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Suisse : Hans Wolff, “Avec la pandémie, le risque suicidaire a explosé en prison“

En Suisse et dans d’autres pays, les pendaisons et automutilations sont enforte hausse chez les détenus. Le chef de la médecine pénitentiaire genevoise se dit très inquiet et lance un appel pour éviter unesurpopulation galopante qui aggraverait encore la situation. Interview

Au mois d’août 2021, à quelques jours d’intervalle, une femme et un homme, tous deux quadragénaires et incarcérés à la prison des Iles, à Sion, m’étaient fin à leurs jours. En octobre, un détenu de 35 ans était retrouvé mort dans sa cellule à Orbe. Une semaine plus tard, c’était autour d’un homme de 50 ans, détenu à la prison de Champ-Dollon. Si le monde carcéral, empreint de promiscuité, de stress, de tensions et de souffrances psychiques, est connu pour favoriser les gestes auto ethétéro-agressifs, cette multiplication de drames interpelle les professionnels du domaine. Le professeur Hans Wolff, chef du service de médecine et de psychiatrie pénitentiaires genevois, a lancé une étude avec son équipe pour cerner le phénomène et tenter d’en comprendre les causes. Les effets de la pandémie semblent jouer un rôle important.

“Si on extrapole les données jusqu’à fin décembre, on arrivera à 67 tentatives pour la seule prison de Champ-Dollon contre 32 l’année précédente et 18 en 2019.”

Hans Wolff explique : “Je n’avais jamais vécu une situation aussi grave et je suis très inquiet. Il faut savoir qu’avant 2011, les auto-strangulations et pendaisons étaient très stables. Entre 5 et 10 par an. L’augmentation massive de la surpopulation entre 2011-2014, avec des pics à plus de 200% de la capacité de la prison, s’est accompagnée d’une forte hausse de ces tentatives allant jusqu’à 89 cas en 2014 ainsi que 296 blessures auto-infligées. Un record absolu. Nous avions alors la preuve que la surpopulation nuit gravement à la santé et pourrait même tuer. Après une amélioration de la situation carcérale, on observe à nouveau cette augmentation alors que le nombre de détenus est resté stable. Il n’y a pas d’explication simple.