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Syrie : dans une prison de djihadistes coupés du monde

Il existe au moins un endroit en Syrie où l’on ignore encore la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi. Il s’agit d’une pièce de moins de quarante mètres carrés, sans fenêtres, reliée au reste du monde par une porte métallique qui, le plus souvent reste fermée par un imposant verrou. Les quelque trente hommes aux regards défaits qui y demeurent – Russes, Tunisien, Algériens, Britannique, Saoudien… – ont compté parmi ses partisans.

Sous les vêtements qui pendent aux cordes à linge et la lumière crue des néons, sur la couche rêche de leurs lits superposés à trois étages, certains d’entre eux gardent de son commandement un souvenir nostalgique, et nombre d’entre eux portent sur leurs corps mutilés les stigmates des batailles menées en son nom.

Mais dans cette cellule pour étrangers d’une grande prison du Nord-Est syrien tenue par les forces de sécurité kurdes et réservée aux détenus de l’organisation Etat islamique (EI) arrêtés au fil des défaites essuyées par le groupe djihadiste depuis 2015 face aux Forces démocratiques syriennes (FDS), aucun ne sait que, deux nuits plus tôt, leur ancien chef suprême a été éliminé.

Un homme amputé des deux jambes, le dos contre l’armature en métal de son lit, pose une question avec un accent britannique typique : “Vous pouvez nous dire ce qui se passe dehors ?”

Peu avant le début de l’intervention turque dans le nord de la Syrie, leurs gardiens ont retiré les télévisions des cellules de la prison, de peur que les détenus se rebellent, sentant le chaos venir par le truchement des chaînes satellitaires régionales.

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