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France : les surveillants bloquent 18 prisons, après l’agression de Condé-sur-Sarthe

Des surveillants de prison ont répondu à un appel pour une mobilisation nationale, ce mercredi, après qu’un détenu radicalisé a blessé grièvement deux surveillants mardi avec un couteau, à Condé-sur-Sarthe, près d’Alençon. Dix-huit prisons sont bloquées dont celles de Bapaume, Condé, Nantes et Fleury-Mérogis. Dans ces 18 établissements, sur un total de 188 en France, les surveillants ont refusé de prendre leur service.

Le détenu radicalisé qui se trouvait mardi matin à l’unité de vie familiale du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, près d’Alençon, a blessé grièvement les deux surveillants avec un couteau avant de se retrancher avec sa compagne dans l’unité. Il a été interpellé après l’intervention du RAID. Il a dit vouloir “venger Chérif Chekatt”, mis en cause dans l’attentat de Strasbourg en décembre dernier.

Cette agression intervient dans un contexte de climat social tendu dans les prisons françaises. Des surveillants ont aussitôt débrayé mardi devant des établissements et un appel a été lancé par des syndicats pour une mobilisation nationale dès mercredi.

La situation ce mercredi

À Condé-sur-Sarthe, une centaine de surveillants bloquent l’accès à la prison ce mercredi matin, selon l’UFAP UNSa Justice. Les gardiens de prison ont allumé un feu, faisant brûler des pneus et des palettes, d’après une journaliste de l’AFP présente sur place.

À Longuenesse, autre établissement de ce département, les extractions ont été ralenties mais il n’y a pas eu de blocage.

La prison de Fleury-Mérogis de Fresnes est également bloquée. Environ 200 personnes sont rassemblées devant la prison, qui pour rappel est aussi la plus grande d’Europe. “Les collègues veulent aller bosser mais on ne les laisse pas, on ne les envoie pas dans un mouroir”, a déclaré à l’AFP Thibault Capelle, délégué local FO-Pénitentiaire.

Dix-huit établissements pénitentiaires sont “bloqués” ce mercredi matin en France, a annoncé la direction de l’administration pénitentiaire (DAP) à l’AFP. Dans ces 18 établissements, sur un total de 188 en France, les surveillants ont refusé de prendre leur service, a expliqué la DAP. Outre Condé-sur-Sarthe, le mouvement touche notamment les prisons de Fleury-Mérogis, Melun, Tarascon, Gradignan et Borgo.

“À peu près 80% des établissements sont mobilisés”, a affirmé à l’AFP Yoan Karar, secrétaire général adjoint du syndicat FO (majoritaire). “Les revendications portent sur la sécurité et les salaires. Il faut une revalorisation salariale car la grosse problématique, c’est qu’on n’arrive pas à recruter. Le problème, c’est que le métier n’est pas attractif. Donc il faut attirer des gens et éviter le départ des agents, par exemple vers la police municipale”.

“Le mouvement est assez bien suivi partout en France”, a dit de son côté Christopher Dorangeville, secrétaire général CGT-Pénitentiaire. “Nous nous mobilisons aussi pour nos deux collègues blessés”, a-t-il déclaré.

Dès mardi, des surveillants de la prison de Maubeugeavaient débrayé en soutien à leurs collègues de l’Orne.

Cette agression intervient dans un contexte déjà tendu dans les prisons françaises. En janvier 2018, un vaste mouvement de mobilisation avait démarré après l’agression par un détenu jihadiste de trois surveillants à la prison de Vendin-le-Vieil , prison la plus sécurisée de France avec celle de Condé-sur-Sarthe. L’agression avait déclenché un mouvement social de trois semaines dans les prisons françaises.

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