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France : la nouvelle prison de la Santé accueille ses premiers détenus

L’historique prison parisienne accueille ses premiers prisonniers, ce lundi, après un vaste chantier de modernisation.

Pendant plus de quatre ans, l’antique maison d’arrêt est restée quasi vide et fermée, livrée aux bulldozers et aux pelleteuses. Ce lundi, la prison de la Santé, la seule de Paris intra-muros, qui a accueilli de célèbres criminels, dont Mesrine mais aussi des VIP comme Tapie ou encore le rappeur Booba, rouvre ses portes.

Toute la journée, entre le boulevard Arago et les rues de la Santé, Jean Dolent, Messier (XIVe), les fourgons de l’administration pénitentiaire vont amener quelque 80 nouveaux détenus, tous des hommes, extraits principalement des prisons engorgées de Fresnes (Val-de-Marne) et de Fleury-Mérogis (Essonne).

Samedi, dans ce quartier calme, à quelque 300 mètres de la place Denfert-Rochereau (XIVe), rien ne transpirait de la réouverture imminente de la plus célèbre prison de France. Même si le petit quartier réservé aux condamnés en semi-liberté (100 places) à déjà ouvert en toute discrétion l’été dernier.


380 surveillants et 700 caméras

La prison de la Santé, qui était totalement vétuste, sort d’un gigantesque chantier qui aura duré plus de quatre ans et coûté quelque 180 millions d’euros. Une partie du bâti ancien, notamment les quatre bâtiments en étoile autour de la rotonde, a été préservée et rénovés. Le reste a été rasé et reconstruit. Les cellules, dont la moitié individuelles, sont toutes équipées d’une douche, télévision, frigo et plaque à induction pour cuisiner, sont passées de 6m2 à 9m2.

Le quartier VIP a disparu au profit d’un quartier pour personnes vulnérables et menacées. Un quartier ultra-sécurisé est aussi prévu pour accueillir une quarantaine de détenus radicalisés. Le brouillage des 3, 4 et 5G, a été opéré dans tout le quartier de détention afin d’éviter les téléphones clandestins. La Santé sera aux mains de 380 surveillants et placée sous les yeux de 700 caméras.

Ce lundi, les nouveaux arrivants, triés sur le volet et volontaires pour venir à Paris, seront affectés au… ménage. La prison de la Santé qui sort de ce chantier titanesque, tout juste terminé ce vendredi, est encore poussiéreuse.


« Un établissement à taille humaine »

Christelle Rotach, 49 ans, la nouvelle directrice de la prison de la Santé, à Paris, ne cache pas sa fierté. “C’est un très bel établissement, réhabilité avec goût. Et c’est rare de dire ça d’une prison !” La souriante quadragénaire, diplômée d’un DESS de sciences criminelles cite, plus précisément, “les quartiers bas historiques, la mise en valeur de la pierre meulière, les coursives lumineuses et la taille humaine de la prison”.

Ce lundi, l’ancienne directrice des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône), nommée à Paris depuis septembre 2017 “*pour suivre le chantier et caler toutes les procédures”*, accueillera les premiers détenus, transférés d’autres maisons d’arrêt. La directrice prévient, notamment, en direction des riverains inquiets et avec qui elle est en relation directe, “qu’il risque d’y avoir un peu de pinpon”.

Samedi, à J-2 de l’ouverture, la directrice restait calme. “*Tout n’est pas absolument prêt, comme dans tout gros chantier. Jusqu’à hier, il y avait des ouvriers qui s’affairaient à remplacer des faux plafonds qui n’étaient pas les bons. Il y a aussi des portes qui ont été installées à l’envers, des serrures dans le mauvais sens !”*


Une prison bondée six mois après son ouverture

Mais la directrice préfère mettre en avant les innovations. Notamment des cellules équipées d’un téléphone fixe. Les détenus pourront téléphoner autant qu’ils le veulent vers des numéros autorisés : famille, avocat, défenseur des droits de l’homme, médecins, etc. “*Cela permet de maintenir le lien familial, se félicite la directrice. Ce type d’installation limite le risque suicidaire et améliore la relation aux surveillants, en déchargeant ces derniers de la problématique du téléphone hors des cellules et des conflits qui vont avec *”.

Christelle Rotach n’idéalise pourtant pas sa prison… Avant l’été, soit moins de six mois après son ouverture, la Santé sera sur occupée, jusqu’à 150 % en accueillant 1200 détenus ! “On est rattaché à un tribunal, glisse-t-elle, et on se doit d’accueillir tous les détenus”. Pourtant, le ministère de la Justice avait annoncé une capacité théorique de 800 détenus. “Je n’y ai jamais cru !”, dit-elle. C’est pourquoi la “patronne” de la Santé a anticipé : “J’ai fait doubler la moitié des cellules avec des lits superposés”.

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Ou à écouter sur France Culture : 9m² à la Santé.