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Hongrie : les barbelés antimigrants fabriqués en prison

Avec une dizaine de codétenus habillés d’une combinaison kaki, Lajos est à son poste, dans la toute petite usine à l’intérieur de la prison de Marianosztra, une parmi la vingtaine que compte la Hongrie. Le bruit de la rotation des machines est très pénible. Ce trentenaire à la carrure imposante, qui porte un casque pour protéger son audition, perfore de grandes bandes de fer pour les rendre aussi coupantes que des lames de rasoir et les transformer en barbelés. “Personne n’aime travailler dans une prison, explique-t-il. Mais les conditions sont pas mal. C’est mieux d’être là que dans la fabrique de bois à côté, à cause de la poussière.”

Soixante-quinze pour cent des 700 prisonniers qui s’entassent à dix ou douze dans des cellules à l’ancienne ont été condamnés pour agression ou acte de violence. Les équipes de travailleurs se relaient en trois-huit toute la semaine. Chaque détenu touche un tiers du salaire minimum légal. L’établissement pénitentiaire est l’un des plus fermés du pays. Situé au nord de Budapest, au cœur d’une belle forêt près du Danube et de la frontière slovaque, il prélève une partie des revenus de Lajos, qui contribuent à couvrir aussi les frais de sa détention, ainsi que ceux de la justice.

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, à la rhétorique ouvertement hostile aux migrants, a fait ériger depuis l’automne 2015 des clôtures barbelées le long des frontières du pays avec la Serbie et la Croatie. Au début du mois d’avril, il a entamé les travaux en vue d’un prolongement du sud vers le nord à la frontière roumaine.

Vétuste et surpeuplée

Pour contrer l’argumentation des défenseurs des droits de l’homme, qui jugent aberrant de dépenser de l’argent pour empêcher des réfugiés de rentrer dans le pays au lieu de l’employer à améliorer leurs conditions d’accueil, il fait réaliser une large partie de l’ouvrage par des prisonniers.

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