
Côte d'Ivoire
Capitale — Yamoussoukro
Taux d'incarcération (pour 100 000 habi…
i05/2024Population du pays
i2023Nature du régime
Indice de développement humain
Taux d'homicide (pour 100 000 habitant.…
Non communiqué
Ministère(s) en charge de l'administrat…
ministère de la Justice et des Droits d…La Direction de l…
Nombre de personnes incarcérées
Taux d'occupation
Nombre d'établissements
i2024/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe III - Tableau de présentation de la situation sanitaire des mac”, 2024.Un MNP est créé
Femmes incarcérées
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Enfants incarcéré.es
3,7 %dont 22 filles
i31/12/2022/ ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBap) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022.Pourcentage de personnes en détention p…
La peine de mort est abolie
Populations spécifiques
Femmes
Femmes incarcérées
Évolution du nombre des femmes incarcérées
augmentation
Le nombre de femmes incarcérées augmente de 48,9 % entre février 2021 (448)1 et décembre 2022 (667).
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 3. ↩
Pourcentage de femmes prévenues
Pourcentage de femmes étrangères
Non communiqué
Le Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI) rapporte, en février 2021, la présence de 45 détenues de nationalité étrangère dans 27 maisons d’arrêts et de correction (MAC).1
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport sur les conditions de détention des femmes dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 7. ↩
Les femmes sont détenues dans des quartiers ou bâtiments dédiées au sein de chaque MAC. Aucun n’établissement n’est construit exclusivement pour les femmes.
La séparation entre les hommes et les femmes est effective
La loi dispose que les hommes et les femmes doivent être séparé.es de sorte qu’il n’y ait pas de communication entre elles et eux (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 38 ; Code de procédure pénale, article 719). Selon les organisations de la société civile, cette règle est respectée à quelques exceptions près.1 Les hommes et les femmes se croisent parfois lors de leurs déplacements d’une zone à l’autre, comme la cuisine, le parloir ou l’infirmerie.2 Les hommes achètent parfois de la nourriture préparée par les femmes. Les filles détenues avec les femmes dans les MAC de Man et de Bouaké sont exfiltrées pendant la journée pour mener des activités avec les garçons détenus dans les COM de Man (situé dans la MAC) et de Bouaké (situé juste à l’extérieur de la MAC).
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 13-14. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 31. ↩
Les femmes prévenues sont séparées des condamnées
Le décret nº2023.239 dispose que les personnes condamnées et les personnes en détention provisoire doivent être séparées (article 38). Cette règle n’est pas respectée dans la pratique.
Le personnel de surveillance est
exclusivement féminin
Les fouilles doivent être effectuées par un personnel du même sexe (Décret nº2023.239, article 83).
Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que les conditions ne favorisent pas la prise en charge adéquate des besoins spécifiques des femmes détenues. Il souligne que celles-ci sont confrontées à plusieurs maladies dermatologiques, chroniques, infectieuses, gynécologiques, psychiatriques et nutritionnelles. Il note également un besoin récurrent de produits pharmaceutiques et de serviettes hygiéniques.1 Le Conseil souligne, en 2023, un sous-effectif de spécialistes pour les femmes et leurs enfants (pédiatre, gynécologue, psychiatre).2 Une étude menée en 2022 par l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture - Côte d’Ivoire (ACAT-CI), la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT) et le Centre d’Études et de Recherche sur la Diplomatie, l’Administration Publique et le Politique (CERDAP²) indique que 70 % des femmes et mineures interrogées déclarent ne pas recevoir de serviettes hygiéniques. Parmi celles qui en reçoivent, environ 67 % déclarent qu’elles ne sont pas fournies en quantité suffisante. Les femmes sont obligées soit d’en acheter à leurs propres frais, soit de “mobiliser, comme elles le précisent, ‘la débrouille’, avec ‘des habits gâtés’ ou encore ‘de l’eau’”. Le personnel de quatre MAC déclare qu’il n’existe pas de prise en charge médicale spécifique pour les femmes. Le personnel de trois MAC déclare qu’il n’en n’existe pas non plus pour les mineures. Lorsqu’une prise en charge spéciale existe, elle prend principalement la forme de test de grossesse et/ou dépistage du VIH pratiqués lors de l’admission. Des examens sanguins et gynécologiques sont réalisés lors de l’admission dans deux des établissements examinés. Les mineures interrogées déclarent, pour 40 % d’entre elles, souffrir de problèmes menstruels et, pour 20 % d’entre elles, de problèmes respiratoires, d’anémie et de paludisme.3 Le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) est le seul établissement à disposer, selon une organisation de la société civile, d’un service médical dédié à la prise en charge des femmes.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, pp. 3-9. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022“, 2023, pp. 52-53. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 41, 55. ↩
Le CNDH-CI rapporte, en 2021, que les femmes ont un moindre accès aux espaces collectifs, au travail, à la formation, aux activités éducatives, socioculturelles et sportives. Beaucoup se plaignent de l’insuffisance des programmes d’alphabétisation, et de n’avoir pas la possibilité d’apprendre un métier qui leur permettrait de se réinsérer dans le monde du travail à l’issue de leur peine.1 Le Conseil constate, en mars 2022, que seules deux des MAC examinées proposent des activités pour les femmes : Bouaké et Sassandra, avec des activités de couture et de coiffure. Dans les autres établissements, les femmes entretiennent les locaux ou cuisinent. Le reste du temps, elles regardent la télévision ou discutent entre elles.2 LaBAP fournit, en juin 2023, des machines à coudre pour soutenir les activités de formation et de préparation à la réinsertion des femmes incarcérées au sein du PPA.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 9. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête sur la resocialisation des femmes détenues ”, mars 2022, p. 15. ↩
Les visites conjugales sont autorisées pour les femmes
oui
Chaque établissement pénitentiaire doit, “autant que le permet la configuration spatiale et architecturale des lieux” disposer d’une ou plusieurs “cellules de vie familiale sécurisées, destinées à recevoir dans l’intimité le détenu et son conjoint” (Décret nº2023.239, article 128). Les organisations de la société civile rapportent que les femmes ne bénéficient pas de ces dispositions en pratique.
Les femmes enceintes sont placées dans des quartiers ou des cellules spécifiques
-
Seul le PPA dispose d’un quartier dédié aux femmes enceintes et aux femmes avec des enfants en bas âge.1 Le CNDH-CI souligne les conditions défavorables à ces personnes au sein du PPA et de la MAC de Man, les deux établissements qui comptent le plus grand nombre de femmes détenues.2
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 10. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête - Droit à la sante dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire”, février 2022, p. 20. ↩
Un aménagement de peine est prévu pour les femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge
Une femme condamnée qui est enceinte ne peut commencer à purger sa peine que six mois après l’accouchement (Code pénal Loi n°2019‐574 du 26 juin 2019“, article 46). Des organisations de la société civile constatent qu’en pratique, les tests de grossesse ne sont pas systématiquement effectués. Certaines femmes n’ont pas connaissance de leur grossesse au moment de la condamnation et se retrouvent enceintes en détention. Les autres ne sont généralement pas incarcérées dans les six mois après l’accouchement.
Les femmes enceintes ont accès aux soins prénataux
-
Le CNDH-CI rapporte, en février 2022, que seuls quatre établissements prennent en charge les femmes enceintes.1 Une étude publiée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2022 indique quant à elle que les femmes enceintes dans cinq des six MAC où des réponses ont été obtenues bénéficient de consultations prénatales à l’hôpital de référence.2 Une source rapporte qu’une sage-femme est présente au PPA pour accompagner les femmes enceintes.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête - Droit à la sante dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire”, février 2022, p. 20. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 55. ↩
L’accouchement a lieu
dans un établissement de soins extérieur
La présence d’un personnel de surveillance est proscrite durant le travail et accouchement
-
Des organisations de la société civile observent que le personnel reste généralement à l’extérieur de la salle d’accouchement.
L'usage de moyens de contention est proscrit durant le travail et l'accouchement
Les mères sont autorisées garder leur enfant auprès d’elles
non
Le décret nº2023.239 dispose que l’enfant doit être placé.e sous la tutelle d’une personne proche ou des services sociaux (article 223). L’ACAT-CI, la FIACAT, LaBAP et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) rapportent, en juillet 2024, que certaines mères détenues au PPA y vivent avec leur enfant.1 Une organisation précise que cela se produit principalement lorsqu’il n’y a personne à l’extérieur pour prendre en charge ces dernier.es. Le CNDH-CI rapporte, en février 2021, sur 27 MAC examinées, la présence de 21 mères vivant avec leurs enfants en détention. En principe, ces enfants devaient être âgé.es de moins de deux ans, mais les autorités laissent faire lorsque les mères refusent d’être séparées de leurs enfants.2 Une organisation rapporte que, dans certains cas, l’enfant peut avoir jusqu’à huit ans. Une étude publiée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2022 révèle que 14 % des filles et 6,5 % des garçons interrogé.es sont parents d’un.e enfant dont leur famille s’occupe à l’extérieur.3
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, p. 14. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, pp. 3-7, 10. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 28-29. ↩
Seul le PPA dispose d’un quartier dédié aux femmes avec des enfants en bas âge.1
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 10. ↩
Le personnel de surveillance affecté dans les locaux recevant des enfants n’est pas en tenue civile.
Le CNDH-CI rapporte en février 2022 l’absence de pédiatre.1 Il a toutefois indiqué que des enfants étaient pris en charge dans quatre des établissements examinés.2 En 2021, le Conseil signale un manque d’accès au lait maternisé et à d’autres produits pour les nouveau-nés et les enfants.3
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022“, 2023, pp. 52-53. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête - Droit à la sante dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire”, février 2022, p. 20. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport d’enquête relatif aux femmes détenues dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, pp. 3-9. ↩
Enfants
La loi interdit l'incarcération des enfants
Âge à partir duquel un.e enfant peut être incarcéré.e
13
Enfants incarcéré.es
dont 22 filles
Évolution du nombre d'enfants incarcéré.es
augmentation
Le nombre d’enfants incarcéré.es augmente de 4,9 % entre janvier (936)1 et décembre 2022 (982).
Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, “Annuaire des statistiques judiciaires et pénitentiaires. Année judiciaire 2021-2022”, 2022, p. 98. ↩
Ministère chargé des enfants responsables d’infraction
ministère de la Justice et des Droits de l’Homme (MJDH)
Le Service de Protection Judiciaire des Mineurs en Milieu Carcéral (SPJMC) est responsable de la prise en charge des enfants détenu.es dans les quartiers pour mineurs au sein des MAC. La Direction de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse (DPJEJ) est chargée de la prise en charge des enfants détenu.es dans les Centres d’Observation des Mineurs (COM) et les Centres de Réinsertion pour Mineurs (CRM).
Les tribunaux pour enfants traitent les délits commis par les enfants et les crimes commis par les enfants âgées de moins de 16 ans (Code de procédure pénale, articles 821-828), tandis que les tribunaux criminels pour mineurs traitent les crimes commis par les enfants âgé.es de 16 ans et plus (articles 817-820). Les juges des enfants sont chargé.es de suivre les dossiers des enfants en détention (articles 806- 816). La majorité des enfants sont placé.es en détention provisoire et n’ont pas de contact avec leur famille. La durée de cette détention est rarement en corrélation avec l’infraction commise. Le/la juge doit entrer en contact avec les parents avant de libérer un.e enfant. Lorsque les parents ne répondent pas aux convocations, le juge à l’obligation de ne pas laisser l’enfant dans la rue. L’enfant demeure alors détenu.e sans autre raison, parfois pour une longue période.
Le Code de Procédure Pénale dispose qu’un.e enfant peut être contraint.e de :
- s’abstenir de fréquenter certains lieux ou certaines personnes
- suivre une scolarité ou un apprentissage professionnel
- procéder à la réparation du dommage causé à la victime
- participer à une tentative de réconciliation avec la victime (article 788)
- être privé.e de liberté
Si la prévention1 est établie à l’égard d’un.e enfant de moins de 13 ans, le/la juge pour enfants peut demander :
- la remise à ses parents, à son tuteur, à la personne qui en avait la garde, ou à une personne digne de confiance
- le placement dans une institution ou un établissement public ou privé d’éducation ou de formation professionnelle habilité.es
- le placement dans un établissement médical ou médicopédagogique habilité
- la remise au service de l’assistance à l’enfance
- le placement dans un internat approprié aux enfants d’âge scolaire (article 824).
le fait d’être suspecté.e d’une infraction et de faire l’objet d’une procédure judiciaire en cours. ↩
Les garçons peuvent être placés dans un quartier pour mineurs au sein d’une MAC, dans un Centre d’Observation des Mineurs (COM), ou dans un centre de rééducation pour mineurs.1 Ils sont parfois placés dans une MAC pour adultes. Les filles sont détenues avec les femmes adultes.2
Quartier pour mineurs au sein d’une MAC
L’administration pénitentiaire déclare que les quartiers pour mineurs “font l’objet d’une surveillance et d’une attention particulière […] pour éviter toutes pressions des détenus adultes sur eux”. Cette attention s’appliquerait également aux filles détenues avec des femmes.2 Selon une source, le quartier pour mineurs du Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) compte environ 120-130 personnes pour une capacité d’accueil de 60 places.
Centre d’Observation des Mineurs (COM)
Les COM sont au nombre de trois et se situent à Abidjan (Bingerville), Bouaké et Man. Seul celui d’Abidjan contient des filles. Celles détenues avec les femmes dans les MAC de Man et de Bouaké sont exfiltrées la journée pour mener des activités avec les autres garçons au sein des COM. Le COM de Man se situe au sein de la MAC de Man et celui de Bouaké se situe juste à l’extérieur de la MAC de Bouaké.1 Ces établissements ne sont pas considérés comme des lieux de détention mais de “garde provisoire”. Les enfants peuvent y être placé.es pour une durée de trois mois, renouvelable une fois. Le personnel de surveillance se trouve à l’extérieur de l’établissement et le personnel socio-éducatif à l’intérieur. Une étude publiée dans la Revue Africaine de Sociologie en avril 2023 révèle qu’en pratique, 81 % des enfants incarcéré.es au COM d’Abidjan le sont pour une durée de six mois à deux ans, et 19 % d’un à cinq mois.3 Le COM d’Abidjan ne reçoit que des enfants en détention provisoire (sous Ordonnance de Garde Provisoire - OGP). Les enfants condamné.es (sous Mandat de Dépôt - MD) sont détenu.es au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA) dans un quartier dédié. Les COM de Man et de Bouaké reçoivent les garçons sous MD et OGP. Il arrive que des enfants restent au COM jusqu’à l’âge de 21 ans pour “leur permettre de continuer leur initiation à des activités favorisant la réinsertion”. Les enfants au COM de Bouaké sont parfois transférés à la MAC de Bouaké en raison d’une sanction disciplinaire. Dans les autres villes n’ayant pas de COM, les enfants sous MD ou OGP sont détenu.es dans des MAC, dans un quartier dédié ou avec des adultes.
Centre de Réinsertion pour Mineurs (CRM)
Les centres de réinsertion sont au nombre de deux et se situent à Dabou et Bouaké.1 Seuls des garçons sont détenus au CRM de Dabou. Le CRM de Bouaké a une capacité de 80 places.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 11, 31, 33. ↩ ↩ ↩
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 13-14. ↩ ↩
Jean Louis Niamke, Marie-Thérèse Dahonnon Zeze, “Perception du Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan par les Mineurs Incarcérés et persistance dans les actes antisociaux”, Revue Africaine de Sociologie, 28 avril 2023, pp. 6-8. ↩
La publication de données chiffrées relatives aux enfants est
irrégulière
(date de la dernière publication : 2022)
Les mineurs détenus sont séparés des adultes
dans quelques établissements
La loi précise que les enfants doivent être incarcéré.es séparément des adultes, dans un espace dédié (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 38 et 67). En pratique, cette séparation n’est pas toujours respectée. Les filles sont détenues dans les mêmes quartiers que les femmes adultes. Au PPA, une cellule leur est dédiée. Les garçons ne sont séparés des hommes adultes que lorsqu’il existe un quartier spécifique pour mineurs.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 11, 31, 33. ↩
La loi prévoit l'encellulement individuel des enfants
La scolarisation des enfants est obligatoire
L’école est obligatoire de 6 à 16 ans. Les jeunes n’ont, dans la pratique, accès qu’à quelques modules d’alphabétisation et à une bibliothèque dans treize prisons, sans possibilité de suivre de véritables cours. Les enfants sortant de prison après seize ans ne peuvent pas reprendre les études, sauf si leurs parents acceptent de les financer. L’ACAT-CI parvient, de manière exceptionnelle, à inscrire quelques jeunes incarcéré.es à des examens. Ces jeunes sont entouré.es de personnels de surveillance pénitentiaire lors des examens à l’extérieur. Généralement, ces jeunes n’ont pas pu réviser en détention et réussissent rarement leurs examens. Une source déclare que la majorité des enfants en prison sont analphabètes, ou très peu lettré.es. La plupart des établissements n’ont pas de salle de classe.
La loi interdit le placement des enfants à l’isolement
Chaque établissement dispose de ses propres règlements internes. Certains peuvent adopter des mesures d’isolement à l’encontre des enfants.
Les enfants doivent être soumis à un régime spécial et bénéficier d’un couchage, de nourriture, de vêtements, de soins médicaux, de communications et de visites (Décret nº2023.239, article 70). L’ACAT-CI déclare qu’en pratique il n’existe pas de différence en matière de conditions matérielles entre quartiers pour mineurs et pour adultes. Certaines organisations de la société civile soulignent que des efforts sont constatés pour améliorer les conditions de détention des enfants au Pôle pénitentiaire d’Abidjan. Ceux-ci disposent de trois repas par jour, au lieu de deux pour les adultes. Des activités sont proposées aux enfants par des ONG, comme la production de tomates et de choux, ou des ateliers de coiffure. Une étude publiée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2022 indique que le personnel de quatre des six MAC étudiées déclare qu’il existe une prise en charge médicale spéciale pour les enfants.1
Une étude publiée dans la Revue Africaine de Sociologie en avril 2023 sur le COM d’Abidjan (désormais délocalisé à Bingerville) révèle que 97 des enfants placé.es en garde provisoire (OGP) interrogé.es “soutiennent tous qu’ils sont en prison. Ils expliquent cette position par le fait que tout dans ce centre leur rappelle la prison, à savoir la nourriture, les interdits et le fait qu’ils ne peuvent pas voir facilement leurs parents”. Une personne témoigne : “A partir de 16 heures on nous enferme. Souvent même les éducateurs quand ils veulent rentrer tôt, ils nous enferment à 15 heures jusqu’au lendemain matin. C’est à 9 heures qu’on descend pour le petit déjeuner. Même poulet ne dort pas à pareil heure. Souvent aussi, on crie sur nous ‘montez !!!’ comme si nous étions du bétail”. L’étude souligne également l’absence d’infirmier.ère et de médecin, obligeant les enfants à se rendre dans la grande cour pour se faire soigner au même titre que les autres personnes détenues. Face à cette situation, les enfants deviennent “nerveux, stressés, solitaires, récalcitrants parfois agressifs”. Certain.es commencent à côtoyer les adultes détenu.es, qui leur procurent de la drogue pour les aider à supporter le choc carcéral. Les enfants agissent à leur tour comme commissionnaires ou transportent des marchandises. En avril 2023, le COM est surpeuplé avec une centaine de personnes pour une capacité d’accueil de 60 places. Une membre du personnel déclare: “On nous défend de punir les mineures donc elles ne respectent rien. Or, ici c’est une maison d’arrêt et de correction. Les enfants, il faut les effrayer souvent”.2
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 58. ↩
Jean Louis Niamke, Marie-Thérèse Dahonnon Zeze, “Perception du Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan par les Mineurs Incarcérés et persistance dans les actes antisociaux”, Revue Africaine de Sociologie, 28 avril 2023, pp. 2-6, 14. ↩
Les enfants incarcéré.es doivent bénéficier d’activités scolaires, sportives et récréatives, ainsi que de formation professionnelle (Décret nº2023.239, article 69)). La Balle aux prisonniers (LaBAP) mène plusieurs types d’actions dans les COM : activités sportives, programmes d’éducation et de socialisation, maintien du lien social entre les personnes détenues et avec le personnel. Elle propose également des ateliers visant la formation à des activités génératrices de revenus, telles que la pâtisserie, l’agriculture, l’apiculture, la couture et les soins esthétiques. Une étude publiée dans la Revue Africaine de Sociologie en avril 2023 révèle que des personnes détenues adultes assurent des formations auprès des enfants détenu.es dans le COM d’Abidjan : “les enfants ne s’adonnent pas aux activités faute de formateurs professionnels. Ils observent les formateurs et portent un regard critique sur eux du fait de leur statut de détenu et aussi de l’attitude des détenus vis-à-vis d’eux”. L’étude souligne que “le fait que les mineurs perçoivent le centre comme une prison plus qu’un centre éducatif, les rend réfractaires aux différents programmes de resocialisation. Du fait qu’ils sentent le poids de l’environnement carcéral, les mineurs sont plus préoccupés par leur libération. Ils sont pressés de quitter les lieux et donc ne s’intéressent pas vraiment aux activités. Ceci les amène à s’isoler et à errer dans la cour de la prison au lieu de suivre les séances de formation”.1
Jean Louis Niamke, Marie-Thérèse Dahonnon Zeze, “Perception du Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan par les Mineurs Incarcérés et persistance dans les actes antisociaux”, Revue Africaine de Sociologie, 28 avril 2023, pp. 2-11. ↩
Le personnel du Service de Protection Judiciaire des Mineurs en Milieu Carcéral (SPJEJ) est spécialement formé à la prise en charge des enfants. Une étude publiée dans la Revue Africaine de Sociologie en avril 2023 sur le COM d’Abidjan souligne l’absentéisme du personnel éducatif. Des adultes détenus sont formés sur le tas pour assurer la formation dans les ateliers. L’étude souligne qu’ils ne maitrisent “ni la théorie, ni la pratique encore moins la pédagogie”.1
Jean Louis Niamke, Marie-Thérèse Dahonnon Zeze, “Perception du Centre d’Observation des Mineurs (COM) d’Abidjan par les Mineurs Incarcérés et persistance dans les actes antisociaux”, Revue Africaine de Sociologie, 28 avril 2023, pp. 3, 11-13. ↩
Personnes étrangères
Nombre et pourcentage de personnes détenues étrangères
Non communiqué
Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² indique que 25,9 % des personnes en détention provisoire dans dix établissements sont de nationalité étrangère.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 29. ↩
Le Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI) recense, en janvier 2024, les nationalités étrangères principales suivantes : Burkina Faso (3 314), Mali (1 182), Guinée (390), Nigeria (360), Togo (259).
Les personnes détenues étrangères sont informées de leur droit de communiquer avec leur représentant.e consulaire
Les autorités doivent, à la demande d’une personne détenue, informer le consulat ou l’ambassade de sa détention. Des organisations de la société civile observent que cette notification n’est généralement pas faite dans la pratique. L’ambassade du Royaume-Uni indique qu’elle est le plus souvent informée de la détention par un.e proche ou un.e assistant.e social.e.1 Le CNDH-CI rapporte, en 2021, un manque d’assistance consulaire selon la nationalité.2 L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² soulignent, en 2022, l’absence de contact avec les consulats dans la MAC d’Aboisso et de Man. Cela impacte particulièrement les personnes détenues anglophones.3
GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, p. 5. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport sur les conditions de détention des femmes dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC)”, février 2021, p. 7. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
Le règlement intérieur fait l'objet de traductions
non
Les personnes détenues étrangères ont accès à un.e interprète professionnel
non
L’accès à un.e interprète professionnel est à la charge de la personne détenue.1 En pratique, l’interprétation se fait de façon informelle à travers d’autres personnes détenues ou du personnel. Le CNDH-CI souligne, en 2021, que la barrière linguistique et l’absence de traducteur.ices constituent des facteurs d’isolement pour certaines personnes détenues. L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² soulignent en 2022 une absence d’interprète dans les MAC d’Aboisso et de Man, impactant notamment les personnes détenues anglophones.2 La communication avec les commis d’office se fait en français, ce qui constitue un obstacle pour les personnes qui ne comprennent pas cette langue.1
GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, pp. 10-11. ↩ ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. ↩
Les personnes détenues étrangères bénéficient de l'aide juridictionnelle
-
Les personnes détenues dont les ressources financières sont limitées peuvent selon la loi demander une aide juridictionnelle.
Le séjour irrégulier n’est pas passible d’une peine d’emprisonnement.
Les personnes détenues étrangères sont autorisées, à l’issue d’une peine de prison, à demeurer sur le territoire national
oui
Les personnes détenues étrangères sont autorisées à travailler pendant leur détention
Les personnes détenues étrangères peuvent téléphoner dans leur pays, à leurs frais, comme les autres personnes incarcérées.
Les proches des personnes détenues étrangères peuvent parfois bénéficier d’un régime de visite adapté, par exemple sous la forme de visites plus longues ou de visites plus fréquentes sur une période plus courte. Cela dépend de la politique de chaque établissement.1
GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, p. 6. ↩
Personnes condamnées à de longues peines
Une longue peine est considérée comme telle à partir de
Le cumul des peines d'emprisonnement fait l'objet d'une limite
Le cumul des peines n’est pas prévu dans la loi. La peine la plus lourde est la seule retenue.
Des établissements spécifiques sont dédiés aux personnes exécutant une longue peine
Les maisons pénales sont destinées à accueillir des personnes condamnées pour des crimes ou pour des délits à une peine d’incarcération supérieure à cinq ans (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 7). En pratique, le parc pénitentiaire ne dispose que de deux maisons pénales, situées à Abidjan et Bouaké. De nombreuses personnes correspondant à ces critères sont donc incarcérées dans d’autres MAC du pays.
Le décret nº2023.239 dispose que les maisons pénales disposent “d’une organisation et d’un régime de sécurité renforcée dont les modalités internes permettent, toutefois, de préserver et de développer les possibilités de réinsertion sociale des condamnés” (article 7). En pratique, les personnes exécutant de longues peines peuvent être détenues dans des MAC. Elles sont ainsi soumises au même régime que le reste de la population de l’établissement.
La peine à perpétuité est proscrite
Nombre et pourcentage de personnes effectuant une peine à perpétuité
Non communiqué
La peine à perpétuité s’applique aux infractions suivantes : crimes de guerre, crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de torture, assassinat, parricide, empoisonnement, vol aggravé, atteinte à la défense nationale, terrorisme, contrefaçon et usage illégal des sceaux et des effets publics, poinçons, timbres et marques, etc.
Des établissements spécifiques sont dédiés aux personnes condamnées à perpétuité
Les maisons pénales sont destinées à accueillir des personnes condamnées pour des crimes ou pour délits à une peine d’emprisonnement supérieure à cinq ans (Décret nº2023.239, article 7). En pratique, il n’existe que deux maisons pénales, situées à Abidjan et Bouaké. Une part des personnes condamnées à perpétuité est détenue dans cet établissement. Les autres sont détenues dans d’autres prisons situées près de leurs proches.
Les personnes effectuant une peine à perpétuité ne sont pas soumises à un régime de détention particulier. Celles détenues au sein du camp pénal de Bouaké sont soumises au régime renforcé de sécurité appliqué au sein de l’établissement.
Une personne condamnée à vie peut demander un aménagement de peine à partir de 15 ans de détention (Code de procédure pénale, article 734).
Personnes en détention provisoire
Pourcentage de personnes en détention provisoire
Les personnes en attente de jugement pour une infraction passible de moins de deux ans d’emprisonnement ne doivent pas être maintenues en détention provisoire (Code de procédure pénale, article 162). Cette règle n’est pas toujours respectée dans la pratique. Plusieurs facteurs expliquent le taux élevé de détention provisoire, notamment le recours excessif à celle-ci, le manque de ressources humaines (y compris de magistrat.es) et financières, la perte de dossiers, les barrières administratives (absence d’adresse, de carte d’identité, de garanties de représentation ou de certificat médical) et le manque de coopération entre les différentes parties prenantes de la chaîne pénale. L’étude révèle cependant que 76,5 % des personnes en détention provisoire déclarent avoir une adresse clairement définie, alors que l’absence d’une telle adresse est souvent invoquée pour justifier leur placement. Elle souligne également que 76,5 % des personnes sont incapables d’expliquer la notion de détention provisoire et que 19,7 % ne sont pas en mesure d’indiquer une personne à contacter pendant leur détention. L’étude montre également que l’incertitude globale générée par la situation de détention provisoire engendre une souffrance psychologique chez les personnes détenues.1 L’ACAT-CI, la FIACAT, LaBAP et PrSF rapportent 671 cas de détention provisoire injustifiée au 30 novembre 2022. Ceux-ci ont été transmis à des avocats référents, aboutissant à 419 décisions (187 mises en liberté provisoire et 232 condamnations). Les organisations soulignent qu’aucune décision disciplinaire n’a été prise à l’encontre d’un juge d’instruction pour cause de non-respect des dispositions encadrant la détention et les mesures alternatives à celles-ci.2 Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² fait apparaître une moyenne d’âge de 34 ans et une médiane de 33 ans.
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020. ↩
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, p. 12. ↩
Évolution du nombre de personnes en détention provisoire
augmentation
Le nombre de personnes en détention provisoire augmente de 11,84 % entre décembre 2022 (8 784)1 et mai 2024 (9 824).
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF), “Annexe II - Population carcérale au 31 Décembre 2022”, 2022. ↩
Les personnes prévenues sont séparées de celles condamnées
La loi dispose que les personnes en détention provisoire doivent être séparées des personnes condamnées (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 38). Plusieurs sources confirment que cette règle est systématiquement bafouée.12
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 13-14. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, pp. 15-26. ↩
La libération sous caution des personnes prévenues est prévue par la loi
Des organisations de la société civile observent que les personnes disposant de moyens financiers suffisants pour bénéficier d’une libération sous caution sont très peu nombreuses. La lourdeur des procédures administratives pour les personnes éloignées des instances judiciaires est également un obstacle dans l’accès à ce droit.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 96. ↩
La détention provisoire est limitée à 18 mois pour les délits (Code de procédure pénale, article 166) et à 24 mois pour les crimes (article 167). La détention provisoire est initialement prononcée pour une période de six mois (délit) ou huit mois (crime) et est renouvelable deux fois. La première prolongation est notifiée par une ordonnance motivée rendue après débat contradictoire au cours duquel le ministère public et l’inculpé.e ou son avocat.e sont entendu.es. La seconde prolongation est prononcée par la chambre d’instruction, saisie par requête du juge d’instruction. À la fin de l’instruction, la personne détenue renvoyée devant le tribunal correctionnel doit comparaître pour être jugée dans un délai d’un mois à partir de la date de l’ordonnance de renvoi. Ce délai est six mois en matière criminelle. À défaut, la personne doit être libérée (article 175).1 Les délais cités ci-dessus ne sont généralement pas respectés. Des personnes restent parfois en détention provisoire pendant cinq, voire dix ans, sans jugement. L’ACAT-CI relève, en 2024, des cas allant jusqu’à 14 ans.2 La durée de la détention provisoire dépasse parfois la durée de la condamnation elle-même.3 Une étude publiée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2020 révèle 33 cas de détention provisoire d’une durée comprise entre cinq et sept ans, et un cas de près de dix ans. La durée moyenne de détention provisoire dans les dix MAC étudiées est de 2,21 ans. 84,4 % des personnes interrogées déclarent ne pas connaître les délais légaux de la détention provisoire. Deux personnes déclarent qu’elles se suicideraient si leur détention se prolongeait.4 Le CNDH-CI recense en 2019, 622 personnes poursuivies pour un délit et 121 personnes poursuivies pour un crime se trouvaient en détention provisoire au-delà des limites d’instruction.5
ACAT Côte d’Ivoire, FIACAT, “Guide sur les garanties judiciaires de l’inculpé détenu”, 2021, pp. 7-8. ↩
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, p. 11-12. ↩
U.S. Department of State, “2023 Country Reports on Human Rights Practices: Côte d’Ivoire“, 2023, pp. 6-7. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, pp. 39, 44, 51-52, 63-64, 69, 74, 102. ↩
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite de 23 maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire (Du 05 - au 12 septembre 2019)”, septembre 2019, pp. 7-9. ↩
Une demande de mise en liberté provisoire peut être faite à tout moment avant, pendant et après l’instruction. Avant le procès, la demande doit être adressée au/à la juge d’instruction, chargé.e ensuite de la transmettre au/à la procureur.e, qui dispose de trois jours pour donner son avis. Le/la juge doit ensuite se prononcer dans un délai de deux jours. Si ce délai n’est pas respecté, la chambre d’instruction peut être saisie et doit statuer sous 15 jours, faute de quoi la personne est libérée (Code de procédure pénale, article 173). Cette demande peut aussi être faite directement auprès de la direction de l’établissement, chargée ensuite de la transmettre au greffe d’instruction (article 172). Pendant le procès, une demande peut être soumise à la juridiction de jugement qui dispose de 20 jours pour statuer (article 177).1 Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² révèle que ces demandes sont généralement réalisées avec l’aide d’autres personnes détenues alphabétisées ou de personnels administratifs ou sociaux. Cette intermédiation est parfois payante, ce qui exclut les personnes qui n’ont pas les moyens financiers. De nombreuses personnes, ne connaissant ni les procédures ni leurs droits, ne savent pas qu’elles peuvent faire une telle demande.23
ACAT Côte d’Ivoire, FIACAT, “Guide sur les garanties judiciaires de l’inculpé détenu”, 2021, p. 9. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, pp. 73, 80, 83. ↩
US Department of State, “Cote d’Ivoire 2022 Human Rights Report”, 2022, p. 6. ↩
La Constitution dispose que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’un procès équitable (article 5). En parallèle, le décret nº2023.239 dispose que les personnes en détention provisoire sont soumises au même régime et aux mêmes règles disciplinaires que les personnes condamnées, à l’exception de facilités nécessaires pour préparer leur défense (article 2). La cour peut interdire la communication avec toute personne autre que l’avocat.e et les membres du personnel, et ordonner un placement en cellule individuelle (article 41). Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² indique que1 :
- 31,8 % des personnes en détention provisoire jugent leurs conditions de détention mauvaises, voire très mauvaises
- 31,3 % estiment que la détention les exclut de leur famille
- 11,8 % jugent leurs relations avec le personnel tendues ou violentes
- 89,4 % se sentent moins en sécurité en prison qu’à l’extérieur
Les personnes en détention provisoire soulignent que les activités sociales, les ateliers de réinsertion et les activités professionnelles proposées sont peu nombreuses. Certaines estiment avoir subi une injustice du fait d’avoir été traitées comme si elles étaient coupables, contrairement au principe de la présomption d’innocence.2
“Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, p. 11-12. ↩
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, pp. 44-46, 86. ↩
Personnes appartenant à une minorité ou à un peuple autochtone
La collecte d’informations sur l'appartenance à une minorité ou à un peuple autochtone est autorisée
L'appartenance à une minorité ou à un peuple autochtone est un critère d'affectation dans une cellule ou dans un quartier
non
Les personnes appartenant à une minorité ou à un peuple autochtone ne sont pas soumises à un régime de détention particulier.
Il est tenu compte des besoins spécifiques des personnes détenues en matière de
religion
Personnes LGBTQI+
La poursuite et/ou l'incarcération d'une personne en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre est interdite
Certaines personnes sont arrêtées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, sous prétexte d’“atteinte aux mœurs“. Amnesty International - Côte d’Ivoire indique qu’elles sont généralement détenues pendant cinq ou six heures au commissariat de police et libérées lorsque l’association se présente. Ces personnes ne sont généralement pas poursuivies après leur libération du commissariat. Les travailleur.euses du sexe sont souvent arrêté.es en vertu de l’article sur le racolage. Une source rapporte que les personnes LGBQTI+ peuvent faire l’objet de discriminations lors du jugement, avec pour résultat des peines plus lourdes.
Les personnes LGBTQI+ sont détenues dans des quartiers ou des cellules séparés
non
L’administration ne prévoit pas de protection particulière pour les personnes LGBTQI+. Une source rapporte qu’elles font l’objet de discriminations physiques et morales, et sont souvent victimes d’abus sexuels de la part d’autres personnes détenues.
L'affectation des personnes transgenres dans un établissement dépend de
leur sexe biologique
Les personnes transgenres n’ont pas la possibilité de porter des vêtements qu’elles considèrent comme reflétant leur identité de genre.
Les personnes transgenres bénéficient d'un régime de fouille adapté
Les personnes transgenres sont fouillées par le personnel de leur sexe assigné à la naissance.
Les personnes transgenres bénéficient d'une prise en charge médicale spécifique
non
Une organisation rapporte que l’équipement et les soins médicaux ne répondent aucunement aux besoins des personnes LGBQTI+. L’accès aux traitements hormonaux n’est pas assuré dans le pays. Certaines personnes parviennent à y accéder de manière informelle. Selon l’organisation, cette possibilité ne s’étend pas aux prisons.
Les personnes LGBTQI+ ont accès aux visites conjugales
non
Chaque établissement pénitentiaire doit, “autant que le permet la configuration spatiale et architecturale des lieux” disposer d’une ou plusieurs “cellules de vie familiale sécurisées, destinées à recevoir dans l’intimité le détenu et son conjoint” (Décret nº2023.239, article 128). Les organisations de la société civile rapportent que les personnes LGBTQI+ ne bénéficient pas de ces dispositions en pratique.
Le mouvement anti-LGBTQI+ s’est fortement renforcé dans le pays depuis août 2024. Celui-ci appelle à la discrimination morale et physique des personnes LGBTQI+. La situation affecte également les personnes en prison.
Personnes âgées
L'administration pénitentiaire tient un registre spécifique des personnes âgées
Nombre et pourcentage de personnes âgées
Non communiqué
Une étude publiée en 2020 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² indique que 3,7 % des personnes interrogées en détention provisoire sont âgées de 61 à 71 ans.1
ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, p. 29. ↩
Les personnes âgées ne bénéficient d’aucune prise en charge spécifique.
La loi ne prévoit pas de dispositif de libération anticipée pour les personnes âgées.
Personnes en situation de handicap
L'administration pénitentiaire tient un registre spécifique des personnes détenues en situation de handicap
Le CNDH-CI compte, en juillet 2021, 259 personnes en situation de handicap, dont 11 femmes et six enfants. Cela représente 1,13 % de la population carcérale. La plus grande proportion se trouve dans le Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (40). Les principaux types de handicaps identifiés sont psychiques (111), moteurs (56), visuels (55) et auditifs (26).1 Des organisations de la société civile observent que de nombreuses personnes présentent des handicaps non diagnostiqués, en particulier invisibles ou non reconnus par les autorités.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire ‘‘Détenus en situation de handicap’’ (Du 08 au 22 juillet 2021)”, pp. 4-5. ↩
Les établissements pénitentiaires sont adaptés aux besoins des personnes détenues en situation de handicap
non
Le décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes dispose qu’un aménagement en matière de couchage et de nourriture peut être prévu pour les personnes pour lesquelles le régime habituel peut entraîner des problèmes physiologiques ou psychologiques (article 38). Le CNDH-CI rapporte en 2021 que les personnes en situation de handicap sont détenues dans les mêmes conditions que les autres personnes détenues, à l’exception de la MAC de Dabou et celle de Man. Elles sont placées dans des cellules inadaptées et les espaces communs leur sont inaccessibles car elles ne peuvent se déplacer en dehors de leur cellule sans assistance.1 Des organisations de la société civile rapportent l’absence totale de prise en compte des besoins spécifiques des personnes en situation de handicap, tant au niveau de l’équipement que de l’accompagnement. Ni les toilettes, ni les douches ne sont adaptées. Les équipements tels que les béquilles et les fauteuils roulants ne sont pas pris en charge.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire ‘‘Détenus en situation de handicap’’ (Du 08 au 22 juillet 2021)”, p. 5. ↩
L’administration indique, en 2021, l’existence d’une assistance spéciale destinée aux personnes en situation de handicap dans six MAC (Agboville, Gagnoa, Man, Sassandra, Touba, Toumodi). Les personnes concernées auraient accès à des ateliers de formation ou à des activités de divertissement dans trois MAC (Adzopé, Danané, Gagnoa). La même année, le CNDH-CI rapporte un manque de personnel formé à la prise en charge du handicap et un accès insuffisant à des soins appropriés, aggravant ainsi l’état de santé des personnes concernées.1 L’association Dignité & Droits pour les Enfants en Côte d’Ivoire (DDE-CI) apporte un soutien aux personnes détenues en situation de handicap sous la forme d’une assistance générale et juridique, ainsi que d’un soutien psychologique. L’association observe que le personnel pénitentiaire n’est pas formé à la prise en charge de ce public. En pratique, les personnes détenues valides apportent une forme de soutien aux personnes en situation de handicap. DDE-CI rappelle néanmoins que ces dernières sont vulnérables en cas de conflit, et notamment en cas d’accusations de la part d’autres personnes détenues. Certains groupes, comme les personnes non-voyantes et/ou malvoyantes, sourdes et/ou malentendantes, sont plus susceptibles de voir leurs droits bafoués en raison des barrières de communication auxquelles elles sont confrontées. Certaines personnes ont besoin d’une personne connaissant la langue des signes pour communiquer, ce qui n’est pas pris en charge par l’administration.
Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire ‘‘Détenus en situation de handicap’’ (Du 08 au 22 juillet 2021)”, p. 4. ↩
Personnes condamnées à mort
La peine de mort est abolie
oui, depuis 2000