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France : le centre pénitentiaire de Perpignan au bord de la crise de nerfs

Les altercations se multiplient et l’hygiène se détériore tant la population carcérale croît à la prison de Perpignan. Ce qui, par ricochet, a une incidence sur les conditions de travail du personnel pénitentiaire, las de ce quotidien vascillant entre insécurité et exaspération.Mais aussi et surtout impatient à l’idée de voir se construire dans les Pyrénées-Orientales une seconde prison, à Rivesaltes, à l’horizon 2024 selon les dernières informations du ministère de la Justice.

En tête du peloton. La prison de Perpignan est la plus surpeuplée de France. “Vingt ans que ça dure”, déplorent, amers, des surveillants. Au point qu’à ce jour, 76 individus y dorment au sol.

Car si au centre de détention il existe un numerus clausus, tel n’est pas le cas à la maison d’arrêt. Et chaque jour, de nouveaux prévenus franchissent les portes du centre pénitentiaire “Mailloles”. Deux, voire trois…Plus d’une dizaine d’un coup parfois.

Le phénomène est endémique. Entraînant de fait des problèmes de cohabitation entre détenus. Et entre dignité et répression, la sécurité du personnel en pâtit. Les unes n’allant pas sans les autres, les conditions d’incarcération sont intrinsèquement liées aux conditions de travail des encadrants.

Surveillants blessés

La sécurité, parlons-en. Ce mardi 22 mai, pour ne pas s’être rendu à l’école, un détenu mineur a fait l’objet d’une mesure de bon ordre. Il a été par conséquent privé pendant 24 heures de télévision. Courroucé, le jeune homme aurait alors saccagé sa cellule. Des objets auraient été jetés au sol, des assiettes cassées. Vu l’intensité des cris et du bruit, la détention en aurait été perturbée. Un gradé et deux surveillants seraient alors intervenus pour maîtriser le mis en cause. Blessé à la main et menacé de mort, l’un des surveillants a déposé plainte. “Dans cette affaire, le détenu n’est pas allé au quartier disciplinaire, le surveillant côtoie donc encore son agresseur et le transfert du détenu a été refusé par la direction inter-régionale. C’est indigne !”, soulève indigné le syndicat UFAP UNSA justice.

Ce fait n’est pas isolé. Jeudi 23 mai, un détenu placé au quartier disciplinaire a mis le feu à sa cellule. L’un des surveillants équipés pour venir à bout du sinistre a lui aussi été touché aux cervicales tandis qu’il maîtrisait le mis en cause. Le jour même au tribunal, à la suite d’un incident survenu le 21 novembre 2016 où un détenu avait simulé un suicide et en était venu aux mains avec 3 surveillants a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt et mandat d’arrêt, et 1 000 euros de dommages et intérêts pour la seule partie civile. Une prison au bord de la crise de nerfs. L’expression est faible.

Tuberculose, puces, gale

Derrière l’immense bâtisse longeant la départementale 900 direction Toulouges et Canohès en venant de Perpignan, séjournent hommes, femmes, mineurs, Français, Espagnols, Asiatiques, Allemands, Nord-africains, de tous âges, toutes confessions, avec pour certains des problèmes psychiatriques, éreintés par des circonstances disparates, mais dont les chemins se croisent sur la route de la détention en terre catalane. Il y a 725 détenus hébergés et 81 dotés de bracelet électronique. Soit 806 écroués. Pour 539 places.

Souvent, 3 détenus logent dans 9 m2. Car des moratoires successifs reportent l’encellulement individuel… pourtant inscrit dans les textes de loi depuis 1 875. Le dernier en date de 2014 a été reporté jusqu’en 2022. Et précision : ces espaces de vie sont dépourvus de douche. En France, oui. À Perpignan du moins. Ce qui n’est pas le cas à Montpellier, Toulouse, Béziers, Carcassonne ou Montauban. Dans la capitale roussillonnaise, la fin des travaux préparatoires pour les douches en cellules serait évaluée au mois d’août prochain.

En attendant, faute de conditions d’hygiène décentes, gale, poux, et tuberculose envahissent les lieux et infectent les organismes.

Dans les couloirs d’accès au quartier femmes, des bassines d’eau jonchent le sol. Pour remédier à des fuites d’eau ? Que nenni. Pour piéger les puces. Malgré un nettoyage quotidien, en zones neutres, les détritus, de type baguettes de pain ou emballages, lancés des fenêtres des cellules s’amoncellent. Pour le plus grand bonheur des pigeons et des chats du coin.

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