
Côte d'Ivoire
Capitale — Yamoussoukro
Taux d'incarcération (pour 100 000 habi…
i05/2024Population du pays
i2023Nature du régime
Indice de développement humain
Taux d'homicide (pour 100 000 habitant.…
Non communiqué
Ministère(s) en charge de l'administrat…
ministère de la Justice et des Droits d…La Direction de l…
Nombre de personnes incarcérées
Taux d'occupation
Nombre d'établissements
i2024/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe III - Tableau de présentation de la situation sanitaire des mac”, 2024.Un MNP est créé
Femmes incarcérées
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Enfants incarcéré.es
3,7 %dont 22 filles
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Pourcentage de personnes en détention p…
La peine de mort est abolie
Vue d'ensemble
Population carcérale
Taux d'incarcération (pour 100 000 habitant.es)
94
Les autorités publient des données chiffrées sur la population carcérale
de manière irrégulière
L’administration pénitentiaire dispose d’un système de recensement informatique
Le suivi des dossiers individuels est difficile en raison du manque d’informations intégrées et de la faible transmission à travers la chaîne pénale et entre les établissements pénitentiaires.
Nombre de personnes incarcérées
Évolution du nombre de personnes incarcérées
augmentation
Le nombre de personnes incarcérées augmente de 4,08 % entre décembre 2022 (26 084)1 et mai 2024 (27 149).
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022. ↩
Nombre de personnes exécutant une peine non privative de liberté
Non communiqué
Le Code de procédure pénale connaît en 2018 l’introduction de mesures alternatives à la détention, dont le contrôle judiciaire, les travaux d’intérêt général et des amendes pour des délits.1 Ces mesures sont en pratique peu appliquées : de 2019 à 2022, les tribunaux de Yopougon et Bouaké ont respectivement prononcé 198 et 52 ordonnances de placement sous contrôle judiciaire.2 Les travaux d’intérêt général ne sont pas encore mis en application.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 96. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022“, 2023, p. 54. ↩
Évolution du taux d'incarcération
augmentation
Le taux d’incarcération augmente de 2,17 % entre 2022 (92) et 2024 (94).
Nombre d'entrées
Non communiqué
Nombre de sorties
Non communiqué
Taux d'occupation
Ce taux figure parmi les plus élevés au monde. Les organisations de la société civile pointent du doigt le recours excessif à la détention provisoire et le faible recours aux aménagements de peine et aux peines non privatives de liberté. Les raisons sont nombreuses : le manque de ressources humaines (y compris de magistrat.es) et financières, la perte des dossiers, les barrières administratives (système de validation hiérarchique excessif, absence d’adresse, de carte d’identité, de garanties de représentation ou de certificat médical) et le manque de coopération entre les différent.es acteur.ices de la chaîne pénale.1
Évolution du taux d'occupation
diminution
Le taux d’occupation diminue de 6,75 % entre mai 2022 (318,59 %)1 et mai 2024 (297,07 %).
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), ‘Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022’, mai 2022, p. 12. ↩
La surpopulation se concentre dans certaines catégories d'établissements
non
La surpopulation est une tendance généralisée qui touche l’ensemble du pays.1 En 2022, neuf prisons affichent des taux d’occupation supérieurs à 600 % : Bondoukou (865,45 %), Bouaké (717,91 %), Korhogo (664,71 %), Sassandra (1 092,31 %) et Soubré (845,88 %). Seules deux prisons affichent un taux inférieur à 100 % : M’Bahiakro (46 %) et la ferme pénitentiaire de Saliakro (14,74 %).23 Des organisations de la société civile relèvent qu’à la prison de Soubré les personnes détenues doivent dormir en alternance, ou chacune sur son côté, en raison du manque d’espace dans les cellules. Elles constatent également qu’aux MAC de Man et Soubré, certaines personnes dorment sous des bâches à l’extérieur en raison de la surpopulation.
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 11-12. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), «Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022 », mai 2022, pp. 12-13. ↩
Le pays a été condamné par une juridiction internationale en raison de sa surpopulation carcérale
non
Un organe de contrôle s’est prononcé sur la surpopulation carcérale
Le Comité contre la torture des Nations unies souligne, lors de l’examen de la Côte d’Ivoire en juillet 2024, les “graves problèmes de surpopulation carcérale” et leur impact, notamment sur la santé des personnes détenues. Le Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI) mène une enquête, du 23 au 27 mai 2022, dans toutes les prisons du pays afin d’évaluer la surpopulation et son impact sur les droits humains. Le rapport d’enquête inclut plusieurs recommandations.
Organisation
Ministère(s) en charge de l'administration pénitentiaire
ministère de la Justice et des Droits de l’Homme (MJDH)
La Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) est chargée, au sein du ministère, de l’administration des prisons.
Budget de l'administration pénitentiaire
233 626,93
EUR / 152 500 000 FCFA
Le budget de l’administration pénitentiaire augmente de 63,5 % entre 2021 (93 300 000 FCFA) et 2022. Le montant demeure insuffisant pour répondre aux besoins des prisons. Ce manque est partiellement comblé par des dons externes, notamment de la part de proches ou d’ONG. Des jardins agricoles sont créés dans l’objectif d’atténuer les pénuries alimentaires.1 La gestion des ressources budgétaires ou humaines de l’administration pénitentiaire est sous la responsabilité du MJDH. Certaines sources rapportent que les sommes effectivement allouées aux établissements ne correspondent pas toujours à ce qui est déclaré par les autorités, notamment en ce qui concerne la part allouée aux produits alimentaires ou d’hygiène.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, p. 14. ↩
Pourcentage du budget du/des ministère(s) dédié(s) à l'administration pénitentiaire
0,007 %
L’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture - Côte d’Ivoire (ACAT-CI), la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT) et le Centre d’Études et de Recherche sur la Diplomatie, l’Administration Publique et le Politique (CERDAP²) signalent, en 2020, que les prisons semblent être reléguées au second plan par le MJDH lorsqu’il s’agit d’allouer des ressources financières pour faire face aux difficultés rencontrées.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 112. ↩
L’administration délègue à des prestataires privés tout ou partie de la gestion des établissements
non
Chaque établissement pénitentiaire est dirigé par une personne sous I’autorité et le contrôle du procureur de la République (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 10). Cette personne est responsable de la sécurité, de la discipline, du traitement des personnes détenues, de la formation du personnel et des mesures disciplinaires à l’encontre du personnel. Elle est assistée d’une personne adjointe à laquelle elle peut déléguer ses pouvoirs (article 14). Chaque établissement doit comprendre une direction, un bureau de sécurité, un bureau de la comptabilité, un bureau du greffe, un bureau des vivres et de la cuisine, un service médical et un bureau socio-éducatif (article 13).
Une organisation informelle existe en parallèle de ce fonctionnement : certaines responsabilités peuvent être déléguées aux personnes détenues. Le/la “chef.fe de cour” est responsable du maintien de l’ordre dans la cour. Cette personne est soit nommée par la direction, soit par ses pair.es. Dans le cas d’une personne nommée par la direction, les qualités suivantes sont préconisées : “la ‘sagesse’/la discipline, l’ancienneté, un certain niveau d’instruction et souvent d’alphabétisation, ainsi qu’une condamnation pour longue peine afin d’assurer la stabilité et la mémoire d’une fonction régie par définition par des règles pratiques, mais aussi de s’assurer du respect des autres détenu.es”.1 Le/la “chef.fe de cellule” fixe les règles internes de sa cellule collective, parfois même en contradiction avec celles de l’administration. L’organisation informelle dans les quartiers des hommes comprend des positions d’autorité supplémentaires : le “commis” est l’adjoint du chef de cour, le “porte pain” est chargé de la nourriture et le “taxi” est chargé de la liaison avec l’administration. Toutes ces personnes sont des auxiliaires qui travaillent avec la direction et le personnel pénitentiaire. Certaines sont qualifiées de “collabos cachés”.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 81. ↩
Les personnes détenues peuvent, selon la loi, être soumises à un régime fermé, de semi-liberté ou ouvert (Décret nº2023.239 et Code de procédure pénale). En pratique, la majorité des personnes détenues, condamnées ou en détention provisoire, sont soumises à un régime fermé. Les régimes de semi-liberté et ouvert ne sont pas en application. Les personnes détenues sont confinées dans leur cellule la nuit et peuvent sortir dans les espaces collectifs de l’établissement pendant la journée. Les heures de sortie varient d’un établissement à l’autre et sont décidées par la direction. En général, elles sont comprises entre 8h30-9h et 16h-17h.
Les “assimilé.es” sont des personnes qui bénéficient d’un régime de détention offrant certains privilèges et de meilleures conditions de vie. Ce terme, hérité de l’époque coloniale, concernait alors le quartier de détention réservé aux colons et aux personnes assimilées à ces derniers. Il fait aujourd’hui référence aux personnes détenues ayant un statut social privilégié et disposant de moyens financiers plus importants, comme les hauts fonctionnaires, les cadres, les diplômé.es. Ce statut leur permet d’améliorer leur vie quotidienne en détention. Elles délèguent certaines tâches, comme le nettoyage, à d’autres personnes détenues. Leurs quartiers sont souvent mieux équipés, avec par exemple l’air conditionné, une télévision ou une bibliothèque. Elles paient en outre d’autres personnes détenues pour assurer la sécurité et contrôler l’accès à cet espace. Les personnes en fin de peine sont parfois placées parmi les assimilé.es. Certaines nationalités aussi : un français raconte avoir été placé dans le bâtiment pour les assimilé.es dès son arrivée au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA). Ce terme ne figure pas expressément dans les textes. Toutefois, le décret 69-189 du 14 mai 1969, portant réglementation des Établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution des peines privatives de liberté, dispose que “Les détenus, prévenus ou condamnés pour lesquels le régime habituel de la détention serait de nature à entraîner chez eux des troubles d’ordre physiologique en raison de leur mode de vie antérieur, pourront être admis au bénéfice d’un régime tenant compte de cette situation quant au couchage ou à la nourriture” (article 142). Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² révèle que 4,6 % des personnes interrogées en détention provisoire relèvent du statut d’assimilé.e.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 36. ↩
Parc immobilier
Le parc pénitentiaire peut disposer de maisons d’arrêt, maisons de correction, maisons pénales et centres de réinsertion (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, articles 1-3). Les maisons d’arrêt doivent accueillir les personnes en détention provisoire (article 4), tandis que les autres établissements sont destinés aux personnes condamnées (article 5). Un même établissement peut servir à la fois de maison d’arrêt et de maison de correction (article 6). Les personnes en détention provisoire incarcérées dans des maisons de correction ou des maisons pénales doivent être placées dans un quartier spécial tenant compte de leur statut (article 232). Les maisons pénales accueillent les personnes condamnées pour des crimes ou condamnées à une peine d’emprisonnement supérieure à cinq ans pour des faits qualifiés de délits. Les maisons pénales disposent d’une organisation et d’un régime de sécurité renforcée dont les modalités internes “doivent néanmoins permettre la réinsertion sociale” (article 7). Les centres de réinsertion sont destinés aux personnes ayant effectué de longues peines, “pour leur permettre de recouvrer leur autonomie personnelle et sociale plus facilement, avec des activités socio-éducatives et des formations professionnelles”.
En pratique, les personnes condamnées et les personnes en détention provisoire sont détenues dans les mêmes espaces. Les maisons d’arrêt et de correction (MAC) ne disposent pas de quartiers spécifiques séparant les deux groupes. Les MAC sont, pour la plupart, construites de manière similaire : une entrée principale, une cour principale, les bureaux de l’administration (régisseur.se et adjoint.e, greffe, personnel social…), puis un grand portail central qui délimite l’espace de détention, avec ensuite des portails pour chaque catégorie de personne détenue, qui ont respectivement une cour et des dortoirs. Il existe deux maisons pénales situées à Bouaké et Abidjan. Les centres de réinsertion sont au nombre de trois mais fonctionnent difficilement d’après une organisation de la société civile. La ferme pénitentiaire de Saliakro est spécialement destinée à recevoir les personnes condamnées en fin de peine. Elle est pourvue d’un espace agricole permettant la formation des personnes détenues aux activités agro pastorales. Aucun établissement n’accueille exclusivement de femmes.1
Nombre d'établissements
41
Capacité d'accueil des établissements
9 139
Évolution de la capacité d'accueil des établissements
pas d’évolution
Aucune évolution n’est observée depuis décembre 2022 (9 139).1 Neuf établissements datent d’avant l’indépendance du pays, le plus ancien étant celui de Grand-Bassam (1900). Vingt-cinq prisons sont construites entre 1960 et 1991. Un seul établissement est construit entre 1991 et 2018 : la prison de Dimbokoro. De nombreuses prisons établies après la période coloniale occupent des anciens bâtiments commerciaux ou d’habitation.2 L’administration entreprend, depuis 2019, la construction de nouveaux établissements, dont la prison de haute sécurité de Korhogo, la prison de San Pedro, la prison de Guiglo et celle de Sinfra.34 Les établissement de Guiglo et de Sinfra ne sont pas encore opérationnels.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PRSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 38. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022“, 2023, p. 56. ↩
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 11-12. ↩
La taille des établissements varie de manière significative. Le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA), anciennement Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), dispose de la plus grande capacité d’accueil du pays, avec 3 246 places. L’établissement a été initialement construit pour accueillir 1 500 personnes, mais sa capacité a été revue à la hausse. En 2023, le PPA change l’organisation de la répartition des personnes détenues, sans qu’aucune modification ne soit apportée au bâti. La prison de M’Bahiakro a la plus petite capacité, avec 50 places.1
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), ‘Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022’, mai 2022, pp. 9-10, 28. ↩
Les établissements sont répartis dans tout le pays, à proximité des zones de concentration de la population.1 Ils sont majoritairement situés à l’intérieur des villes, à l’exception des MAC de Tiassalé et de Séguéla.2
Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, “Annuaire des statistiques judiciaires et pénitentiaires. Année judiciaire 2021-2022”, 2022, p. 50. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 8. ↩
Les établissements pénitentiaires sont desservis par les transports en commun
la plupart
La plupart des prisons situées en ville sont accessibles par les transports en commun. Ces transports ne sont pas nécessairement réguliers. Les prisons situées à l’extérieur de la ville ne sont pas desservies par les transports en commun, à l’exception de la nouvelle prison de San Pédro.
Les infrastructures des établissements se dégradent. Les nouvelles prisons construites se rapprochent des normes, mais ne les respectent pas encore dans leur ensemble. Certaines associations participent ponctuellement aux travaux de rénovation.
Personnels
Nombre de postes de surveillant.es (ETP)
-
L’administration pénitentiaire rapporte, en 2022, un total de 3 053 personnels pénitentiaires.1 Le CNDH-CI rapporte quant à lui un total de 2 210 personnels pénitentiaire en mai 2022.2 L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² signalent, en décembre 2022, un manque de personnel.3 Le CNDH-CI souligne, cette même année, l’insuffisance des effectifs du personnel pénitentiaire et l’absentéisme. L’administration a recours à des personnes détenues pour tenter de combler ce déficit. Celles-ci effectuent des tâches de surveillance, de fouille et de discipline, ainsi que de comptage et d’orientation des autres personnes détenues. Le nombre de personnes détenues effectuant ces tâches est estimé, en mai 2022, à plus de 81. Il s’agit de personnes choisies “sur la base de leur conduite exemplaire, de leur ancienneté ou qui ont purgé une grande partie de leur peine”.2
Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, “Annuaire des statistiques judiciaires et pénitentiaires. Année judiciaire 2021-2022”, 2022, p. 51. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), ‘Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022’, mai 2022, pp. 14-15-26. ↩ ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 30. ↩
Ratio personnel surveillant / personnes détenues
-
Le CNDH-CI relève, en 2022, 2 210 surveillant.es pour 25 121 personnes détenues. Cela représente un ratio d’un.e surveillant.e pour 11,37 personnes détenues.1 Une source anonyme rapporte un ratio d’un.e surveillant.e pour 87 personnes détenues.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), ‘Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022’, mai 2022, p. 14. ↩
Nombre des personnels socio-éducatifs (ETP)
444
dont 146 femmes
Une étude de l’ACAT -CI, la FIACAT et le CERDAP² sur huit MAC révèle, en décembre 2022, que les effectifs de personnel socio-éducatif varient entre zéro et 20 par MAC, avec une moyenne de sept personnels dans les MAC étudiées. Le personnel est en sous-effectif par rapport à la population carcérale et n’est pas réparti équitablement à travers toutes les MAC, en particulier dans celles plus éloignées d’Abidjan.1 L’association PrSF fait état, en 2022, de 20 surveillant.es à Dabou pour 300 personnes détenues, six à Abengourou pour 550, trois à Bondoukou pour 250, 15 à 20 à Toumodi pour 250 et un à Khorogo pour 850. Le personnel social est chargé du suivi des personnes détenues. Ce suivi comprend l’éducation psychologique, l’éducation psycho sociale (contact avec la famille, la société), la réinsertion sociale, les ateliers de formation (couture, menuiserie, jardins…) et l’éducation psychomotrice (activités sportives et ludiques). Ce personnel constitue le point de contact pour les associations qui souhaitent proposer des activités en prison. Il sert aussi parfois d’intermédiaire pour faciliter l’accès aux soins de santé.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 30. ↩
Le personnel pénitentiaire est représenté par un/des syndicat(s)
Il existe quatre syndicats dans le pays. Le statut du personnel pénitentiaire est régi par la loi de la fonction publique.
-
Une grève de 48 heures est organisée en août 2024 pour “dénoncer les humiliations et mauvais traitements infligés aux agents”. Pendant cette période, le personnel annonce qu’aucun mandat de dépôt ne sera reçu de la gendarmerie, qu’aucune extraction ne sera autorisée et qu’aucune communication n’aura lieu à l’intérieur des établissements avec les personnes détenues. Les familles peuvent toutefois continuer à envoyer des repas et des colis à leurs proches. Le personnel souligne que l’action n’est pas dirigée contre les personnes détenues.
Le personnel de surveillance est tenu à une formation. Les critères d’accès varient selon le grade du personnel. Les Agents d’encadrement AEEP (personnel de surveillance, grade C3) doivent être titulaire du Brevet ou d’un diplôme équivalent. Le processus de recrutement comporte des épreuves écrites et orales et des tests physiques et médicaux. L’École du Personnel Pénitentiaire, rattachée à l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ), assure la formation initiale et continue. La formation du personnel dure deux ans, comprenant trois mois de formation militaire, un mois de stage en juridiction et établissement pénitentiaire, un an de formation théorique et au moins six mois de stage pratique en établissement pénitentiaire. La formation théorique du personnel de surveillance comprend les unités de compétence suivantes :
- connaissance de l’environnement institutionnel et professionnel (4 modules, 70 heures)
- droit et politique pénitentiaire (5 modules, 120 heures)
- management des services pénitentiaires (4 modules, 160 heures)
- dureté et sécurité pénitentiaire (6 modules, 200 heures)
- langues et outils de communication (4 modules, 100 heures)
- hygiène et santé publique (4 modules, 100 heures)
- processus d’insertion et de réinsertion sociale (1 modules, 20 heures)
Environ 2 000 ex-combattant.es qui ont soutenu l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara lors de la crise post-électorale de 2010-2011 ont rejoint ensuite l’administration pénitentiaire sans être passé.es par la voie d’un concours. Iels ont suivi une formation de deux mois avant de prendre leurs fonctions.1
Une source rapporte le salaire mensuel d’un.e surveillant.e peut varier de 451 000 à 1 500 000 FCFA (Franc CFA) par mois. Le site cotedivoire.top indique, en revanche, que le salaire du personnel varie en fonction de sa catégorie, son grade et son expérience. Il présente la grille salariale suivante :
- catégorie A, 1ère classe : entre 451 000 et 600 000 FCFA
- catégorie B, 2ème classe : entre 301 000 et 450 000 FCFA
- catégorie C, 3ème classe : entre 201 000 et 300 000 FCFA
Le personnel pénitentiaire bénéficie également d’un logement gratuit, de nourriture gratuite pendant le service et de primes et d’indemnités pour celles et ceux qui travaillent dans des “conditions difficiles”. Une source rapporte que les salaires correspondent au coût de la vie. souligne néanmoins des problèmes avec les propriétaires des logement occupés par les personnels en raison de loyers impayés par l’État.
Les surveillant.es travaillent par tranches de 24 heures, suivies d’une période de repos de 24 heures.