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Suisse : la justice restaurative pourrait faire son entrée dans le Code de procédure pénale

La justice restaurative fait son chemin en Suisse. Le Conseil national veut inscrire cette notion dans le Code de procédure pénale. Invitée dans le 12h45 mardi, la psychothérapeute Emmanuelle Granzotti explique le concept derrière cette approche.

La justice restaurative, ou justice réparatrice, se veut une alternative à l’approche généralement privilégiée par les systèmes pénaux.

Dans l’application classique de la justice, l’attention est portée à la loi qui a été brisée ou la sanction à apporter, explique Emmanuelle Granzotti, psychothérapeute et membre de l’Association pour la justice restaurative en Suisse (AJURES).

En justice restaurative, on va plutôt essayer de se focaliser sur le lien social qui a été déchiré à travers l’infraction et la conséquence de cette cassure sur la victime. On essaie de remettre la victime au centre en réfléchissant à comment restaurer ce lien abîmé”, ajoute la psychologue spécialisée dans le suivi des personnes impliquées dans des infractions.

Emmanuelle Granzotti considère que cette approche a de nombreux bienfaits, notamment pour la partie lésée. “Lorsque l’on travaille avec des victimes en thérapie, on constate que celles-ci ont beaucoup de questions. Il y a aussi des émotions de culpabilité, de honte parfois. Pouvoir parler directement avec l’auteur et lui poser des questions leur permet d’y mettre un sens et d’avancer plus vite.

Les victimes ne sont toutefois pas les seules à bénéficier de cette méthode. Selon la psychothérapeute, les responsables peuvent aussi en retirer des bienfaits. L’auteur d’une infraction peut par exemple expliquer ce qui l’a mené à une action, sans toutefois justifier ou minimiser la gravité des faits.

Selon l’AJURES, plusieurs études réalisées sur plus de 1800 auteurs d’infractions ont démontré que le taux de récidive peut baisser jusqu’à 45% en cas d’application de la justice restaurative. Pour Emmanuelle Granzotti, ces chiffres sont la preuve que l’approche bénéficie plus généralement à toute la société.

“Le but est non seulement que la victime puisse se reconstruire et repartir plus forte, mais également que l’auteur puisse être réhabilité et réinstauré dans la société en tant qu’être non dangereux.”

Quant aux craintes exprimées sur le fait que l’Etat ne puisse plus remplir sa mission, Emmanuelle Granzotti répond qu’il s’agit d’une démarche complémentaire à la justice pénale.

Les autorités auront le loisir d’utiliser la méthode si elles le souhaitent, selon leur propre appréciation. Il n’y a aucune volonté de remplacer la justice pénale, ce sont deux choses différentes”, conclut la psychothérapeute.