
Côte d'Ivoire
Capitale — Yamoussoukro
Taux d'incarcération (pour 100 000 habi…
i05/2024Population du pays
i2023Nature du régime
Indice de développement humain
Taux d'homicide (pour 100 000 habitant.…
Non communiqué
Ministère(s) en charge de l'administrat…
ministère de la Justice et des Droits d…La Direction de l…
Nombre de personnes incarcérées
Taux d'occupation
Nombre d'établissements
i2024/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe III - Tableau de présentation de la situation sanitaire des mac”, 2024.Un MNP est créé
Femmes incarcérées
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Enfants incarcéré.es
3,7 %dont 22 filles
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Pourcentage de personnes en détention p…
La peine de mort est abolie
Vie quotidienne
Activités
Toutes les personnes détenues passent au moins une heure par jour en plein air
Les personnes prévenues et condamnées en division d’amendement peuvent séjourner hors de leur cellule pendant dix heures. Cette durée est de huit heures pour les personnes en division normale et de six heures pour les personnes en division disciplinaire (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 97). En pratique, les personnes détenues restent généralement à l’extérieur de 7 à 16 heures. Les cellules des “assimilé.es”1 ne sont jamais véritablement fermées. Les assimilé.es ont le droit de rester en dehors de la cellule, de faire du sport, ou une balade le soir dans la cour. Une étude publiée en 2022 par l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture - Côte d’Ivoire (ACAT-CI), la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT) et le Centre d’Études et de Recherche sur la Diplomatie, l’Administration Publique et le Politique (CERDAP²) fait état des espaces extérieurs mis à disposition. Elle indique que, pour les femmes, huit MAC disposent d’une cour, sept d’un abri et deux d’un espace d’activité. Pour les filles, six MAC disposent d’une cour, trois d’un abri et deux d’un espace d’activité. La taille de ces espaces est faible par rapport au nombre de personnes détenues. Les femmes déclarent passer quotidiennement entre 12 et 15 heures 30 dans leur cellule, les filles entre 12 et 15 heures. Les garçons déclarent passer entre 12 et 16 heures 30 dans leur cellule. Les Centres d’OMineurs (COM) disposent d’une cour, d’un espace et de zones réservées aux activités.2
Pour plus d’informations sur le statut d’“assimilé.e”, se référer à la section Organisation. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 31-33, 36. ↩
L'administration pénitentiaire propose des activités aux personnes détenues
dans quelques établissements
Chaque établissement doit proposer aux personnes détenues des activités éducatives, socioculturelles et sportives (Décret nº2023.239, article 155). Le bureau socio-éducatif de l’établissement est chargé d’y veiller (article 26). En pratique, ce dernier ne dispose pas des ressources nécessaires pour permettre l’accès à toutes ces activités. Il facilite cependant l’accès à un certain nombre d’organisations externes qui viennent en proposer. Le CNDH-CI rapporte la présence d’activités telles que la couture, le jardinage, l’élevage et la cordonnerie.1 Il indique que, sur les 34 MAC du pays, 15 mènent des activités de réinsertion, contre 19 qui n’en mènent pas. Une enquête réalisée du 21 au 25 février 2022 révèle que seules deux MAC (Bouaké, Sassandra) sur les 18 visitées mènent des activités de réinsertion pour les femmes, telles que la couture et la coiffure. Les 16 autres ne proposent aucune activité aux femmes.2 Le Conseil rapporte, en 2021, que les femmes ont également un moindre accès aux activités socioculturelles.1 Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² fait état de nombreuses femmes déclarant ne rien faire de la journée en raison du manque d’activités proposées. Parmi les 94 garçons interrogés, 47 % déclarent également ne rien faire.3 Un certain nombre d’établissements tente d’innover et de diversifier l’accès en aménageant des jardins pour le loisir, l’agriculture et l’alimentation. Le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) présente une forte concentration d’activités organisées par des organisations externes. Entre 10 et 15 organisations peuvent être présentes chaque jour. Des organisations intervenant en prison font toutefois état de difficultés à pérenniser les activités proposées en raison d’un manque de ressources financières.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, p. 16. ↩ ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022“, 2023, pp. 55, 57. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 68-69. ↩
Des espaces sont dédiés aux activités physiques et sportives
Seul le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) dispose d’un espace spécialement dédié aux activités physiques et sportives. Les femmes n’y ont pas accès. Les activités sportives sont pratiquées dans d’autres espaces au sein des autres établissements. Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que les femmes ont un moindre accès aux activités sportives.1 Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² fait également état d’un manque d’accès aux activités sportives pour les femmes et les enfants.2 Une autre étude publiée en 2020 révèle que 54,6 % des personnes en détention provisoire pratiquent du sport.3 La Balle aux prisonniers (LaBAP) intervient de façon spécialisée dans ce domaine en proposant des activités sportives dans plusieurs établissements. L’association fournit des kits alimentaires pour pallier les carences nutritionnelles des personnes détenues et leur donner l’énergie nécessaire pour participer aux activités.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 68. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 45. ↩
Des espaces sont dédiés aux activités culturelles
non
Le CNDH-CI constate une absence d’activités due au manque de locaux appropriés.1 Il arrive aux aumôniers d’entrer en prison avec des instruments, qu’ils reprennent à leur sortie pour des raisons dites de sécurité. Une association affirme qu’il y a des tam-tams en détention. Elle organise des ateliers de couture dans une salle aménagée à cet effet.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, p. 16. ↩
Nombre et pourcentage de personnes détenues ayant participé à des activités socioculturelles
Non communiqué
Le CNDH-CI constate que le nombre de personnes détenues qui participent aux activités est très réduit. En 2022, sur les 437 personnes détenues à la MAC de Toumodi, 60 prennent part aux activités nécessaires à leur réinsertion, soit 13,73 %. À la MAC D’Oumé, deux personnes sur 144 bénéficient des activités de réinsertion. Sur 68 personnes interrogées, 23 prennent part aux activités de réinsertion et 45 affirment ne pas être assez intéressées pour participer, ou ne pas en avoir la possibilité à cause de l’espace exigu des ateliers.1
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, pp. 16-17. ↩
Nombre et pourcentage de personnes détenues ayant participé à des activités sportives
Non communiqué
Le personnel socio-éducatif est responsable du choix des activités organisées en détention. Certaines organisations affirment consulter les personnes détenues avant de proposer des activités. 1
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête sur la resocialisation des femmes détenues”, mars 2022, p. 18. ↩
La procédure d’accès aux activités varie selon le type d’activité et l’établissement. Le service social de la prison est chargé de faire le lien entre les personnes détenues et les associations. LaBAP affirme, par exemple, qu’il suffit aux personnes détenues de manifester leur volonté de participer aux activités que l’association propose.
Les établissements disposent d'une bibliothèque
- quelques-uns
L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² constatent que dans les MAC d’Abidjan, Aboisso, Adzopé, Bouna, Man, Sassandra, Bouaké et Daloa, 18,5 % des femmes, 4 % des garçons et aucune fille déclarent avoir accès à un centre de documentation.1 Certaines organisations de la société civile fournissent des livres. Au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan, les personnes “assimilé.es”2 disposent de leur propre bibliothèque.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
Pour plus d’informations sur le statut d’“assimilé.e”, se référer à la section Organisation. ↩
Travail
Le travail est obligatoire
Le décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes dispose qu’une personne condamnée est astreinte au travail, “en vue de préparer sa réintégration dans la société” (article 156). Le Code de procédure pénale confirme que les personnes condamnées sont astreintes au travail (2020, article 724). Le décret nº2023.239 ajoute que les personnes prévenues ne sont pas astreintes au travail pénal, mais peuvent demander qu’il leur en soit donné. Elles suivent alors le même régime que celui des personnes condamnées, et ne peuvent travailler qu’à l’intérieur de l’établissement (article 157). Il est interdit au personnel de l’administration pénitentiaire de demander aux personnes détenues de les assister dans leur travail (article 121). En cas de maladie ou d’infirmité et après avis d’un.e médecin, les personnes détenues peuvent être exemptées du travail par le/la responsable de l’établissement (article 158). En pratique, le nombre d’emplois ne correspond pas au nombre de personnes détenues. Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que les femmes ont un moindre accès au travail.1 Certaines tâches incombant au personnel sont déléguées aux personnes détenues.2
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
Pour plus d’informations, se référer à la section Organisation. ↩
Nombre et pourcentage de personnes détenues exerçant un travail
Non communiqué
Toutes les personnes détenues sont autorisées à travailler
Le travail à caractère punitif est interdit
Le travail peut être exécuté à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire (Décret nº2023.239, article 159). Une personne condamnée peut travailler à son compte avec l’autorisation du ministère de la Justice, après avis de la direction (article 161). À l’intérieur des établissements, toutes les personnes condamnées peuvent être employées pour des travaux de propreté ou d’entretien des bâtiments ; dans divers services assurant le fonctionnement de l’établissement ; ou dans les ateliers techniques (article 165). Les personnes condamnées admises en division d’amendement peuvent être employées en dehors de l’établissement, sur les chantiers et jardins de l’administration pénitentiaire ; pour des travaux effectués dans l’intérêt général par les collectivités publiques ; et dans des entreprises industrielles ou commerciales privées. Dans le premier cas, la surveillance est assurée par le personnel pénitentiaire. Dans les autres cas, elle est assurée par les agents de l’administration pour laquelle les personnes détenues travaillent (article 166). Les personnes condamnées admises au régime de semi-liberté travaillent chez leur employeur.se comme des personnes libres (article 167). Les personnes condamnées qui travaillent en groupe en dehors de l’établissement pénitentiaire doivent porter le costume pénal. Les personnes condamnées admises au régime de semi-liberté ne sont pas astreintes à porter le costume pénal (article 168). Des organisations de la société civile affirment que, pour le recrutement, une entreprise contacte la prison avec des demandes, et une liste de personnes détenues ayant les compétences nécessaires lui est fournie. L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² affirment que les femmes détenues à la MAC de Bouaké ont eu des partenariats à l’extérieur de l’établissement pour vendre des tenues qu’elles ont fabriquées en détention.1 Selon PrSF, des personnes détenues ont été embauchées dans le projet soutenu par l’Agence française de développement (AFD) de mise en état des systèmes d’évacuation des eaux usagées et d’apport en eau potable. Ce projet a concerné huit prisons, et les entreprises ont embauché les personnes détenues sur place.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 69. ↩
L’administration pénitentiaire organise la répartition du travail.
Le décret nº2023.239 dispose qu’il doit “être établi un contrat de travail individuel entre chacun des détenus employés et l’employeur ou l’utilisateur particulier” (article 170). Des organisations de la société civile rapportent qu’en pratique les personnes détenues ne disposent pas de contrat de travail.
Un nombre maximal d'heures de travail quotidiennes/hebdomadaires est fixé, avec un jour de repos au moins
Le travail en détention est organisé pendant les jours ouvrables (Décret nº2023.239, article 159). La durée du travail n’est pas censée dépasser huit heures par jour. Le travail est suspendu le dimanche et les jours fériés, “sauf le temps nécessaire au fonctionnement de l’établissement pénitentiaire” (article 163). Des organisations de la société civile constatent que les horaires de travail dépendent des établissements.
Les personnes détenues perçoivent un salaire pour le travail qu’elles effectuent
dans certains cas
Le décret nº2023.239 établit que les personnes condamnées effectuant un travail rémunéré à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire doivent conserver l’intégralité de leur rémunération (article 160). Les conditions de rémunération d’une personne condamnée admise au régime de la semi-liberté sont négociées entre elle et son employeur.se, sous réserve de l’accord du ministère de la Justice (article 176). Les redevances ou salaires dus sont versés à la caisse des Dépôts et Consignations. Celle-ci calcule la part constituant le pécule et reverse le reste au compte de l’État (article 177). Les personnes condamnées ont droit à cinq dixièmes, soit 50 %, des salaires payés par leur employeur.se. Elles peuvent obtenir deux dixièmes supplémentaires en guise de récompense. Le premier dixième peut être obtenu après une année à partir du jour où la condamnation est définitive, et le second au moins deux ans après l’attribution du premier. Ces dixièmes supplémentaires peuvent être retirés par décision du/de la juge de l’application des peines pour cause de mauvaise conduite (article 178). Le Code de procédure pénale prévoit que la rémunération des personnes détenues sert aux dépenses de l’établissement, au paiement des condamnations pécuniaires, à la constitution d’un fonds de réserve en vue de leur sortie, et au pécule dont elles peuvent disposer au cours de leur détention (article 724). Le ministère de la Justice peut autoriser des concessions de main-d’œuvre gratuite à certaines administrations publiques (article 172). Le travail à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire n’est pas rémunéré, hors cas de la régie directe ou de la concession (article 175). Des organisations de la société civile constatent que les personnes détenues ne perçoivent pas de rémunération. Les travaux d’entretien tels que la plomberie ou la menuiserie ne sont pas rémunérés. La production d’aliments au sein de l’établissement pour la consommation des personnes détenues n’est pas non plus rémunérée. Les personnes détenues qui cuisinent pour les établissements pénitentiaires le font sans rémunération. Elles ne sont pas informées qu’elles peuvent demander que la rémunération soit déduite de leurs frais judiciaires dus à l’État et liés à leur peine.
Les salaires sont
conformes à ceux pratiqués à l’extérieur
Selon deux organisations de la société civile, la rémunération est équivalente au salaire minimum. L’administration pénitentiaire garde un fond de compte et ne remet qu’une partie de son salaire à la personne détenue, qui récupère le reste à sa sortie de prison.
Certains travaux sont rémunérés à la pièce
Les normes de santé et de sécurité applicables à l'extérieur sont respectées
-
Le décret nº2023.239 dispose que les personnes condamnées admises au régime de la semi-liberté dépendent du régime général en matière d’accidents du travail (article 179).“Les dispositions législatives et règlementaires relatives à l’hygiène et à la sécurité des travailleurs sont applicables dans les ateliers, chantiers et jardins des établissements pénitentiaires” (article 164). L’État est tenu de prendre en charge ses honoraires et frais médicaux en cas d’accident ou maladie dans le cadre du travail dans l’établissement pénitentiaire ou sur les chantiers et jardins de l’administration pénitentiaire. En cas de décès, les frais funéraires sont pris en charge par l’État (article 181). En cas d’accident, de maladie ou de décès d’une personne détenue dans le cadre d’une convention de concession, la collectivité publique ou l’entreprise privée est tenue des mêmes obligations. Ces obligations doivent apparaître dans le contrat de concession (article 182).
Les personnes détenues ont le droit de se syndiquer
Enseignement et formation professionnelle
Autorité(s) responsable(s) de l’enseignement et/ou de la formation professionnelle
ministère de la Justice
en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Emploi et de la Protection sociale
Nombre et pourcentage de personnes détenues inscrites en formation académique
Non communiqué
L’enseignement et la formation professionnelle sont délégués à des organismes extérieurs. Le ministère de l’Éducation ne fournit pas de personnel éducatif.
L'enseignement est dispensé
dans aucun établissement
Toutes les personnes détenues ont accès à l'enseignement
Le décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes prévoit que les personnes détenues ont le droit de bénéficier de cours et d’enseignements en vue de leur insertion ou leur réinsertion sociale (article 149). Les horaires et modalités des enseignements sont déterminées par le règlement intérieur de l’établissement pénitentiaire (article 150). Les examens scolaires et professionnels doivent se faire au sein de l’établissement. Si les épreuves doivent se dérouler en dehors de l’établissement, les candidat.es sont extrait.es de la prison ou bénéficient d’une permission de sortir si leur régime carcéral le permet (article 152). L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² constatent, en 2022, que l’enseignement et les études sont très peu, voire pas, proposés aux filles détenues. Le CNDH-CI rapporte également, en 2021, que les femmes ont un moindre accès aux activités éducatives.1 Cela peut s’expliquer par l’absence d’une salle de classe dans le quartier des femmes, ainsi que par l’absence de mobilisation des enseignant.es si le nombre d’élèves est trop faible. Les filles étant moins nombreuses que les garçons en détention, elles ont moins accès à l’enseignement et sont moins accompagnées. Des projets financés par la société civile tentent de pallier ce manque : à la MAC de Bouaké, un projet financé par la fondation OSIWA pour la réinsertion des femmes et des enfants a fourni des financements pour faire intervenir du personnel d’encadrement et mettre à disposition du matériel adéquat.2
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 71. ↩
L’administration met en place des mesures de lutte contre l’illettrisme
Les personnes détenues ont le droit de bénéficier de cours d’alphabétisation (Décret nº2023.239, article 149). Des cours spéciaux peuvent être aménagés pour les personnes analphabètes (article 150). En pratique, cela dépend largement de ce que les organisations de la société civile ont à offrir. Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que de nombreuses femmes se plaignent de l’insuffisance des programmes d’alphabétisation.1 L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² constatent que sur un échantillon de 43 femmes, sept filles et 92 garçons interrogé.es dans huit MAC, 64 % des femmes n’ont aucun niveau d’étude, et 13,5 % ont un niveau primaire incomplet. Une fille déclare n’avoir aucun niveau scolaire, trois sont allées à l’école primaire sans finir le cycle, deux sont allées au collège et une au lycée.2 Les personnes prévenues sont, à 33,6 %, analphabètes, et la moitié a un niveau primaire incomplet.3
LaBAP apporte, en novembre 2023, du matériel pour l’alphabétisation (tableaux, livres, cahiers, stylos) au COM de Man.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 26, 28-29. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 40. ↩
Les personnes détenues sont autorisées à passer des diplômes ou des concours
Le décret nº2023.239 prévoit que les examens scolaires et professionnels doivent se faire au sein de l’établissement. Si les épreuves doivent se dérouler en dehors de l’établissement, les candidat.es sont extrait.es de la prison ou bénéficient d’une permission de sortir si leur régime carcéral le permet (article 152). L’ACAT-CI parvient, de manière exceptionnelle, à inscrire quelques jeunes incarcéré.es à des examens. Ces jeunes sont entouré.es de personnels de surveillance pénitentiaire lors des examens à l’extérieur. Généralement, ces jeunes n’ont pas pu réviser en détention et réussissent rarement leurs examens.
Nombre et pourcentage de personnes détenues inscrites en formation professionnelle
Non communiqué
Des formations professionnelles sont dispensées
oui
Le décret nº2023.239 dispose qu’une personne détenue doit pouvoir bénéficier de formations professionnelle permettant l’acquisition ou le développement de connaissances nécessaires à son insertion ou à sa réinsertion sociale (article 69(. Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que les femmes ont un moindre accès à la formation. Beaucoup se plaignent de n’avoir pas la possibilité d’apprendre un métier qui leur permettrait de se réinsérer dans le monde du travail à l’issue de leur peine.1 La Balle aux prisonniers (LaBAP) mène notamment dans les COM des ateliers visant la formation à des activités génératrices de revenus, telles que la pâtisserie, l’agriculture, l’apiculture, la couture et les soins esthétiques. Le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme (MJDH), en partenariat avec l’ONG “Don’t Forget Them”, a mis en place le projet “Yedi djouman” qui signifie “on travaille” en langue baoulé. Ce projet a notamment inauguré un centre de formation en cuisine et en pâtisserie au PPA. Ce projet vise à fournir une formation professionnelle en cuisine aux personnes détenues en fin de peine, dans un but de réinsertion socio-professionnelle.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
Toutes les personnes détenues ont accès à une formation professionnelle
Les personnes détenues ont le droit d’accéder à des formations professionnelles, dans le but “d’acquérir ou de développer des connaissances nécessaires à [leur] insertion ou à [leur] réinsertion sociale” (Décret nº2023.239, article 149). En pratique, l’accès à la formation et la disponibilité d’espaces et d’équipements nécessaires varient d’un établissement à l’autre. Par exemple, les MAC de Sassandra et de Bouna ne disposent pas d’ateliers. Les ONG jouent un rôle important dans la réalisation des formations et la mise à disposition de matériels tels que des machines à coudre ou des tondeuses pour la coiffure. L’accès n’est pas systématiquement garanti à toutes les populations. Dans le cas des femmes et des filles de la MAC de Sassandra, les surveillant.es rapportent que rien ne leur est proposé. Une étude révèle que les femmes sont 60 % à déclarer qu’aucune activité ne leur est proposée et les filles 71,5 %. Lorsque des formations sont proposées, 65 % des femmes déclarent ne pas les suivre parce qu’elles ne sont pas intéressées, parce qu’elles sont déjà qualifiées dans le domaine, parce que “le formateur n’est pas venu”, ou bien pour des raisons personnelles liées à l’âge ou au moral. Dans certains établissements, elles ont accès à des formations en couture, pâtisserie, soins esthétiques, coiffure, restauration, élevage de volaille et/ou à une initiation aux activités génératrices de revenus. Les garçons interrogés déclarent qu’aucune activité de formation n’est proposée dans deux MAC, et qu’elles sont proposées à une proportion faible ou très faible dans quatre autres. Lorsque des formations sont proposées, 70 % des garçons y participent. Les formations proposées sont principalement l’élevage, l’électricité et la coiffure pour hommes.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 68-69, 71. ↩
Des formations à distance sont proposées
Les personnes détenues ont accès à des ordinateurs
non
LaBAP indique se baser sur les compétences des personnes détenues lors de la construction de projets d’enseignement. Elle peut ainsi proposer des activités en lien avec les compétences existantes. Par exemple, une personne détenue apprenait à lire aux autres à la MAC d’Abengourou. Une étude publiée dans la Revue Africaine de Sociologie en avril 2023 révèle que des personnes détenues adultes assurent des formations auprès des enfants détenu.es dans le COM d’Abidjan : “les enfants ne s’adonnent pas aux activités faute de formateurs professionnels. Ils observent les formateurs et portent un regard critique sur eux du fait de leur statut de détenu et aussi de l’attitude des détenus vis-à-vis d’eux”.1
Jean Louis Niamke, Marie-Thérèse Dahonnon Zeze, “Perception du Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan par les Mineurs Incarcérés et persistance dans les actes antisociaux”, Revue Africaine de Sociologie, 28 avril 2023, pp. 2-11. ↩
Accès à l'information
Les personnes détenues peuvent se tenir régulièrement informées des affaires publiques
oui
Les personnes détenues ont accès à la télévision
La télévision peut se trouver en cellule ou dans les espaces collectifs. Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² révèle que 38 % des femmes, 71,5 % des filles et 55,5 % des garçons interrogé.es ont accès à la télévision.1 Il arrive que des associations de la société civile fassent des dons de télévision.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
Les personnes détenues ont accès à la radio
Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² révèle que 40 % des femmes et 15 % des garçons interrogé.es ont accès à la radio.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
Les personnes détenues ont accès à la presse
Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² fait apparaître que 19 % des femmes et presque aucun des jeunes interrogé.es ont accès à la presse écrite.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
L’administration pénitentiaire autorise l'accès à Internet
non
L’accès à certaines informations peut être interdit lorsqu’elles contiennent “des menaces graves contre la sécurité des personnes et des établissements pénitentiaires ou des propos injurieux ou diffamatoires à l’encontre des agents et collaborateurs du service public pénitentiaire ainsi que des détenus” (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 148).
Religion
Une étude de l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² observe, en 2020, que sur un échantillon de 367 personnes prévenues, 56,4 % sont chrétiennes, 37,6 % musulmanes, 3 % animistes, 3 % bouddhistes et 3 % sans religion définie ou non croyant.es.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 28. ↩
Les personnes détenues peuvent pratiquer librement leur religion et suivre leur philosophie
Des lieux sont dédiés à l’exercice du culte
dans quelques établissements
Une association rapporte la présence d’une chapelle et d’une mosquée au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) et au nouveau COM de Bingerville.
Des aumônier.es sont présents
oui
Les aumônier.ères de différentes confessions, agréés par le ministère de la Justice, peuvent visiter et s’entretenir avec les personnes détenues aussi souvent que ces dernières le souhaitent. Ces visites ont lieu dans le parloir réservé aux avocat.es (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 225). Certaines organisations de la société civile collaborent et participent aux visites d’aumônier.ères en détention.
L'administration rémunère les aumônier.es
non
Personnes ou organisations intervenantes extérieures
Des personnes ou des organisations extérieures sont autorisées à intervenir
Le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) accueille le plus grand nombre d’organismes extérieurs pour des interventions, parfois jusqu’à dix ou 15 associations en une seule journée. L’établissement comporte plusieurs niveaux de sécurité, ce qui décourage l’accès pour certaines organisations. L’une d’entre elles rapporte devoir passer trois voire quatre étapes de contrôles et de fouilles avant d’avoir accès aux personnes détenues. Dans d’autres prisons, il s’agit plus souvent d’un seul contrôle.
Les autorisations d'intervention sont délivrées par
le ministre de la Justice
Les agréments pour intervenir dans les établissements pénitentiaires sont délivrés par le ministère de la Justice. Un courrier doit ensuite être envoyé à l’administration pénitentiaire pour préciser les dates et le contenu de l’intervention. Certaines organisations rapportent que l’obtention de l’agrément devient de plus en plus complexe, avec plusieurs étapes administratives à franchir.
Les intervenant.es ne perçoivent pas de rémunération de la part de l’État. Une source rapporte que les procédures sont parfois même complexifiées afin de les encourager à corrompre le personnel pour pouvoir accéder aux personnes détenues et remplir leur mission.
Ressources financières
Les personnes détenues sont autorisées à disposer de ressources financières
Les ressources financières sont accessibles
sur un compte nominatif
Les personnes détenues peuvent accéder à leurs ressources financières auprès de la direction. Elles peuvent parfois être accompagnées par le personnel de surveillance pour retirer de l’argent à l’extérieur de la prison. L’argent liquide circule en détention, malgré son interdiction.
Les personnes détenues indigentes perçoivent une aide, financière ou en nature
Les personnes indigentes ont généralement des arriérés importants envers l’État en ce qui concerne les frais de justice. L’État ne cherche généralement à recouvrir ces arriérés que lorsque la personne retourne en prison pour récidive. Elle devra rembourser ses frais avant d’être libérée.
Expression des personnes détenues
Les personnes détenues sont autorisées à discuter de leurs conditions de détention avec les autorités pénitentiaires
-
De façon informelle, les chefs de cellule et de bâtiment adressent parfois des demandes à la direction au nom des personnes détenues. Cela implique parfois un prix.
Les personnes détenues disposent du droit d'association
non
Les personnes détenues disposent du droit de vote
oui
Les personnes détenues peuvent voter, à l’exception des personnes condamnées à la privation de leurs droits civiques. Aucun dispositif n’est en pratique mis en place pour que les personnes détenues puissent voter. Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² souligne que seuls 6,8 % des personnes prévenues interrogées possèdent une carte d’électeur.ice.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 32. ↩
Les personnes détenues ne peuvent pas clouer ou coller des images, des affiches ou des objets similaires sur les murs. Ces actions peuvent être considérées comme des dégradations de l’établissement et peuvent faire l’objet de sanctions disciplinaires (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 95). Les cheveux des personnes détenues doivent être coupés tous les mois et portés courts. Ils peuvent être rasés pour des raisons d’ordre ou de propreté (article 209).