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Russie : "Oleg Sentsov est en train de mourir dans une prison parce qu'il dit des choses qui dérangent", affirme Françoise Nyssen

“Il faut agir vite pour ne pas laisser Oleg Sentsov mourir.” C’est le titre d’une tribune publiée lundi 13 août dans le journal Le Monde et signée par un collectif d’une centaine de personnalités de la culture et du cinéma, dont Jean-Luc Godard ou encore Ken Loach, pour demander la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov.

Le cinéaste, opposé à l’annexion de la Crimée, est emprisonné en Russie depuis 2015. Il a entamé une grève de la faim mi-mai pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens enfermés en Russie. “On dit qu’il a perdu 30 kilos et que son état se dégrade”, a réagi sur franceinfo Françoise Nyssen, ministre de la Culture, elle aussi signataire de cette tribune. “Il y a urgence à faire libérer Sentsov.”

franceinfo : Oleg Sentsov a été condamné à 20 ans de prison. Il lui est reproché d’avoir participé à la préparation d’un acte terroriste. Vous dites que son procès a été une violation du droit international. Pourquoi ?

Françoise Nyssen : Parce que ça ne se base pas sur des faits avérés. Il a été emprisonné à cause de ce qu’il pouvait dire. Les cinéastes, les écrivains, les gens de théâtre nous disent le monde et leur vision et nous en avons besoin dans le débat démocratique. La liberté artistique est à la base de toute création et nous devons la défendre et la respecter. C’est terrifiant de se dire qu’à partir des idées qui pourraient être propagées, on emprisonne une personne. C’est ça, l’état des lieux.

Oleg Sentsov est donc emprisonné pour ses films, pour ses idées ?

Oui, c’est manifeste, il n’y a pas de faits avérés. C’est un procès qui s’est fait sur des suppositions avec des suspects qui ont dit des choses sous la torture. Aujourd’hui, cet homme réclame le droit à la liberté d’expression et meurt pour cela. Il est en train de mourir dans une prison parce qu’il dit des choses qui dérangent, mais on a besoin de ces artistes, de leurs idées, de leurs éclairages dans le débat démocratique, même si cela dérange. On ne doit pas emprisonner dès le moment où on atteint la frontière de dissidence.

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