvent se tourner vers deux autres degrés de juridiction :

  • La cour d’appel provinciale (Oberlandesgericht)
  • La cour fédérale (Bundesgerichtshof)

Le nombre des décisions annulées après un recours est d’environ 5 %.1


  1. Frieder Dünkel, “Le système pénitentiaire allemand” in Les systèmes pénitentiaires dans le monde, 2017, p. 16. 

Les sanctions disciplinaires ont une incidence sur la durée de la peine. La possibilité de recours pour les personnes sanctionnées est considérablement réduite.

Les personnes placées en établissement ouvert peuvent, en cas d’infraction à la discipline grave ou récurrente, être transférées vers un établissement fermé.

Le placement à l'isolement est utilisé à des fins de

  • punition
  • mesure de protection

Le placement à l’isolement à des fins de punition est aboli dans le Land de Brandebourg.

Le placement à l'isolement se fait sur

  • décision du conseil de discipline
  • ordre d’un magistrat
  • décision du directeur d’établissement

La durée du placement à l’isolement est limitée

oui, 4 semaines

Neuf détenus sont, selon le Sénat de Berlin pour la justice (Berliner Senatsverwaltung für Justiz), placés à l’isolement pendant plus de 100 jours en 2020 et 2021 dans l’établissement pénitentiaire de Tegel. Au 29 août 2022, cinq détenus sont, selon le ministère de la Justice de Basse-Saxe, à l’isolement depuis plus d’un an dans le Land.

Le renouvellement est possible

oui

Le conseil d’aménagement des peines (Vollzugskonferenz) prend la décision de renouveler le placement à l’isolement.

La personne à l'isolement fait l'objet d'un suivi médical régulier

oui

La surface des cellules d’isolement disciplinaire est réduite. Celles-ci sont équipées d’un lit, de toilettes métalliques et d’un lavabo.

Les personnes détenues placées à l’isolement ont droit à au moins une heure par jour à l’extérieur.

La personne détenue placée à l’isolement perd le droit de participer aux activités, de travailler et d’assister à une formation.