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Arabie Saoudite : un journaliste détenu 56 jours dans une prison saoudienne

“Cette cicatrice-là, c’est ma tentative de suicide.” Yahya al-Sewari tend le bras dans la pénombre de sa chambre d’hôtel. Une longue marque rouge court sur sa peau. “La barre de métal n’était pas assez pointue pour me couper profondément et me tuer, alors j’ai eu l’idée de creuser, creuser…”

Le journaliste yéménite de 27 ans est arrivé dans le sud d’Oman après s’être évadé d’une geôle secrète saoudienne, implantée au Yémen. Ce grand jeune homme, aux épaules larges et à l’imposant masar (turban) sombre, enquêtait depuis plusieurs mois sur les exactions commises par l’Arabie saoudite dans le gouvernorat yéménite de Mahra.

Le 3 juillet, il est arrêté puis transféré dans plusieurs prisons, avant d’y subir des tortures et l’angoisse de longs interrogatoires. “Je ne peux pas raconter mon histoire dans cette chambre, il faut que je fume”, dit-il. L’homme propose la cour d’un café déserté, en périphérie du centre-ville. Sa main droite tremble quand elle amène cigarette après cigarette à ses lèvres.

Yahya dit avoir commencé le journalisme en 2011, lors des “Printemps arabes”. Arrestations, menaces, violences, accusations d’espionnage… Il raconte les risques quand on est coincé entre une multitude de factions armées, peu identifiables et pas vraiment sensibles à la liberté de la presse. Le 10 octobre 2017, alors qu’il travaille dans une zone contrôlée par les rebelles houthis, il est kidnappé, puis emprisonné sept mois. “Ils m’ont fait signer un papier promettant que je ne travaillerais plus dans leur région, puis m’ont relâché” explique-t-il. Yahya insiste sur cet épisode. Il ne veut être associé à aucune forme de militantisme. Pour lui, Saoudiens comme houthis haïssent les journalistes. “Il n’y a plus beaucoup de confrères au Yémen… “, assure-t-il.

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