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Guinée : "décédé de mort naturelle" un constat qui se multiplie à la prison de Conakry en Guinée

En deux mois, quatre personnes ont perdu la vie lors de leur détention provisoire, selon Amnesty international.

Amnesty international appelle les autorités guinéennes à faire la lumière sur la mort d’au moins quatre prisonniers lors de leur détention provisoire au centre pénitentiaire de la capitale Conakry. L’organisation qui enquête sur les violations des droits de l’homme partout dans le monde exprime une inquiétude particulière sur la situation actuelle en Guinée.

Ce n’est peut-être pas nouveau. Les conditions de détention en Guinée comme dans d’autres pays d’Afrique, sont contraires aux standards minimums requis par le droit international, mais la situation semble empirer selon les informations d’Amnesty international. En deux mois, quatre personnes dont trois opposants ont perdu la vie lors de leur détention provisoire à la prison centrale de Conakry. “Une mort naturelle” selon l’annonce officielle.

“Conclure à des décès naturels sans faire d’enquête approfondie, et n’autoriser la libération ou l’hospitalisation des détenus que quand leurs cas sont désespérés, témoigne d’un profond mépris pour la vie humaine”, Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

Selon plusieurs témoignages recueillis par Amnesty, les familles des prisonniers ne sont pas informées de l’état de santé de leur proche ou l’apprennent trop tard. C’est le cas de Roger Bamba, un attaché parlementaire, membre du conseil national des jeunes de l’UFDG (opposition). Il a été arrêté en septembre 2020 pour des propos “de nature à troubler la sécurité publique”. Il est mort en détention trois mois plus tard “des suites de maladie” , selon le ministère de la Justice.

“On ne m’a jamais dit qu’il était malade, jamais … À chaque fois que je partais là-bas, je présentais mon permis de communiquer, mais on me refusait la visite en me disant qu’il était interdit de voir les prisonniers politiques”, la femme d’un prisonnier à Amnesty International.

Amnesty International qui a pu visiter quatre fois la prison centrale de Conakry, entre 2015 et 2019, rappelle que les conditions de détention y sont “inhumaines”. Construite pour une capacité de 300 personnes environ, cette prison accueille près de 2000 détenus et ne compte qu’un seul médecin. Faute de moyens, les prisonniers sont souvent privés de soins. L’organisation de défense des droits de l’homme condamne surtout les détentions et les arrestations arbitraires qui se sont multipliées ces derniers mois, en raison d’un mouvement de protestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.

Au moins 400 personnes ont été interpellées et emprisonnées depuis la proclamation de la troisième victoire du président Condé, à la tête du pays depuis 2010.