“En matière de droits de l’homme et de la femme, la boussole est très simple. C’est celle de la dignité de la personne.”¶
– Jean-Marie Delarue, premier Contrôleur général des lieux de privation de liberté (2008 à 2014) à Concertina 2023.¶
L’âge d’or des droits humains est pourtant derrière nous, nous dit M. Delarue. Ils se voient grignotés, petit à petit. La boussole qui érige la sécurité en première des libertés n’est pas celle qui nous guide. La nôtre ne tremble pas. Elle indique la dignité et les droits fondamentaux. Il nous revient de les rendre tangibles. De les rendre nécessaires.
Nous travaillons à mettre en lumière de façon concrète, pays par pays, le traitement réservé aux personnes détenues. Lorsque nous rapportons une atteinte aux droits de la personne, nous le faisons car c’est sa dignité qui est attaquée. Jamais loin, il y a les traitements inhumains et dégradants. Il y a la torture.
La sanction tombe, le marteau résonne : onze mois, dix ans, quelques semaines. Loin d’une justice désincarnée, la prison est le lieu où la peine prend corps, dans un terre-à-terre quotidien qui s’égrène et qui abîme.
Pourtant, d’autres systèmes s’imposent peu à peu. Ce sont des “maisons de détention” à plus petite échelle aux Pays- Bas, le placement extérieur pour les femmes en Écosse ou les maisons de transition canadiennes. Sans être la solution magique ni représenter une réponse satisfaisante aux problèmes d’un système, ces expériences font bouger les lignes. Elles donnent à voir un autre horizon. Ailleurs, des réseaux se mobilisent contre la criminalisation de la pauvreté. Ils mettent le doigt sur les injustices, ils alertent sur la vulnérabilité des activistes et questionnent le recours massif à l’incarcération.
Mesurer le poids de la prison. Fournir des clés pour comprendre et la penser autrement. Documenter les atteintes aux droits et à la dignité : voilà les missions que Prison Insider remplit en 2023. Interroger, mesurer, décrypter : l’équipe fournit une information qui sert le changement.
Ce travail a un coût conséquent. Il est indispensable pour saisir avec nuance les réalités carcérales et mobiliser les forces. Il doit permettre d’améliorer les conditions d’enfermement et de prévenir tout acte de torture.