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Liban : regards des jeunes Libanais sur la peine de mort

«On estime aujourd’hui à près de 66 le nombre des condamnés à mort dans les prisons libanaises. La dernière exécution au Liban remonte à l’an 2004. Les sentences d’exécution prononcées depuis cette date restent non appliquées. Le pouvoir exécutif s’abstient de signer cette sanction, jadis pratiquée par pendaison ou à l’arme à feu, ce qui empêche son accomplissement», déclare la professeure Leila Saadé, présidente de l’École doctorale de droit du Moyen-Orient (EDDMO). Selon la fondatrice de la filière francophone de droit au Liban, il y a un moratoire officieux sur les exécutions mais rien d’officiel ne le garantit. «Cette peine, qui existe dans le Code pénal depuis 1943, est prononcée uniquement suite aux homicides les plus graves, comme défini par l’article 549, tels que l’homicide intentionnel commis avec préméditation», explique Mme Saadé, ajoutant: «Bien que le Liban soit signataire de nombreuses conventions qui prévoient la suppression de la peine capitale, comme la Convention sur les droits civils et politiques en 1972, l’ouverture de ce dossier ne fait pas partie des objectifs du gouvernement. » Et de poursuivre: «Le moment n’est pas propice surtout avec la barbarie dans certaines régions du pays du Cèdre. » Si le gouvernement reste léthargique concernant cette problématique, qu’en disent les jeunes Libanais?

Œil pour œil, dent pour dent «J’étais toujours contre la peine de mort pour des raisons religieuses et morales, et parce que je pensais qu’il ne faut pas punir les criminels en utilisant les mêmes moyens qu’eux. Mais après les événements de Nahr el-Bared en 2007, j’ai changé d’avis», confie Caline Farah. Jeune diplômée en relations internationales, elle poursuit: «Suite aux atteintes contre notre armée, je suis de plus en plus convaincue que la prison ne suffit pas pour punir un crime aussi grave.» Maya Zaatar partage cet avis. L’étudiante en médecine à l’USJ explique: «Si les terroristes qui ont attaqué notre armée avaient été exécutés publiquement, cela aurait été une leçon pour les autres et la situation serait différente aujourd’hui.» Bernard Ghandour va encore plus loin. L’étudiant en gestion à l’Université La Sagesse propose d’infliger cette sanction extrême pour d’autres graves infractions telles que le viol, la violence conjugale et le commerce illégal de drogue parce que, selon lui, les exécutions contribuent à réduire le nombre de crimes. Charbel el-Rami se prononce lui aussi contre la suppression de la peine capitale. Il estime que «les condamnés pour des crimes graves possèdent des tendances criminelles innées». «Je doute de la possibilité de leur réhabilitation dans des prisons comme les nôtres», confie-t-il. D’autres étudiants approuvent également le maintien de la peine capitale puisque, selon eux, la loi du talion doit régner. Tel est l’avis de Karine el-Khatib. Cette étudiante en première année de sciences économiques assure que l’exécution du coupable venge la victime et console ses parents. «Est-ce possible que la victime meurt, que ses parents souffrent et que le criminel, lui, reste vivant?» s’écrie-t-elle, avant de poursuivre: «En exécutant le coupable, on évite aussi sa libération par amnistie, ce qui est commun au Liban. » Jean Élie el-Rami, 19 ans, acquiesce. Pour l’étudiant en droit, « l’application de cette peine empêche la répétition de l’incident qui a eu lieu au village de Ketermaya en 2010 lorsque les villageois se sont fait justice eux-mêmes en lynchant et pendant un meurtrier qui avait poignardé quatre personnes d’une même famille.»

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