Contributeur(s)Think Centre / Prison Insider

Le système pénitentiaire

La prison de Changi est construite en 1936 par l’administration britannique. Elle sert de centre de détention pour les prisonniers de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale. Le bâtiment est démoli en 2000, quand commence la réhabilitation du complexe pénitentiaire de Changi. Le projet est attribué à CPG Corporation. Il coûte près de 800 millions de dollars.

Il comprend quatre groupes (clusters) d’institutions, des installations de soutien et le siège du SPS. Le site est construit en plusieurs étapes. Le groupe A ouvre en 2004, le groupe B en 2010.

Le Complexe pénitentiaire de Changi est la prison la plus densément peuplée du monde. Il peut accueillir 23 000 détenus. Il s’agit d’une super-prison moderne et high-tech. Le SPS le décrit comme “ultra-utilitaire”, justifiant son ampleur par des opérations facilitées et les économies réalisées grâce à la mise en commun des services. L’humanité des traitements réservés aux prisonniers n’entre pas en ligne de compte. Le complexe est extrêmement confiné : tout est à l’intérieur. Les prisonniers voient rarement la lumière du jour.

Le SPS est actuellement installé le long de l’Upper Changi Road North, à côté de la Société des entreprises singapouriennes pour la réinsertion (Singapore Corporation of Rehabilitative Enterprises, SCORE). Le nouveau siège, en cours de construction, se situera au sein du complexe pénitentiaire de Changi. Le projet comprend quatre bâtiments principaux, plusieurs petits bureaux, une salle polyvalente, un pavillon et un auditorium.

Sembawang Engineers and Constructors (SEC) décroche, en 2012, le contrat de 118.5 millions de dollars pour la prison de Changi. La livraison, qui devait avoir lieu en 2014, est retardée en raison des difficultés financières de son entrepreneur d’origine, actuellement en redressement judiciaire. Un nouveau contrat est attribué à Precise Development. Le projet est achevé en 2016.

Nombre de places opérationnelles

16 249

i
31/12/2013
/ World Prison Brief

Le Service pénitentiaire de Singapour compte sept divisions du personnel :

  • Opérations
  • Formation du personnel
  • Services administratifs
  • Rééducation et réinsertion
  • Planification stratégique et recherche
  • Renseignement
  • Division de la rééducation psychologique et correctionnelle (Psychological & Correctional Rehabilitation Division , PCRD)

Le SPEAR, (Singapore Prisons Emergency Action Response, Service d’intervention d’urgence des prisons de Singapour) est une force d’élite déployée en cas d’émeute ou d’affrontements dans la prison.

Les détenus, dans leurs témoignages, décrivent un personnel froid et brutal. Les membres du personnel s’adressent régulièrement aux détenus en criant et leur imposent des punitions cruelles, comme rester debout dans une position fixe pendant une durée prolongée.

Les surveillants pénitentiaires contrôlent les faits et gestes des détenus grâce à l’analyse vidéo et à la reconnaissance faciale. Ce système serait expérimenté, depuis le second semestre 2017, dans la prison réservée aux femmes.
Soh Wai Wah, ancien Commissaire aux prisons de Singapour, déclare que le SPS “envisage un avenir où la prison peut fonctionner sans surveillants.” Soh Wai Wah justifie cette réforme par une plus grande attractivité du travail pénitentiaire pour les plus jeunes. Le gouvernement est en concurrence avec d’autres secteurs qui évoluent rapidement et le travail pénitentiaire semble moins attrayant.

Cependant, cette réforme soulève d’importantes préoccupations quant à la déshumanisation progressive des prisons de Singapour. Le complexe pénitentiaire de Changi est déjà la prison la plus densément peuplée de la planète, décrite comme froide et confinée. Derrière la rhétorique du SPS et la bonne volonté affichée, on peut supposer que l’objectif principal de cette réforme est de réduire davantage le budget annuel alloué à la gestion des prisons.