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Indonésie : dans la prison de Serge Atlaoui, condamné à mort

Des membres de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) ont rendu visite à Serge Atlaoui, dans sa prison indonésienne. Quatorze ans jour pour jour après son incarcération pour un trafic de drogue contesté, ils ont pu se rendre compte avec Sabine, son épouse, des conditions de détention toujours plus délicates du Mosellan. Et du peu de perspectives d’avenir.

1 novembre 2005 – 11 novembre 2019. Tout a changé et rien n’a changé. Serge Atlaoui, 56 ans dans quelques jours, a été incarcéré le 11 novembre 2005 pour une affaire de drogue. Quatorze ans plus tard, le Mosellan est toujours là-bas. Toujours dans le couloir de la mort, un peloton d’exécution prêt à tirer au gré des envies du gouvernement en place. Les épreuves de 2015 où sa vie ne tenait qu’à un fil semblent derrière lui. Mais ça ne signifie pas que les perspectives d’avenir soient bien meilleures pour le détenu, transféré depuis un an dans un nouveau centre de détention “où on lui a retiré plein de petites choses qui lui permettaient de vivre un peu mieux (lire par ailleurs)”, relate Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général d’ECPM, qui l’a rencontré la semaine dernière.

L’association Ensemble contre la peine de mort a passé quelques jours en Asie : “un enjeu très important pour nous”, confie son président Alain Morvan. Ses membres ont été auditionnés par les parlementaires malaisiens, qui réfléchissent à franchir le pas menant à l’abolition. Ils ont ensuite bifurqué vers l’Indonésie et plus précisément vers l’île-prison de Nusakambangan où se trouve le seul Français incarcéré. Sabine Atlaoui y a rejoint la délégation. Elle n’avait pas vu son époux depuis deux ans (lire par ailleurs).

Des situations contradictoires dans le pays

Président d’ECPM, Alain Morvan a rencontré un homme qui “va plutôt bien physiquement. Mais c’est compliqué moralement. Il s’accroche, pourtant. Je ne suis pas dans sa tête, je ne sais pas s’il se voit sortir un jour. Dans tous les cas, c’est un long chemin…”

Un chemin sans beaucoup de perspectives pour le moment. “Il y a deux actions en cours. La première, diplomatique et politique. La seconde concerne la surveillance de l’évolution pénale”, décrit Alain Morvan. “Aujourd’hui, le Lorrain reste condamné à mort. L’Indonésie n’a de cadeaux à faire ni à Atlaoui ni à la France. La mansuétude n’est pas une habitude locale. Notre action est complexe parce qu’il y a, là-bas, des choses étonnantes. L’Indonésie condamne à mort pour trafic de drogue. Et en même temps, elle a demandé la clémence à l’Arabie saoudite pour une ressortissante indonésienne contrôlée avec de la drogue et condamnée à la peine capitale. C’est contradictoire.”

Les choses peuvent aller vite

Dans ce pays aux mains du président Joko Widodo, Alain Morvan mesure aussi combien “les choses peuvent aller vite. Peut-être que Serge Atlaoui pourra bénéficier de l’évolution de la loi et que sa peine sera commuée en prison à vie.”

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