Portfolio

Les prisonniers attendent. Pour certains, ils ne seront jamais jugés car leur dossier n’existe plus. D’autres mourront. Seyi Rhodes, journaliste, commente les photographies prises lors de son reportage.

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© Seyi Rhodes
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Les prisonniers en quête d'air frais – © Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
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À court d'espace – © Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
Les cellules surpeuplées
"Ces personnes restent enfermées dans la cellule la plupart de la journée. C’est assez compliqué d’expliquer précisément comment tout cela fonctionne, mais je suis quasiment sûr qu’ils y restent cloîtrés entre 10 et 11 heures par jour. Ils doivent disposer d’une ou deux heures hors de la cellule." – © Seyi Rhodes
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À l'intérieur d'une cellule surpeuplée – © Seyi Rhodes
Un homme réclame de l’aide
Un homme réclame de l’aide. "Comme il est assez facile de l'imaginer, tout est assez chaotique. La plupart des personnes détenues crient toutes en même temps, essaient de nous dire quelque chose sur leurs conditions de détention ou sur leur affaire. Nous n’étions pas toujours en mesure de discuter, d’échanger avec les prisonniers." – © Seyi Rhodes
Une cellule surpeuplée
"Nous nous sommes rendus dans deux sections de la prison. Il y a la zone principale et la zone hospitalière. La zone principale se découpe en quatre ou cinq quartiers où sont hébergés les prisonniers. Certains quartiers sont évidemment pires que d’autres. Cette photographie est assez représentative des conditions réelles de détention. Au fond, il y a un triple lit superposé. Le lit du bas est quasiment sur le sol. Il est difficile de dire entre combien de personnes chaque lit est partagé. Peut-être quatre ou cinq. Cela dépend de la taille du lit. Sans doute plus." – © Seyi Rhodes
Prisonniers détenus à l’infirmerie
Prisonniers détenus à l’infirmerie. "Il y avait jusqu’à 500 personnes détenues à l’infirmerie, dans trois pièces qui communiquent. Elles étaient vraiment entassées. L’infirmerie se trouve à l’entrée de la prison. Il faut passer le portail principal avant de passer la sécurité. Cette zone est assez particulière car elle n’implique pas de règles claires de sécurité. N’importe quoi pourrait pénétrer, un couteau ou que sais-je, à partir du moment où c’est la "bonne" personne qui le fait." – © Seyi Rhodes
Prisonniers entassés à l'infirmerie
"Des prisonniers dorment sous les lits, d’autres au-dessus. Ils sont véritablement entassés. Ils sont, pour moi, dans les pires conditions possibles, puisqu’ils ne sont pas censés pas sortir du tout." – © Seyi Rhodes
Un homme au visage émacié, à l'infirmerie
Un homme au visage émacié, à l'infirmerie. "L’unité dédiée aux prisonniers porteurs de la tuberculose et l’infirmerie sont situées plus près de la cuisine. J’ai l’impression que cela rendait l’organisation plus simple. La plupart des visages décharnés vus à l’infirmerie sont ceux des prisonniers de la section principale de la prison qui deviennent comme ça au fil du temps. Dans le "quartier médical", je ne dirais pas qu’ils ont forcément accès à trois repas par jour, mais ils ont de la nourriture alors que dans le reste de la prison, beaucoup ne mangent pas, pour diverses raisons." – © Seyi Rhodes
Un prisonnier dormant sous un lit
Un prisonnier dormant sous un lit. – © Seyi Rhodes
L'heure du repas
L'heure du repas. "C’est le début de leur heure et demie de temps libre. Pendant ce laps de temps ils doivent se laver et manger. La cellule des hommes que l’on voit à l’image vient d’être ouverte et ils sortent tous dans un flot continu. Ils tiennent des petits bols dans leurs mains, ainsi que des fourchettes en plastique. Ils vont essayer d’attraper de la nourriture tant qu’ils peuvent, qu’ils mettront dans leur boîte en plastique. Ensuite, avec un peu de chance, ils pourront se laver et ramener la nourriture dans leur cellule. Leur temps est compté. Ils ont souvent eu leur tupperware à la suite d’une visite de leurs proches. La nourriture vient en partie de l’extérieur, certains ont des contacts qui leur permettent d’en obtenir. Les autres doivent s’assurer d’être là quand la marmite est sortie et placée dans une zone centrale de la prison. Ils ne disposent que d’un seul temps libre pour manger, donc un seul repas, même s’il devrait y en avoir trois. Tout le monde mange la même chose, les repas ne varient jamais. C’était toujours la même mixture et pour être honnête, je ne sais pas ce qu’il y avait dedans. Sûrement une sorte de poudre de maïs. J’ai déjà vu des légumes être coupés, peut-être des patates douces, mais je ne les ai pas revus dans la marmite. Peut-être ont-ils été bouillis avant de se désagréger dans la mixture. Apparemment tout le monde ne pouvait pas en avoir." – © Seyi Rhodes
Attendre derrière les barreaux
"Certains prisonniers ne portent presque pas de vêtements. C’est très inconfortable comme situation, surtout dans une telle promiscuité. La plupart d’entre eux portent encore les habits qu’ils portaient lors de leur arrestation. Ce n’est pas évident de conserver une seule tenue et de la garder propre. Ils sont souvent nus ou à moitié nus : ils lavent leurs habits et les font sécher au soleil. Pendant ces deux heures, ils attendent nus. Je reste assez vague sur les durées car cela dépend vraiment du type de prison où vous vous trouvez, de votre statut au sein de la prison. Certaines personnes avaient l’air de passer la plupart de leur temps hors de leur cellule. D’autres restent 22 heures enfermés." – © Seyi Rhodes
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Les prisonniers essaient de communiquer entre eux. – © Seyi Rhodes
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Les prisonniers jouent aux cartes. – © Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
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© Seyi Rhodes
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La cellule B5 de la prison – © Seyi Rhodes
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Seyi Rhodes se tient devant la cellule dédiée aux prisonniers porteurs de la tuberculose. – © Seyi Rhodes
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Les gens se rendent bien compte que le système judiciaire ne marche pas et que les prisons sont dans un état catastrophique. C’est désormais une source d’inquiétude. Avant on enfermait puis on n'y pensait plus.

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Seyi Rhodes

Journaliste d'investigation

Seyi Rhodes est un journaliste d’investigation britannique qui a travaillé pour la BBC, Five Television, Current TV. Il est, depuis 2008, le présentateur et journaliste de la série documentaire Unreported World sur Channel 4. Il a gracieusement donné à Prison Insider les photographies qu’il a prises lors du tournage du documentaire “Haiti : prisons from hell”. Il a accepté de nous les commenter.
Une dizaine de photographies sont ainsi légendées au sein du portfolio. L’échange qui a suivi est retranscrit ci-dessous.