Analyse

La sexualité en prison de femmes

LES RÉSULTATS présentés sont issus d’une enquête de doctorat, au cours de laquelle ont été rencontrés un peu plus de cent cinquante acteurs carcéraux dans une dizaine d’établissements pénitentiaires français. Un suivi longitudinal de quatre-vingt détenues a été réalisé durant un an.

La conduite d’entretiens répétés visait non seulement à instaurer une solide relation de confiance mais également à percevoir l’évolution des pratiques et des représentations au fil du temps. Furent parallèlement menés des entretiens individuels et collectifs avec soixante-quinze surveillantes, gradés, membres du personnel de direction, conseillers d’insertion et de probation, soignants, intervenants extérieurs et magistrats. L’étude visait à aborder la question de la sexualité en prison de femmes sous un angle large, qui questionne les rapports entre les acteurs carcéraux dans les diverses situations à caractère sexuel.

Le caractère sexuel de certaines situations est mis en abstraction par les acteurs carcéraux : ils le diluent dans d’autres problématiques présentées comme prépondérantes.

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Myriam Joël

Docteure en sociologie

Myriam Joël est docteure en sociologie. Ses recherches de master consacrées aux femmes détenues l’ont conduite à mener une thèse sur la sexualité en prison de femmes. Celle-ci a été soutenue en 2012 à l’Université Paris Ouest.
Après une brève étude post-doctorale sur le cancer au cours de laquelle elle avait intégré une équipe pluridisciplinaire, elle termine actuellement une recherche à l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques), financée par Sidaction, et qui porte sur la question de la prévention et la réduction des risques en prison et à la sortie.

Ses travaux se situent à la croisée des champs de la prison, de la sexualité et de la santé.

Ils se caractérisent par une perspective compréhensive, c’est-à-dire le souci de donner la parole aux différentes catégories d’acteurs des situations étudiées – personnes détenues et professionnels – afin de comprendre leur point de vue. Néanmoins, ils ne s’inscrivent dans aucun type d’engagement militant ou idéologique.
Une attention particulière est portée aux dimensions temporelle (suivi des acteurs sur de nombreux mois ou années et travail par récit de vie) et spatiale (intérêt aux divers espaces dans lesquels évoluent ces acteurs et aux relations qui s’y tiennent).