Témoignage
Publié le 26 avril 2018

Robert Lee Allen est incarcéré dans l’État du Michigan, aux États-Unis. Il effectue actuellement la cinquième année des dix-sept auxquelles il est condamné. Il a écrit le texte “Sleepwalking” que nous avons édité afin d’en assurer la clarté. Voici son témoignage.


EN PRISON, on vit soit dans le passé, soit dans l’avenir. N’importe quand, sauf maintenant. C’est soit ça, soit accepter cet endroit comme “chez soi”. Nous regardons la télévision, lisons des livres, racontons des histoires, et d’autres choses pour nous évader. Nous remplissons nos esprits d’espoirs d’une vie encore à construire, ou de souvenirs d’une vie déjà finie depuis longtemps. Pour nous, la vie, c’est partout, sauf ici. Comme si tout était figé derrière ces murs, et ne reprenait son cours qu’une fois la sortie franchie.
Le luxe qu’est cette perspective, nous le méritons. Nous avons gagné le droit de nourrir ces pensées. C’est plus réconfortant, plus facile d’une certaine façon. Penser autrement serait absurde, pas vrai ?

Un endroit où l'on est contraint à travailler pour quelques centimes par journée. Où l'on est puni si on n’entretient pas la prison qui nous garde enfermés.

Qu'est-ce que le sens de la vie  : s’en sortir indemne, sans rien avoir appris d’important ?

Il est facile de se rendormir dans un endroit comme celui-là. De se mettre à vivre dans un avenir rêvé au moment même où la vie s'écoule, juste là