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Italie : Le plus grand site touristique européen uniquement géré par des détenus en réinsertion près de Naples

A Pozzuoli, près de Naples, un prêtre a mis sur pied un projet pour réinsérer d’anciens détenus : "C’est une opportunité concrète de travail pour gérer un musée et une cathédrale. Il faudra les surveiller et être guide.

Cela fait six mois que Mariateresa suit des cours d’histoire de l’art pour devenir guide sur le plus grand site touristique européen uniquement géré par des détenus en réinsertion, à Pozzuoli, près de Naples. Cette ancienne détenue révise à haute voix : “Le temple a été transformé en église pour ensuite devenir une cathédrale baroque.” Et puis, c’est le grand jour, celui de la première visite. Le moment d’affronter le regard des touristes comme Giulia et Gianpaolo qui participent à ce projet imaginé par le prêtre Don Gennaro Pagano, directeur du centre éducatif Regina Pacis. Désormais, ce sont eux les guides.

“Bienvenue ! Je m’appelle Giulia. Excusez mon émotion… Je fais partie du projet Puteoli sacra qui va vous faire découvrir les lieux les plus anciens de Pozzuoli et qui donne aussi l’opportunité à des personnes de se racheter en travaillant dans ce lieu historique.” C’est maintenant au tour de Mariateresa de se lancer : “C’est à cet endroit qu’ont été édifiées les premières fondations de la ville de Pozzuoli”, explique-t-elle aux touristes. Tout ce que ces nouveaux guides n’avaient pas eu la chance d’étudier dans leur enfance, ce sont eux qui le transmettent aujourd’hui aux autres.

Au cœur de la cathédrale, un chef-d’œuvre du XVIIe siècle touche tout particulièrement celle qui éclaire désormais les visiteurs : la peinture d’une femme de l’époque du Caravage. Artemisia Gentileschi, violée par son professeur de dessin, luttera ensuite pour faire entendre sa voix.

“Pensez à la force de cette femme qui s’est battue au XVIIe siècle au nom de sa dignité, dit Giulia à l’assistance. Moi, je me sens personnellement très liée à Artemisia. C’est une éducatrice pour toutes les femmes. Un exemple. Nous, on a été blessés et on guérit… petit à petit.”

Une guérison qui interpelle jusqu’au sommet de l’Etat italien… Gianpaolo garde sur son téléphone portable la vidéo de la venue du président de la République italienne Sergio Mattarella, en septembre 2021. L’ex-détenu de la prison de l’île de Nisida a ainsi eu le privilège d’être le guide du chef de l’Etat en visite officielle : “Le président Mattarella m’a félicité parce que je lui ai expliqué, par cœur et à la perfection, les détails de cette toile peinte en 1636. Elle représente San Gennaro qui fait se prosterner les fauves. C’est un miracle”, confie-t-il au magazine “Nous les Européens.