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Italie : l'île-prison où les détenus sont aussi vignerons

Que peut bien produire une île rocheuse de 2 kilomètres sur 3, la plus petite et la moins connue des sept îles de l’archipel de la Toscane, battue par les vents, et qui abrite de surcroît une colonie pénitentiaire ? Réponse : elle peut produire – et elle produit – un excellent vin (2.700 bouteilles par an). Il est appelé “Gorgona”, et ses bouteilles sont venues vendu 70 euros pièce dans les œnothèques et les restos chic de la côte.

Ce cépage de Vermentino matiné de Ansonica, 12,5 degrés, porté à bout de bras par les détenus, est un miracle d’intelligence et d’obstination, le produit d’un mariage public-privé inédit qui implique l’administration pénitentiaire italienne, la région Toscane et les célèbres marquis Frescobaldi.

Les Frescobaldi ? Une des plus vieilles et nobles familles d’Italie, dont l’acte de naissance remonte au 13e siècle, et qui s’occupe de vins depuis 700 ans et sur 30 générations. Son implication généreuse dans le “miracle Gorgona” aurait pu être une banale histoire de charité. Elle ne l’est pas.

Dernière chance

Gorgona : cette petite île située à 37 kilomètres de Livourne et à 60 de la Corse, 220 hectares de superficie, ressemble à un hérisson vert au milieu de flots bleu foncé. Les roches nous semblent à pic, à nous, la vingtaine de journalistes invités le 18 Juillet par les Frescobaldi à déboucher la première bouteille de la récolte 2014, et qui déboulons dans l’île à bord d’un ferry-boat.

Mais lorsque nous approchons du récif apparemment inabordable, nous apercevons une miraculeuse petite plage couronnée d’une conque sablonneuse et pentue, protégée des vents et orientée à l’Est. Ici pousse un large vignoble sur lequel veille, deux cent mètres plus haut, la forteresse de la prison. Quel spectacle ! Pins d’Alep, châtaigniers, myrtes, romarins, cistes et genets sont la végétation de base. Et ce n’est pas sans conséquence sur la qualité du vin.

Lamberto Frescobaldi, 52 ans, marquis de son état et administrateur de la maison de famille (1.200 hectares de vignes), observe avec nous la mer et l’île. Ses yeux se perdent dans le bleu magique qui nous entoure. Il nous présente ses plants de vigne comme s’il s’agissait de vieux amis, en annonçant : “le vin de la dernière chance”.

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