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L'espace — 12/12

Amériques Amérique du Nord Femmes Amérique du Sud Asie Europe Longues peines
Publié le 16 décembre 2020 Inside Outside
Sommaire
  • Le mot de Bertrand aux participants
  • France, Arles
    • Argentine
      • France, Roanne
        • Japon
          • Italie
            • Guatemala
              • États-Unis, Schuylkill (Pennsylvanie)
                • Suisse
                  • Colombie
                    • États-Unis, Lake Placid (New York)
                      • France, Arles
                        • ++
                          • InsideOutside, le livre
                          • L'odorat — 11/12
                          • Le goût — 10/12
                          • Le toucher — 9/12

                        Sommaire
                        • Le mot de Bertrand aux participants
                        • France, Arles
                          • Argentine
                            • France, Roanne
                              • Japon
                                • Italie
                                  • Guatemala
                                    • États-Unis, Schuylkill (Pennsylvanie)
                                      • Suisse
                                        • Colombie
                                          • États-Unis, Lake Placid (New York)
                                            • France, Arles
                                              • ++
                                                • InsideOutside, le livre
                                                • L'odorat — 11/12
                                                • Le goût — 10/12
                                                • Le toucher — 9/12

                                              Le photographe Bertrand Gaudillère, du collectif item, choisit chaque mois une image évocatrice d’un des sens. Prison Insider l’envoie aux personnes participantes incarcérées à travers le monde. Elles se trouvent en Argentine, aux États-Unis, en France, en Suisse, au Guatemala, en Ukraine, en Colombie, au Liban, en Italie, au Japon et en Belgique.

                                              photo_12.jpg

                                              Le mot de Bertrand aux participants¶

                                              La pointe du Raz, en France, c’est le morceau de terre le plus à l’ouest. Celui qui termine le pays de ce côté-là, qui s’avance dans l’océan, avant de lui céder la place jusqu’à la rive d’en face.

                                              Plusieurs milliers de kilomètres si l’on veut traverser l’Atlantique pour arriver aux États-Unis ou quelque part ailleurs en Amérique. Au pied du rocher, il y a ce bateau qui donne une échelle pour se figurer l’étendue qu’il faudrait franchir : à peine si j’arrive à l’imaginer… Il ne dit rien des profondeurs abyssales de l’océan, ce bateau, pas plus qu’il ne permet de concevoir tout ce qu’il y au-dessus de l’horizon, l’espace, celui qui fait rêver les hommes avec ses navettes et ses stations spatiales dans lesquelles ils s’enferment. Confinés dans l’espace… J’ai respiré un grand coup, j’ai fait la photo en pensant à vous, et je suis reparti en me demandant ce que ça pouvait vouloir dire l’espace quand on est privé de liberté…

                                              Bertrand.

                                              Prison Insider vous invite à répondre aux questionnements de Bertrand Gaudillère. Comment vous-même, ressentez-vous l’espace ? Comment l’expérience de l’enfermement peut-elle changer votre perception des espaces, du confinement et de l’immensité ?

                                              France, Arles

                                              Auteurs : — Pascal, 45 ans, homme.

                                              L’air n’avait pas le même poids qu’en prison et tout autour de moi était en vie

                                              La prison est un lieu clos, fermé et isolé du reste du monde. L’état des lieux est vite fait : couloir - grille - cellule - porte - couloir - grille - couloir - cellule - salle de sport. Voilà pour la journée. La répétition est inexorable, pendant des mois, voire des années, vous ne mettez pas le nez dehors. Tous les jours se déroulent dans le même décor, la cellule est relativement confortable, le couloir de mon aile plus le couloir où je travaille. Ha ! et un escalier aussi !

                                              Un jour, il a fallu que j’aille à l’hôpital, pour un examen. Arrivé devant l’établissement, escorté et entravé bien sûr, j’ai eu une drôle de sensation, pas de l’euphorie, mais une sorte d’extase, avec le sentiment d’être un peu ivre.

                                              Pourtant, il n’y avait rien de spécial, j’étais devant un hôpital, assis dans mon fauteuil roulant, attendant qu’un surveillant me pousse vers l’intérieur du bâtiment. Mais il faisait beau, un maman accompagnait son enfant, des infirmiers allaient et venaient et la vie se déroulait tout à fait normalement. Je ne me sentais pourtant pas pareil que d’habitude. L’air n’avait pas le même poids qu’en prison et tout autour de moi était en vie. Et par effet de contraste, je constatais qu’en prison nous étions en suspend, bridés, mais, depuis toutes ces années, je ne m’en étais pas rendu compte.
                                              Tout est différent dehors.

                                              Argentine

                                              Auteurs : — Pablo, 36 ans, homme. / Traduit par Aude Paulmier

                                              Il y a des endroits qui ne peuvent s’acheter...

                                              La photo est vraiment réussie… je ne savais pas qu’il existait un lieu comme celui-ci, au bout du monde. Ce que je vois dans cette image, c’est que ce personnage interdit l’accès à cette étendue et empêche les hommes d’en profiter alors que ce lieu ne lui appartient pas et qu’il ne s’en sert même pas pour rêver – en revanche, il prive les autres de leurs rêves, l’égoïste! -. Pour une personne privée de liberté, l’espace est sacré et indispensable pour se sentir vivant et pouvoir s’ouvrir au monde.
                                              C’est pourquoi une promenade, serait-ce d’une demi-heure, est pour un prisonnier haute sécurité, une victoire.

                                              Je vais vous donner un exemple : “El Chapo Guzmán”, de son nom Joaquín Guzmán Loera, est un narco-trafiquant mexicain extrêmement dangereux du fait de ses évasions, des homicides qu’il a commis et de ses réseaux internationaux. Il se trouve dans une prison de haute sécurité de Manhattan (États-Unis), au 11ème étage. Vous pouvez imaginer les millions que paierait cet homme pour qu’un petit rayon de soleil pénètre sous ses paupières, les yeux clos. Il est incarcéré dans une cellule avec plus de 25 caméras, les lumières allumées en permanence et trois surveillants qui ne surveillent que lui.

                                              Il y a des endroits qui ne peuvent s’acheter, ni par une bonne conduite ni avec de l’argent. L’accès à l’extérieur est un droit et doit être respecté. Je suis contre les terroristes qui empêchent l’accès à l’extérieur, à l’espace.

                                              France, Roanne

                                              Auteurs : — Anne-Marie, 59 ans, femme.

                                              Cette photographie m’inspire le large, l’immensité, la plénitude et enfin un regain énorme de liberté. Le bateau est au large, nous transportant vraiment dans l’espace. C’est l’océan, la mer, l’Amérique : tout un symbole ! Étant donné que je suis libre maintenant, je ressens vraiment par cette photo la retrouvaille de l’espace, de la liberté.

                                              Japon

                                              Auteurs : — Caladel, 28 ans, femme./ Traduit par Piera Simon-Chaix

                                              Je suis ce bateau, échouée et seule, sans personne vers qui me tourner

                                              Comment définit-on l’espace ?¶

                                              Dans le royaume physique, c’est une zone, dans le royaume mental, c’est un plan entier de l’existence. J’aspire à être ce bateau que je regarde, à être englobée dans des espaces grands ouverts, entourée par la mer et le ciel, à m’imprégner de la pure liberté d’être le centre de mon propre horizon, parfaitement isolée. Ce que je suis pourtant déjà.

                                              Parce que j’ai l’impression, je pense, que je suis ce bateau, échouée et seule, sans personne vers qui me tourner, alors que je crie mon désespoir dans le vent. “Ohé ! Est-ce qu’il y a quelqu’un ?’ Je n’entends en réponse que le murmure des vagues, je n’entends que les doutes, les inquiétudes et les appréhensions qui flottent vers la surface de mon esprit dès que je me laisse aller. Alors je dérive, je lutte pour ne pas me noyer. Le jeu de la lumière et de l’air sur ma peau dans un parc en plein air me manque, mais l’intimité de mon esprit et la quiétude de mes pensées me manquent aussi.

                                              Nous assimilons souvent l’espace à la liberté, mais c’est oublier que si l’étendue est trop grande, nous risquons de nous retrouver perdus au milieu du vide. Je ne vois pas ce que vous voyez ; il n’y a ni bateau, ni eau, ni horizon, ni ciel. Il n’y a que solitude, et un idéal. Tout le reste n’est que détail.

                                              Italie

                                              Auteurs : — Giuseppe, 40 ans, homme. / Traduit par Mendy Audrain

                                              Cette mer, ce ciel
                                              Entre le désir et la peur Il est facile de comprendre notre désir, nos fantasmes, notre aspiration à concevoir des espaces sans limites, des espaces non délimités par des murs, des barreaux, et des tours de garde.
                                              Mais il y a aussi la peur
                                              Qui est plus difficile à expliquer
                                              Peut-être que les pêcheurs de la photo pourraient comprendre, eux, sur le bateau - si ce sont des pêcheurs -, qui restent près de la côte par crainte, peut-être, des profondeurs de l’océan.
                                              Ainsi, cette envie d’espaces infinis, nous devons le concilier avec notre besoin de sécurité, qui nous donne, quoi qu’il en soit, cet espace minimal - la cellule que nous avons appris à bien connaître.
                                              Et un havre de sécurité d’où l’on part pour voyager.
                                              Par la tête, par l’esprit.

                                              __

                                              Lire la version originale (en italien)

                                              Guatemala

                                              Auteurs : — Carlos, 67 ans, homme. / Traduit par Charlotte Connan de Vries

                                              Ici, c’est la fin des deux à la fois. On y voit la limite et on comprend le danger.

                                              Fatigué de ce que l’on vit ici
                                              Quelqu’un demande sèchement
                                              C’est donc ça, l’enfer ? ou il y a pire encore ?
                                              Sans oublier l’objectif, je réponds
                                              Tu veux quoi, toi ? Mourir ou vivre ?
                                              Il me regarde de ses yeux apeurés, et j’ajoute :
                                              Ici, c’est la fin des deux à la fois
                                              On y voit la limite et on comprend le danger
                                              Il apparaît un abîme qui nous limite.

                                              À notre arrivée on doit réfléchir
                                              On croit qu’on pourra sortir de l’autre côté
                                              Très vite, la réalité se montre telle qu’elle est
                                              L’autre issue est trop lointaine.
                                              On doit continuer d’espérer sans perdre l’espérance
                                              Même si cette chienne faiblit de jour en jour
                                              Tel que tu me vois, j’ai vu mourir beaucoup de gens
                                              Tout comme toi, je veux arriver de l’autre côté.
                                              Mais en réalité je ne sais pas si j’y arriverai

                                              Certains me donnent du courage
                                              Mais le temps est implacable
                                              Quand je suis arrivé ici, peut-être que la mort m’avait déjà rattrapé.
                                              Je lutterai.
                                              Si j’y arrive – tant mieux – et sinon, au moins, j’aurai essayé.
                                              Bonne chance.

                                              États-Unis, Schuylkill (Pennsylvanie)

                                              Auteurs : — Eric, 45 ans, homme. / Traduit par Julia Cras & Pauline Mayadoux

                                              Je sais que ce lieu est... la dernière frontière.

                                              Le passage du milieu¶

                                              Mon continuum espace-temps est une cellule.
                                              Des quatre dimensions qui formaient ce lieu, il n’est soudain resté
                                              qu’un tableau en deux dimensions empreint de désespoir et de souffrance.
                                              Une évolution cyclique saisissante. Dans ce lieu, j’ai connu l’angoisse. Omniprésente.
                                              Mordante comme le claquement d’un fouet. Si bien que je m’arrimais à cette douleur.
                                              Noyé dans un vaste océan de souffrance et de lamentations, je sais que
                                              ce lieu est… la dernière frontière.

                                              Jusqu’où peut-on pousser la conscience humaine ? Pourrait-on construire un vaisseau spatial ?
                                              Y enfermer notre conscience et l’envoyer bien au-delà de la planète miséricorde ?
                                              Là où les lunes compassion, amour et bienveillance ne gravitent pas.
                                              Vers un monde sans aucune humanité ni espoir. Vers une planète
                                              où vivrait un virus omnivore, parasite et aéroporté. Une créature qui serait
                                              totalement insensible à la souffrance humaine.

                                              L’espace cache-t-il d’autres dimensions ? Peut-on manipuler l’espace comme
                                              on manipulerait le temps ? Si c’est le cas, dois-je prier et invoquer la sagesse et les conseils de mes ancêtres ? Leurs quatre dimensions à eux aussi étaient des cellules. Leurs propres cellules, qui déterminaient la couleur de leur peau et la texture de leurs cheveux. Ces mêmes cellules qui les ont jetés dans un petit navire pour traverser un immense océan.
                                              À quel point cet espace était-il infini ?

                                              Pourtant, contrairement au mien, leur continuum espace-temps s’est restreint à une seule dimension,
                                              car ils étaient enchaînés les uns aux autres.
                                              À l’origine du temps et de l’espace, il y a le passage du milieu. Chacun d’entre nous à bord de son petit navire.

                                              Suisse

                                              Auteurs : — Inmaculada, 36 ans, femme. / Traduit par Alice Bureau

                                              Aujourd’hui aussi c’est la vie

                                              Le premier jour de ton arrestation, seule dans ta cellule, tu te sens comme cela, insignifiante face à l’immense solitude qui t’entoure. Tu penses que tout est perdu, que tu as tout perdu…
                                              Mais ça n’est que le début.
                                              Il te faudra laisser passer plus de sept cent lunes avant d’être en mesure de comprendre que la vie ne t’a pas arraché ce que tu possédais. La vie t’a libérée de choses dont tu n’avais pas l’utilité et que tu étais toi-même incapable de laisser à leur juste place. La vie t’a rendue un peu plus libre, car la liberté est un état d’esprit et non pas un état physique. Et désormais, enfin, tu peux t’envoler.

                                              Car nulles barrières, nuls barreaux aux fenêtres ne peuvent t’empêcher de t’échapper de la prison de ta vie et de voyager auprès de ceux que tu aimes. Il te faudra du temps pour commencer à comprendre que la vie est courte et que souffrir n’est qu’une perte de temps. Il faudra que s’écoulent des heures, de nombreuses heures, d’éternelles heures de solitude, pour que tu comprennes qu’à l’inverse de ce que tu pensais, la vie, c’est maintenant.

                                              Peu importe où tu es, peu importe la prison dans laquelle tu te trouves, la vie continue, la vie est dans chacune de tes respirations.

                                              Alors ne repousse pas au jour où tu sortiras ce que tu peux faire là, maintenant, parce qu’aujourd’hui aussi compte, aujourd’hui aussi c’est la vie, aujourd’hui c’est toi qui décides de ce que tu veux faire. Ne te cherche pas d’excuses. Ne pense pas que la prison t’a coupé les ailes. Il y a bien une chose que tu peux continuer à faire : aimer. Aimer sans mesure, sans limites, sans frontières. Aime jusqu’à l’inconcevable. Aime jusqu’à devenir amour toi-même et cela te fera te sentir plus vivante, plus pleine, plus humble, plus reconnaissante… Et alors tu verras que le poids de la culpabilité disparaîtra, car il n’y a rien que l’amour ne puisse dépasser.

                                              Tu ne peux trouver la paix si ton cœur est en guerre.
                                              Tu ne peux trouver l’amour si tu continues à vivre dans la haine.
                                              Tu ne peux trouver à l’extérieur ce que tu n’as pas à l’intérieur.

                                              Colombie

                                              Auteurs : — Ricardo, homme. / Traduit par Estelle Lethuillier

                                              L’espace nous enferme

                                              Je pense que l’espace en prison est un concept ou, peut-être, LE concept le plus utilisé pour exercer une forme de torture sur le détenu. Il me semble qu’on limite nos mouvements, qu’on réduit notre temps, comme si c’était une forme d’espace. En prison, l’espace nous enferme, il prétend nous conduire à une sorte de repentir pour notre “infraction” à la loi.

                                              Cependant, il ne tient qu’à nous de transformer cette réduction de l’espace physique en une libération potentielle, en créant notre propre alcôve ; renvoyant ainsi un message évoquant toutes les restrictions que la prison exerce sur les êtres humains.
                                              L’espace est comme une cage qui enferme des animaux.

                                              États-Unis, Lake Placid (New York)

                                              Auteurs : — Tewhan, 39 ans, homme. / Traduit par Galatée Fouquet

                                              Je n'ai pas besoin d'être au milieu du Pacifique pour me sentir seul

                                              C’est ironique car, alors que je reçois cette image, je me trouve au beau milieu d’encore un autre lockdown 1.

                                              Mon espace déjà restreint est encore plus limité, me voilà piégé dans cinq mètres carrés, enfermé avec un autre homme. La seule chose qui nous manque, c’est de l’espace. Nous sommes forcés de manger, dormir, déféquer dans cette moitié de pièce. J’expire quand mon codétenu inspire, aucun de nous ne respire trop profondément. Chaque son, chaque mouvement attise les tensions, nous vole encore plus d’espace. Pas d’espace, pas de place.

                                              Il n’y a pas de profondeurs insondables en prison. Quand on pense à la profondeur, on imagine deux mètres. Regarder le monde depuis ma cellule fait écho à ce bateau à la dérive sur une mer déserte. Au milieu de nulle part. Personne pour entendre les clameurs. Personne pour voir la souffrance. Bien que de ce côté-ci nous ayons peu d’espace pour nous mouvoir à notre gré, ceux qui se trouvent à l’extérieur nous confinent encore davantage en allongeant les distances.

                                              Ma perception de l’espace, c’est que nous n’en n’avons pas. On me donne trop. Le système nous prive tous d’espace. Le monde libre le donne sans réfléchir. Perdre un être cher dans un espace suffisamment petit pour y suffoquer. Ma cellule, qui fait de la place à mes rêves de solitude. Le vaste espace entre soi et le monde extérieur déclenche l’idée de tout embrasser sans distinction. Mes rêves ne voyagent pas.

                                              L’espace entre ces murs est trop étroit, le plafond trop bas, il est difficile de voir l’horizon quand notre vision est assombrie par des millefeuilles de béton agrémenté d’acier.

                                              J’aimerais avoir suffisamment d’espace pour “ressentir” autre chose que la douleur. J’aimerais avoir un peu d’espace pour “toucher” autre chose que cette dure réalité. De ce côté du mur, l’espace engendre la distance, la distance entraîne la séparation et la séparation nous éloigne y compris de nous-mêmes. Je n’ai pas besoin d’être au milieu du Pacifique pour me sentir seul, pour mépriser l’espace ou pour savoir à quel point l’espace est déstabilisant pour ceux d’entre nous qui vivent en prison.

                                              La prison est riche. Riche de haine, d’oppressions, de racisme, de béton, d’acier de barbelés. Mais l’espace ne fait pas partie de cette liste.


                                              1. Le lockdown est une mesure consistant à confiner tous les prisonniers d’un établissement pénitentiaire dans leur cellule, pour une durée plus ou moins étendue. Voir à ce sujet le témoignage d’Eric ↩

                                              France, Arles

                                              Auteurs : — Christophe, 43 ans, homme.

                                              Il s’agit du Sublime. L’immensité qui nous submerge et ne laisse de place à rien d’autre. L’espace d’un instant de doute, entre peur et sérénité. Se laisser envahir par l’incommensurable et livrer son esprit au néant. Vertige enivrant de se sentir si vivant.

                                              InsideOutside

                                              ++

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                                              11-04-2023
                                              Autre regard Inside Outside Témoignage

                                              InsideOutside, le livre

                                              L’ouvrage mêle récit, témoignage, photographie, information et graphisme. Il est à pré-commander au tarif préférentiel de 30 €.
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                                              06-11-2020
                                              Inside Outside

                                              L'odorat — 11/12

                                              Le photographe Bertrand Gaudillère, du collectif item, choisit chaque mois une image évocatrice d’un des sens. Prison Insider l’envoie aux personnes participantes incarcérées à travers le monde. Elles se trouvent en Argentine, aux États-Unis, en France, en Suisse, au Guatemala, en Ukraine, en Colom…
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                                              06-10-2020
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                                              Le goût — 10/12

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                                              09-06-2020
                                              Inside Outside

                                              Le toucher — 9/12

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