Garanties

Toutes les personnes détenues sont admises en prison avec un ordre d'incarcération valable

oui
i

Les personnes détenues sont en mesure d’informer sans délai un proche de leur détention

oui

Des quartiers arrivants sont présents

dans quelques établissements

Les personnes détenues sont généralement placées directement en détention ordinaire.

Un exemplaire du règlement intérieur est mis à disposition des personnes détenues

non

Chaque prison dispose de son propre règlement. Celui-ci est parfois affiché sur les murs. Il n’est pas systématiquement mis à la disposition des personnes détenues. Les règles dans chaque cellule peuvent également varier en fonction de ce qui est établi par le/la “chef.fe de cellule”. Ces règles entrent parfois en contradiction avec celles de l’établissement.

Les personnes détenues peuvent être placées en division normale, d’amendement ou de discipline (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 46). La décision de placement doit relever de la direction de l’établissement (article 50). Des organisations de la société civile rapportent qu’en pratique le placement se fait en fonction de la peine, l’âge et parfois le statut social1. Les personnes doivent parfois payer pour accéder à des cellules décentes.23


  1. Pour plus d’informations sur le régime de détention lié au statut social, se référer à la section Organisation

  2. Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, p. 15. 

  3. U.S. Department of State, “2023 Country Reports on Human Rights Practices: Côte d’Ivoire“, 2023, p. 4. 

Des projets d’exécution des peines ne sont pas établis pour les personnes détenues.

Le recours à un.e avocat.e est autorisé à tout moment de la détention

oui
i

Les personnes détenues ont le droit de payer les services d’un.e avocat.e, d’être défendues par un.e avocat.e commis.e d’office et de bénéficier de l’aide juridictionnelle. En pratique, il existe plusieurs obstacles à l’exercice de ces droits.1 Les effectifs et les ressources sont insuffisants, par exemple, pour couvrir les frais des avocat.es commis.e d’office et de médecine légale. Cela empêche la tenue des séances et entraîne de nombreux retards dans le traitement des dossiers.1 Les avocat.es refusent parfois d’accepter des dossiers en raison du grand nombre d’impayés de l’État et d’une charge de travail déjà trop importante.2 La somme versée ne couvre parfois même pas le trajet jusqu’à la prison ou le tribunal. Tous.tes les avocat.es sont basé.es à Abidjan, ce qui complique l’obtention d’une représentation pour les personnes éloignées de la ville et/ou situées dans des zones difficiles d’accès. Le nombre de tribunaux est insuffisant en zones rurales. Cela limite la possibilité de recruter d’autres magistrat.es, dont beaucoup ont achevé.e leur formation mais pour qui il n’y a pas de postes vacants. Les sessions des cours d’assises ne sont pas régulières. Cette situation augmente le nombre de personnes en détention provisoire et, de facto, la surpopulation carcérale.1 La communication avec l’avocat.e commis.e d’office peut s’avérer compliquée. Les a doivent se rendre sur place pour s’entretenir avec leur client.e, ce qui est rare en pratique3. Une étude mené sur la détention provisoire par l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture - Côte d’Ivoire (ACAT-CI), la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (FIACAT) et le Centre d’Études et de Recherche sur la Diplomatie, l’Administration Publique et le Politique (CERDAP²) révèle que près de 93 % des personnes détenues interrogées n’ont pas eu accès à l’assistance d’un.e avocat.e.4

Certain.es avocat.es rapportent que l’accès des avocat.es aux prisonnier.ères politiques/d’opinion peut parfois être refusé par la direction de l’établissement, qui leur demande une autorisation spécifique du ministère de la Justice. Une organisation souligne également qu’il est souvent nécessaire de passer par l’avocat.e plutôt que par l’administration pour obtenir des informations sur la situation des prisonnier.ères politiques. Une autre indique, en 2024, que les filles détenues n’ont pas systématiquement accès à un.e avocat.e.

Le Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI) rapporte, en 2018, que les personnes détenues n’utilisent pas suffisamment les voies de droit offertes par la loi. Elle émet l’hypothèse que les personnes détenues considèrent qu’il est inutile de poursuivre les procédures, ou qu’elles ne sont pas en mesure d’utiliser ces voies de recours en raison d’une méconnaissance des procédures ou de l’impossibilité de bénéficier de conseils adéquats.5 Une étude publiée en 2022 par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² révèle que 70 % des femmes, 71 % des filles et 40 % des garçons interrogé.es déclarent ne pas avoir d’informations régulières sur leur situation judiciaire.6 Plusieurs organisations de la société civile rapportent, en 2024, que l’aide juridictionnelle est méconnue des justiciables et peu utilisée. Les sommes qui y sont allouées sont insuffisantes, freinant ainsi son utilisation.1 Une étude menée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2020, révèle que 90 % des personnes en détention provisoire interrogées déclarent ne pas connaître l’existence de l’aide juridictionnelle.4

Les organisations de la société civile soulignent également des cas de corruption, avec des auxiliaires de justice contraint.es de verser de l’argent à certain.es greffier.es pour obtenir la transmission rapide de leurs décisions de justice.1 Les personnes détenues doivent parfois faire appel à des proches ou à l’aumônerie pour les aider dans leurs démarches judiciaires.4


  1. Rapport alternatif de l’ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, La Balle aux prisonniers (LaBAP) et Prisonniers Sans Frontières (PrSF) à l’occasion de l’examen de la Côte d’Ivoire par le Comité contre la torture lors de sa 80ème session”, juillet 2024, pp. 6-7.     

  2. U.S. Department of State, “[2023 Country Reports on Human Rights Practices: Côte d’Ivoire]](https://www.state.gov/reports/2023-country-reports-on-human-rights-practices/cote-divoire/)“, 2023, pp. 7, 10. 

  3. GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, pp. 10-11. 

  4. ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Présumé.e innocent.e ? Étude sur la détention préventive en Côte d’Ivoire”, janvier 2020, pp. 76-77, 79, 113.   

  5. Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 6. 

  6. ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, p. 66. 

Un point d’accès au droit est à disposition des personnes détenues

non

Les personnes détenues se tournent généralement vers le personnel de travail social, leurs proches, l’aumônerie ou d’autres personnes détenues lorsqu’elles ont besoin d’assistance pour accéder à leurs droits.

Les visites avec un.e avocat.e doivent avoir lieu dans un parloir dédié et en l’absence du personnel (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 132).

Les décès en détention sont consignés sur un registre

oui
i

Nombre de décès en détention

219

i

Ce chiffre concerne les décès survenus entre janvier et novembre 2022. L’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² rapportent, en 2022, que les causes de décès les plus fréquentes rapportées par l’administration sont le béribéri, la malnutrition, les pathologies pulmonaires et le paludisme.1 Les autorités signalent qu’un.e médecin doit délivrer un certificat de cause de décès. Une enquête approfondie et impartiale n’est menée qu’en cas de mort suspecte. Les organisations de la société civile signalent qu’aucune enquête n’est menée pour déterminer la cause du décès dans certains établissements. Aucun certificat ne mentionne de mort suspecte en 2022.2

Évolution du nombre de décès

augmentation

Le nombre de décès augmente de 147,37 % entre 2017 (95)1 et 2021 (235).

Nombre de décès attribués à un suicide

Non communiqué

Taux de mortalité en détention (pour 10 000 personnes détenues)

100,8

i

L'administration est tenue d’informer l’autorité judiciaire

de tous les décès

i

En cas de décès, de maladie ou d’accident grave d’une personne détenue, la famille ou une personne de contact doit être informée immédiatement (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 17).

En cas de décès, la famille peut récupérer la dépouille de son proche. Les effets personnels de la personne décédée doivent être remis à ses proches (Décret nº2023.239, article 178).

Des politiques de prévention du suicide sont mises en œuvre

non

Des allégations de torture, de violence et de mauvais traitements sont signalées. Une enquête menée par l’ACAT-CI, la FIACAT et le CERDAP² en 2022 révèle que 7 % des femmes et 16 % des enfants interrogé.es rapportent avoir subi des actes de torture ou de mauvais traitements. Ces personnes déclarent avoir été frappées, privées de nourriture ou insultées par le personnel ou leurs codétenu.es. Certains garçons déclarent également avoir été déshabillés par le personnel.1 Le Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI) signale des tensions récurrentes entre le personnel de surveillance et les personnes détenues. Il recense 63 cas de violences dans onze établissements entre février et avril 2022.2 Le Conseil souligne, en 2018, que les femmes détenues sont “particulièrement vulnérables au viol, à d’autres violences et à l’exploitation sexuelle”. Ces violences passent souvent inaperçues et ne sont pas rapportées.3 Certaines organisations de la société civile font état de cas d’extorsion de la part du personnel et d’autres personnes détenues.4


  1. ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 78-79. 

  2. Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022, mai 2022, pp. 15-26. 

  3. Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport de visite des maisons d’arrêt et de correction de Côte d’Ivoire, Janvier-Avril 2018”, avril 2018, p. 10. 

  4. U.S. Department of State, “2023 Country Reports on Human Rights Practices: Côte d’Ivoire“, 2023, pp. 2-3, 5. 

La prohibition de la torture est inscrite dans la Constitution et dans la loi

oui

i

La Convention contre la torture des Nations unies (CAT) est

ratifiée en 1995

i

Il est interdit au personnel “de se livrer à des actes de violences sur les détenus” ou “d’user de dénominations ou de langage injurieux à l’égard des détenus” (Décret nº2023.239, article 121).

Toute allégation ou tout soupçon de mauvais traitement infligé à une personne détenue est enregistré

non

Les cas de mauvais traitements ne sont pas toujours signalés par crainte de représailles.

Si oui, l'administration est tenue de saisir l’autorité judiciaire

non

Des organisations de la société civile rapportent qu’aucune politique de prévention de la torture n’est mise en œuvre.

Nombre de faits violents recensés entre personnes détenues

Non communiqué

La hiérarchie informelle au sein des prisons, appuyée par l’administration, donne lieu à des abus de pouvoir de la part des personnes détenues en position de force. Des violences physiques et sexuelles sont rapportées par le CNDH-CI et plusieurs organisations de la société civile.123


  1. Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Impacts de la surpopulation sur les droits de l’homme dans les établissements pénitentiaires de Côte d’Ivoire, Rapport d’enquête du 23 au 27 mai 2022”, mai 2022, pp. 14-15, 26. 

  2. ACAT Côte d’Ivoire, la FIACAT, CERDAP², “Vivre l’enfer[mement] Regard sur la détention des femmes et des mineur.es en Côte d’Ivoire”, décembre 2022, pp. 10, 78-79. 

  3. US Department of State, “Cote d’Ivoire 2022 Human Rights Report”, 2022, p. 4. 

Il n’existe pas de système officiel pour formuler des plaintes.1 Les personnes détenues peuvent demander à être entendues par la direction ou par les autorités chargées de visiter les établissements pénitentiaires. L’entretien avec ces dernières peut se faire en dehors de la présence du personnel pénitentiaire. Les plaintes collectives sont interdites et peuvent faire l’objet de sanctions (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 90). Les personnes détenues peuvent écrire aux autorités judiciaires sous pli fermé, même si elles sont placées à l’isolement ou si elles sont privées de correspondance (article 91). Les personnes ont également la possibilité de saisir le CNDH-CI, ce qui se fait le plus souvent par téléphone, lors des visites du Conseil ou par l’intermédiaire de leurs proches.


  1. GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, p. 9. 

Le CNDH-CI a compétence pour “procéder à des enquêtes non judiciaires, mener toutes investigations nécessaires sur les plaintes et dénonciations dont il est saisi et établir un rapport contenant les mesures qu’il propose au Gouvernement”.1 Des organisations de la société civile mentionnent que le Conseil leur renvoie parfois des cas.

Le Protocole facultatif à la Convention contre la torture des Nations unies (OPCAT) est

ratifié en mars 2023

i
Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (OHCHR), "Ratification Status for CAT-OP - Optional Protocol of the Convention against Torture".

Un MNP est créé

non

Une instance régionale contrôle les lieux de privation de liberté

oui

i
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR), "Mécanismes spéciaux".

Le/la Rapporteur.e Spécial.e sur les Prisons, les Conditions de Détention et l’Action Policière en Afrique, l’un des mécanismes spéciaux de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR), a la possibilité de contrôler les conditions de détention sur les territoires des États signataires de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. La personne occupant ce poste a besoin de l’autorisation du pays concerné pour effectuer des visites.

Le Sous-comité pour la prévention de la torture (SPT) a déjà visité le pays

non

i
Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (OHCHR), "Country Visits".

Les membres du Parlement et du Conseil économique, social, culturel et environnemental peuvent visiter à tout moment les établissements pénitentiaires. Les préfet.es et les sous-préfet.es peuvent visiter les établissements de leur circonscription. Le ou la procureur.e de la République doit être informé.e de la visite préalablement (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 123). Les magistrat.es doivent visiter les établissements pénitentiaires de leur ressort, suivant les périodicités ci-après :

  • juge de |’application des peines : au moins deux fois par mois
  • juge d’instruction et juge des enfants : au moins une fois par mois
  • procureur.e de la République : au moins une fois par trimestre
  • président.e de Ia chambre d’instruction : au moins une fois par an (article 124).

Des organisations de la société civile rapportent que ces dispositions ne sont pas respectées en pratique. Les magistrat.es peuvent visiter tous les locaux, s’entretenir avec toutes les personnes détenues et examiner tous les documents administratifs du greffe. Un rapport de visite est ensuite adressé au ministère de la Justice (article 125). Le CNDH-CI peut effectuer des visites.1 Celui-ci a également compétence pour “procéder à des enquêtes non judiciaires, mener toutes investigations nécessaires sur les plaintes et dénonciations dont il est saisi et établir un rapport contenant les mesures qu’il propose au Gouvernement”. Les organisations de la société civile peuvent effectuer des visites et formuler des recommandations avec l’autorisation du ministère de la Justice (article 126). L’administration indique que des ONG telles que PrSF, Amnesty International, l’ACAT-CI, Soutien aux Prisonniers de Côte d’Ivoire (SOPCI) et la Croix-Rouge peuvent effectuer des visites sans autorisation préalable, mais ces dernières affirment qu’en pratique, elles doivent en demander une. L’ACAT-CI éprouve des difficultés à obtenir ces autorisations depuis quelques années, en particulier lorsqu’il s’agit de contrôler les conditions de vie et les cas de détention provisoire de longue durée. L’accès des ONG est généralement limité à la distribution de dons et aux rencontres avec les directions d’établissement.2 Une organisation indique que lorsqu’elle se rend en prison pour parler aux personnes détenues, ce sont parfois les “chefs de cellule” qui contrôlent les prises de parole.

La loi prévoit un dispositif d’aménagement de peine

oui

Seules les personnes condamnées ayant purgé la moitié de leur peine, et admises en division d’amendement (article 51), peuvent bénéficier d’une libération conditionnelle. Le temps d’épreuve est porté aux deux tiers pour les personnes en état de récidive et à 15 ans pour celles condamnées à vie. La durée de la libération ne peut être inférieure à la durée de la partie de la peine non subie et peut la dépasser pour une période maximum d’un an. Dans le cas d’une condamnation à vie, la durée est fixée à une période comprise entre cinq et dix ans (Code de procédure pénale, article 734). Exceptionnellement, la libération conditionnelle peut être accordée par décret du Président, sans observation des délais d’épreuve prévus dans l’article précédent (article 735). La libération conditionnelle consiste en la mise en liberté anticipée assortie de mesures d’assistance et de contrôle (Décret nº2023.239 du 05 avril 2023 portant règlementation des établissements pénitentiaires et fixant les modalités d’exécution de la détention des personnes, article 55). La personne doit donner des “preuves de bonne conduite”, “des gages sérieux de réadaptation sociale”, et démontrer sa capacité à “réintégrer une vie sociale normale sans risque de récidive” (CPP, article 734). Le CNDH-CI rapporte qu’en 2022, 33 demandes de libération conditionnelle sur 104 ont été traitées, 67 sont restées sans suite et quatre n’ont pas été transmises. Aucune n’a reçu de réponse favorable. Les directions d’établissement citent un certain nombre de raisons pour expliquer le faible nombre de demandes, notamment des retours défavorables, un manque de suivi, de longs délais d’attente et des contraintes liées à l’acheminement des demandes.1

La décision relative à une demande de libération conditionnelle relève du ministère de la Justice, sur avis du ministère de l’Intérieur. Le dossier de proposition comporte les avis de la direction de l’établissement, “du juge de l’application des peines, du ministère public près la juridiction qui a prononcé la condamnation, du préfet du département où le condamné entend fixer sa résidence, ou dans les cas prévus par décret, du préfet ou du chef de la circonscription administrative du lieu de détention” (Code de procédure pénale, 2020, article 726).

La peine peut être aménagée dès son prononcé

non

Une personne condamnée doit avoir purgé au moins la moitié de sa peine avant de pouvoir bénéficier d’une libération conditionnelle (Code de procédure pénale, article 734). Exceptionnellement, la libération conditionnelle peut être accordée par décret du Président, sans observation des délais d’épreuve prévus dans l’article précédent (article 735).

La peine peut être aménagée en cours d'exécution

oui
i

En cas de refus d'aménagement de peine, la personne détenue peut contester cette décision

oui

Des organisations de la société civile signalent qu’il est souvent difficile de faire aboutir l’appel dans la pratique.

Certaines catégories de personnes condamnées ne peuvent pas prétendre à des aménagements de peine

oui

Seules les personnes condamnées admises en division d’amendement peuvent bénéficier d’une libération conditionnelle (Décret nº2023.239, article 51).

La loi prévoit un dispositif de permission de sortir

oui
i

Les personnes condamnées peuvent bénéficier de permissions de sortir en cas de maladie grave ou de décès d’un.e membre de leur famille ou de leur conjoint, de leur mariage, d’un entretien professionel, d’un examen ou d’un concours. Les personnes en semi-liberté peuvent bénéficier de permissions de sortir les dimanches et jours fériés ou chômés Décret nº2023.239, article 135.

Une permission de sortir autorise une personne à s’absenter d’un établissement pénitentiaire pendant une période de temps déterminée qui s’impute sur la durée de la peine en cours d’exécution (Code de procédure pénale, 2020, article 727). Elle doit préciser le jour et l’heure de rentrée, le lieu où la personne est autorisée à se rendre, et si elle doit être accompagnée par un personnel de surveillance et/ou être astreinte au port de menottes. Les permissions de sortir sont accordées sur avis de la direction, par ordonnance du ou de la juge de l’application des peines (Décret nº2023.239, article 135). Les frais liés à la sortie, y compris ceux de l’escorte, sont à la charge de la personne détenue. Celle-ci doit prouver qu’elle a les moyens d’assumer ces dépenses avant d’être autorisée à sortir. Le personnel peut être autorisé à porter des vêtements civils (article 136). Ces frais représentent, dans la pratique, un frein pour la plupart des personnes détenues.

La loi prévoit un dispositif d'aménagement de peine pour raisons médicales

oui

Une personne condamnée peut bénéficier d’une permission de sortir en cas de maladie grave (Décret nº2023.239, article 135). Les médecins doivent signaler immédiatement au ou à la juge de l’application des peines les personnes détenues dont l’état de santé est incompatible avec une détention en vue d’un allègement de la peine (article 215).

Nombre des personnes détenues ayant bénéficié d’une grâce présidentielle ou d’une amnistie

2 500

i
2021
/ Conseil National des Droits de l’Homme - Côte d’Ivoire (CNDH-CI), “Rapport Annuel 2022", 2023, p. 53.

Les grâces ou amnisties sont accordées par le/la Président.e ou ses délégué.es, comme les ministres ou le/la procureur.e général.e. La personne conserve un casier judiciaire à la fin de sa peine.1 Les grâces présidentielles sont généralement accordées la veille du Nouvel An ou du Jour de l’Indépendance.


  1. GOV.UK, “Côte d’Ivoire - Prisoner Pack”, août 2020, p. 12. 

Les personnes détenues qui savent lire et écrire aident généralement les autres à remplir les formulaires de demande d’aménagement de peine ou de permissions de sortir. Certaines organisations de la société civile fournissent des guides pour remplir ces formulaires.