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Belgique : la place des psychotiques en prison au coeur des débats

Le procès des 22 agents pénitentiaires et de la directrice de la prison de Forest devant le tribunal correctionnel de Bruxelles s’est largement arrêté, durant la matinée de mercredi, sur les responsabilités engagées dans l’incident avec un détenu longue peine de l’annexe psychiatrique. Les coups portés durant son transfert au cachot ont occasionné des fractures des côtes et un pneumothorax, pour lequel il a été opéré en urgence seulement deux jours plus tard.

Les interrogatoires ont fait transparaître la difficulté de gérer des personnes atteintes de troubles psychiatriques en prison.

Le détenu était agité dans sa cellule quand une intervention a été demandée et validée par la directrice pour sa propre sécurité. Le détenu a déclaré avoir été tapé dans sa cellule et le long du trajet le menant au cachot, mais il se serait lui aussi fait mal tout seul durant l’épisode. Cet incident a fait l’objet d’un non-lieu, étant donné que les responsabilités n’ont pas pu être établies.

Il était dans sa cellule en slip et la cellule était sens dessus dessous”, a constaté Gunther A. le lendemain matin de ce nouvel incident. Il le connaît depuis une dizaine d’années et le présente comme une personne qui n’est pas spécialement agressive. Voyant que le cachot de l’annexe psychiatrique était libre, il a prévenu ses supérieurs pour organiser son transfert. L’information n’est pas ici remontée jusqu’à la directrice. Il a été transporté encore en slip et sur une chaise roulante. La directrice lui a rendu visite par après. L’homme ne s’est alors pas plaint et le rapport des visites médicales concluait à un état dans les constantes mais à surveiller, la note initiale d’un état déshydraté inquiétant ayant été revue par le personnel soignant.

La directrice est retournée le voir au surlendemain de l’incident. Plus tard dans la journée, la situation s’est précipitée. “J’entends des râles et des gémissements et j’en informe immédiatement mon supérieur”, raconte Sellam O. H. Z., pour décrire la situation qui a alerté les médecins et qui a amené la directrice à ordonner son transfert à l’hôpital. Ce gardien de l’annexe psychiatrique semble avoir développé avec le temps un lien avec le détenu, dont il estime que la place n’est pas en prison. “Ces derniers temps, il n’allait pas bien et c’était cachot sur cachot. Il brûlait du papier dans sa cellule, cassait des choses…” L’homme avait perdu une vingtaine de kilos. Sellam O. H. Z. a demandé avec un de ses collègues à partir avec lui à l’hôpital. Le détenu a été opéré en urgence. Le gardien a passé la nuit à ses côtés.

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