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Papouasie-Nouvelle-Guinée : Bomana, la prison tropicale réinventée

Au festival de photojournalisme de Perpignan, Marc Dozier expose son travail sur un centre pénitentiaire en pleine révolution.

Bâtie dans les années 1960, la prison de Bomana, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, abrite pêle-mêle des meurtriers, des voleurs, des violeurs et des membres de gangs. Un théâtre d’évasions, de crimes, de révoltes, surnommé le « nid de l’enfer ». Construite à quelques kilomètres de Port Moresby, la capitale du pays, le centre pénitentiaire est partagé en trois unités : un quartier de haute sécurité, un autre de sécurité minimum et un troisième réservé aux femmes. L’établissement entasse sept cents détenus.

En 2013, dès son arrivée, Kiddy Keko, le nouveau directeur de la prison fait une promesse aux locataires : « Comportez-vous bien et vous aurez plus de liberté ! »

Soutenu par le gouvernement, relate le photographe Marc Dozier, « il a ouvert les portes aux bonnes volontés, souhaitant leur offrir des activités sportives, leur apprendre à lire [dans un pays où 63 % des adultes sont analphabètes], ou leur enseigner un métier ». Pour Kiddy Keko, il s’agissait « de rétablir la confiance entre gardiens et prisonniers ». Vaste programme. Il n’empêche, sous sa direction, matons et taulards ont signé un accord de paix, échangeant même, selon une vieille tradition papoue, des poulets, un cochon et de la canne à sucre. Les détenus ont aussi déposé les pinces coupantes et les couteaux jusqu’alors dissimulés.

Concrètement, et c’est tout le travail du photographe, en couleurs intenses, ce sont des prisonniers qui sont initiés au yoga, dans la perspective de lutte contre la violence, certains ont en charge un élevage de cochons et de vaches, d’autres effectuent des travaux agricoles (parfois à l’extérieur même de la prison, pour les bananes, les patates douces et le manioc), dont les récoltes permettent d’améliorer les menus ordinaires. C’est aussi, dans le cadre d’un programme de réinsertion, des cours de gymnastique le matin, sitôt après l’appel, des ateliers de formation en électricité, plomberie, menuiserie et réparation d’électroménager, des cours d’acrobaties en vue de spectacles en ville, lors de permissions exceptionnelles, des prisonniers qui échangent leur quotidien sur Facebook, qui se regroupent pour regarder un match de rugby, animer une messe en musique…

Cela n’en fait pas un centre de vacances ou d’apprentissage. Parce que les conditions de vie restent difficiles. À titre d’exemple, Marc Dozier fixe ainsi les seules fenêtres qui éclairent les cellules collectives, de trente à cinquante personnes. Des dortoirs où la température dépasse aisément les 40 °C. Mais aujourd’hui, la prison de Bomana peut se targuer d’un record : depuis cinq ans, elle n’a pas enregistré une évasion…

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