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Source : Ouest France (08/11/2020)
Lire la fiche-paysFrance: à la prison de la Santé, les murs ont été poussés pour isoler tous les détenus arrivants
À la prison de la Santé, à Paris, où les murs ont été poussés pour isoler tous les détenus arrivants, la seule vague constatée est celle des nouvelles incarcérations.
Une puissante odeur de désinfectant se dégage à l’ouverture d’une cabine de parloir. La brigade de nettoyage, composée de quatre auxis, vient de désinfecter les lieux, laissant des traces jusque sur la cloison en plexiglas.
Totalement suspendus pendant le premier confinement, par crainte d’une propagation du virus en détention, les parloirs familiaux ont été maintenus dans les 188 prisons françaises, à condition qu’ils soient dotés de dispositifs de séparation. Patrouillant dans le couloir, des agents surveillent les 25 cabines équipées de la Santé. Le non-respect des règles sanitaires, dont le port du masque obligatoire pour les détenus et les visiteurs dès six ans, peut entraîner une quatorzaine. Comme à l’extérieur, faire entrer le port du masque dans les mœurs n’a pas été simple au départ à la Santé, remarque son directeur Bruno Clément-Petremann. Ça commence à être mieux respecté mais il faut sans cesse en rappeler l’utilité.
Face à neuf détenus réunis pour un temps d’échanges mensuel avec la direction, son adjoint insiste encore sur ce point : un quart d’heure, ça suffit pour attraper le Covid. Les box avocats font 1m2, ne baissez pas le masque, recommande-t-il. Depuis le début de l’épidémie, on communique beaucoup, d’abord pour être transparent sur la réalité de la situation qui n’est pas catastrophique, met en avant Bruno Clément-Petremann. Avec actuellement six détenus contaminés au Covid-19, et seulement 26 testés positifs depuis mars, sans complications, ce n’est pas la déferlante qu’on aurait pu imaginer, souligne-t-il. C’est rassurant aussi pour les détenus, même si l’angoisse est toujours là.
Tester-tracer-isoler, on le fait depuis le début, dès qu’un détenu a le nez qui coule, explique le médecin chef, Benjamin Silbermann, à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes. Quand les détenus sont positifs, on va les voir tous les jours vérifier qu’ils vont bien, ajoute-t-il, entre deux consultations à l’unité sanitaire de la prison. Pour le Dr Silbermann, si le virus est là, on ne peut pas parler d’épidémie pour l’instant. Le fait d’être dans un milieu clos nous permet de contrôler davantage l’évolution*, abonde Bruno Clément-Petremann. Une flambée récente de cas contact après des contaminations a conduit au confinement de tout un bâtiment et de 250 détenus. C’est très efficace. Après une semaine, il n’y avait plus de cas, note le directeur.**
La prison n’est toutefois pas à l’abri d’une poussée épidémique. La vraie inquiétude aujourd’hui, c’est la transmission par les arrivants, plus nombreux alors que la délinquance, en chute libre pendant le premier confinement, est repartie à la hausse, pointe M. Clément-Petremann. On gère une crise qui au dire du ministre de la Santé est plus violente mais avec un effectif qui ne diminue pas, constate-t-il. Bien au contraire : au sortir du premier confinement, à la faveur notamment de mesures de libérations anticipées (qui n’ont pas été renouvelées par le gouvernement), la maison d’arrêt de la Santé comptait 603 détenus pour quelque 700 places. Ils sont désormais 812, soit 200 de plus.
Onze nouvelles entrées de détenus ont été comptabilisées jeudi soir. Tous seront isolés pendant sept jours. Si aucun cas positif n’est détecté, ils intégreront le reste de la détention. Mais si vous avez deux ou trois positifs au sein du quartier arrivants, vous êtes obligé de confiner tout le quartier arrivants qui ne se vide donc pas, souligne le directeur du centre pénitentiaire parisien.
Face à la hausse du nombre d’incarcérations, le quartier arrivants, d’une quarantaine de places, ne suffisait plus, affirme Bruno Clément-Petremann. Un deuxième quartier arrivants a donc été créé dans une autre aile de la prison, portant la capacité totale à 105 places. Pour l’instant ça va, mais il ne faudrait pas qu’on dépasse la barre des 850 détenus, glisse le directeur de la Santé.