Actualité

RDC: témoignage de Jean Louis Kyaviro sur la prison d'Alcatraz-Makala

Je ne suis pas du tout supris par la chaleur avec laquelle on accueille les prisonniers et on cache même les criminels.

En vérité, la justice congolaise a totalement perdu la confiance du peuple qui arrive même à bruler des voleurs au lieu de les remettre à la police.

La police elle même figure parmi les plus grands violateurs des droits humains et les cambrioleurs dans toutes les villes.

En plus, les prisons congolaises ne remplissent plus les conditions minimales de lieux d’incarcération. Concues pour redresser, elles sont devenues des véritables écoles de crimes et d’opposition.

Ce sont les grands criminels qui dirigent les comités des prisonniers. Les conditions sanitaires et alimentaires sont exécrables.

Les aliments, fonds et autres biens destinés aux prisonniers sont détournés en plein jour.

Les vivres de la prison de Makala sont vendus à bon prix autour de la prison.

Le courant de Makala sert les bars, moulins et hôtels environnant. On voit les camions amener les vivres à Makala à 11 heures et d’autres venir en reprendre une bonne partie à 14 heures.

Les bénéficiaires sont très nombreux.

La magouille est endemique. Les familles des prisonniers peinent et sont harcelées et extorquees à chaque visite.

En plus, tout peut entrer dans Makala : drogue, alcool, armes… je dis bien: tout !

Il y a des femmes et des filles qui viennent en grand nombre chaque jour faire la pute dans les pavillons…

En plus, une écrasante majorité des detenus sont convaincus d’être victimes d’injustices ou de la corruption: il y a là des gens amnistiés depuis des années, des gens sans procès, des detenues avec des bébés, des gens ayant depuis longtemps dépassé la durée de la peine prévue pour leurs soit disant infraction, des detenus sans dossier ni plaignants, des victimes de reglement de comptes…

Dans cette ambiance, on laisse faire des choses très graves: tortures sur les prisonniers par les membres du “comité”, raconnement à chaque coupure de courant sous pretexte d’achat des câbles ou autre chose comme si cette charge revenait aux prisonniers, paiements de loyers pour les cellules…

Sur le plan de la santé, c’est la catastrophe: il y a un petit dispensaire pour 8 mille detenus et personne n’a le droit d’y passer la nuit quel que soit son etat !

Les transferts à l’extérieur sont couteux: tu paye 100 dollars à la police de Makala pour quitter et 20 dollars par jour à chaque policier une fois à l’hôpital.

Quant aux factures des soins, à la nourriture, aux examens de laboratoire… ils sont à charge du detenu !

Lire l’article entier.