Contributeur(s)Bénédicte Brunet-La Ruche/Prison Insider

Populations spécifiques

La population carcérale totale s’élève, en juillet 2016, à 6 847 prisonniers. Le taux d’incarcération diminue mais demeure élevé par rapport aux autres pays d’Afrique occidentale. Il est estimé, en 2016, à 63 détenus pour 100 000 habitants. Il était de 66 en 2014 et de 77 en 2012.

La justice traditionnelle limite le recours à la justice “formelle”, comme dans beaucoup de pays d’Afrique1.

La surpopulation carcérale est une préoccupation majeure. Le taux d’occupation est, en juillet 2016, de 204 % pour une capacité théorique de 3 350 places. Ce taux diminue, depuis 2013, principalement suite à l’ouverture de la prison d’Abomey-Calavi en 2014. Le problème de surpopulation est notamment lié au dysfonctionnement du système pénal. Le taux de prévenus est particulièrement élevé par rapport à celui des condamnés : en juillet 2016, 66.6 % des 6 847 personnes détenues étaient en détention provisoire. Toutes les prisons, excepté celle d’Akpro-Missérété, sont surpeuplées. Elles hébergent deux à cinq fois leur capacité d’accueil. L’adoption du nouveau code de procédure pénale est votée en 2012 et promulguée en mars 2013. Il prévoit des mesures d’aménagement de la peine et de libération anticipée qui peuvent avoir un impact sur la situation carcérale si elles sont utilisées.


  1. Pour une étude sur la justice traditionnelle, voir l’Initiative africaine pour la sécurité humaine, “Bénin : revue de la justice criminelle”, juin 2009, 3ème partie, étude sur la justice coutumière au Bénin, p. 91. 

Prévenus

66,6 %

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31/07/2016
/ Ministère de la Justice et de la Législation

Les prisons accueillent, en juillet 2016, 259 femmes. Cela représente 3.8 % de la population carcérale à cette date. Les mineures sont incarcérées avec les femmes.

Aucune prison ne leur est exclusivement réservée. En théorie, les prisonniers doivent être séparés en fonction de leur sexe mais cela n’est pas toujours respecté dans la pratique. A Cotonou, Ouidah, Abomey, Parakou, Lokassa et Abomey-Calavi, les femmes et les mineurs doivent traverser le quartier des hommes pour avoir accès à la cour centrale, à l’administration, à l’unité des soins, au parloir, au lieu de culte… Dans certaines prisons, les entrées des quartiers pour femme et pour mineur sont tenues par des prisonniers masculins.

Le personnel des prisons est essentiellement masculin, y compris dans les quartiers réservés aux femmes.

Les quartiers pour femmes sont globalement plus propres que ceux des hommes. Elles font tout de même face à des problèmes d’hygiène.

Les besoins nutritifs des femmes enceintes ou allaitantes ne sont pas pris en compte dans les repas.

Les besoins de santé spécifiques aux femmes enceintes ne sont pas pris en charge. Elles ne sont pas suivies médicalement pendant leur grossesse. Elles accouchent dans le centre de soin le plus proche sous la surveillance d’un gardien.

Parmi les femmes emprisonnées en juillet 2016, 31 sont accompagnées de leur enfant. Elles doivent partager avec le nourrisson leur ration quotidienne. Un enfant ne peut pas, en théorie, vivre en prison avec sa mère au-delà de ses quatre ans. En l’absence de structures d’accueil ou de possibilité de recueil par un membre de la famille, l’enfant reste cependant avec sa mère. Aucun dispositif d’aide au développement n’existe pour ces enfants. Ils sont à la charge de leur mère.

Femmes détenues

3,8 %

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31/07/2016
/ Ministère de la Justice et de la Législation

Les prisons accueillent, en juillet 2016, 104 mineurs. Cela représente 1,5 % de la population carcérale à cette date.

Seules des mesures de tutelle, de surveillance et d’éducation peuvent être prononcées contre un mineur de moins de 15 ans. Les mineurs de plus de 15 ans peuvent faire l’objet d’une condamnation pénale, de mesures de garde ou de rééducation.

Les détenus mineurs et adultes doivent, en théorie, être séparés. Cela n’est généralement pas respecté dans la pratique. Un adulte est désigné, dans certaines prisons, comme accompagnateur pour les mineurs. Il loge alors dans le même bâtiment qu’eux.

Les quartiers pour mineurs sont globalement plus propres que ceux des adultes. Les mineurs sont les seuls à bénéficier des rares accompagnements psychologiques ou psychosociaux. Ce suivi est dispensé par des assistants sociaux.

Les rations quotidiennes de nourriture sont les mêmes que celles des adultes. Les besoins nutritifs spécifiques aux mineurs ne sont pas pris en compte.

Trois centres de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence prennent en charge les mineurs en situation difficile. Ils sont situés à Agblangandan, à Aplahoué et à Parakou. Le premier exerce à la fois en milieu ouvert et en milieu fermé et les deux autres en milieu ouvert uniquement. Les mineurs sont orientés vers ces centres pendant ou à la fin de leur incarcération afin de les aider dans leur insertion sociale.

Mineurs détenus

1,5 %

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31/07/2016
/ Ministère de la Justice et de la Législation