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Inde : comment sortir d’une prison quand on est innocent ?

Un guide, écrit pas un ancien détenu innocenté au bout de neuf ans de prison, vient de sortir dans les librairies du pays. L’ouvrage devrait être un succès vu le nombre de détenus qui languissent en prison sans avoir été jugés ni condamnés.

C’est un guide comme il en existe des centaines en Inde. Sauf que celui-ci n’est pas consacré aux meilleures universités du pays ou encore aux plus belles destinations touristiques. Il est destiné aux milliers d’innocents qui souhaitent sortir des prisons indiennes. Begunaah Qaidi (“prisonnier innocent”), publié le 1er mars en Inde aux éditions Pharos, se lit comme un manuel. On y apprend à faire face à la torture en détention préventive ou encore à débusquer les preuves à charge, fabriquées de toutes pièces. Il a été rédigé par Abdul Wahid Shaikh, un instituteur emprisonné durant neuf années pour sa participation présumée aux attentats de Bombay de 2006, avant d’être innocenté en 2015. Son ouvrage de 400 pages devrait connaître un grand succès au vu du nombre de détenus qui languissent dans les prisons indiennes sans avoir été jugés, et encore moins condamnés. Ils étaient 282 000 en 2015, soit les deux tiers de la population carcérale.

Avec 30 millions de procès en cours et du fait de l’engorgement du système judiciaire indien, ils peuvent attendre des années. Près du quart de ceux qui attendent leur jugement en prison y séjournent depuis plus d’un an. Devant l’urgence de la situation, la Cour suprême a ordonné, en 2004, la libération provisoire de tous ces détenus qui ont déjà passé en prison plus de la moitié de la peine qu’ils encourent pour les faits qui leur sont reprochés.

Trois degrés de torture

Comme souvent, les suspects arrêtés dans des affaires de terrorisme, ou dans les Etats en proie à des mouvements insurrectionnels comme le Cachemire ou le Chhattisgarh, sont d’abord tourmentés.
“Il y a trois degrés de torture pour nous forcer à signer des aveux”, témoigne Abdul Wahid Shaikh. Il y a d’abord les insultes sur la religion, en l’occurrence l’islam, les menaces de viol sur les membres de la famille, puis les passages à tabac à coups de ceinture. Enfin la suspension au plafond par les bras attachés dans le dos, l’administration de décharges électriques sur les parties génitales, ou encore l’écartement prolongé des jambes, pour mettre la personne en position de grand écart à 180 degrés et déchirer ses muscles.

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