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France : une forte participation aux élections européennes en prison et des résultats surprenants

Près de 85 % des détenus autorisés à voter pour les élections européennes ont participé au scrutin. Ils ont porté en tête le Rassemblement national, devant La France insoumise.

Le Rassemblement national en tête. Largement. C’est l’un des enseignements du vote par correspondance des détenus aux élections européennes, qui constituait une première au sein des prisons françaises.

Pour ce vote inédit organisé du 20 au 22 mai dans 165 des 188 établissements pénitentiaires de métropole et d’Outre-Mer, le taux de participation s’élève à 84,78 %, selon les résultats proclamés dimanche soir au ministère de la Justice. Sur les 5 184 détenus admis au vote, une partie a obtenu entre-temps une libération ou un aménagement de peine et 4 915 étaient donc en capacité de le faire. Le nombre de suffrages exprimés s’établit à 4 053 (sur 4 413 votants).

Les Insoumis deuxièmes, Hamon devant Glucksmann

La liste RN de Jordan Bardella est arrivée en tête avec 956 voix, soit 23,6 %, suivi de la liste France insoumise de Manon Aubry (798 suffrages, 19,7 %). Loin derrière, les listes LREM (9 %) et EELV (8,9 %) sont au coude-à-coude.

La liste de l’ex-candidat PS de la présidentielle Benoît Hamon (5,1 %) se place en cinquième position, devant celles d’Urgence écologie et de Place publique. Florian Philippot (Les Patriotes) et François Asselineau (UPR), deux partisans d’une sortie de la France de l’Union européenne, obtiennent respectivement 2,6 % et 2,4 %. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) en recueille 2,3 %.

Francis Lalanne devant Les Républicains

Les deux listes issues du mouvement des Gilets jaunes totalisent 120 voix, dont 102 pour la seule “Alliance jaune” menée par le chanteur Francis Lalanne (2,5 %). Avec 77 suffrages, la liste Les Républicains n’arrive qu’en treizième position avec 1,9 %.

Le dépouillement des bulletins et la proclamation ayant eu lieu au siège du ministère de la Justice, place Vendôme, les résultats seront rattachés au 1er arrondissement de Paris.

Un détenu part voter et ne revient pas

Promesse d’Emmanuel Macron pour faciliter le vote des détenus qui n’ont pas été déchus de leurs droits civiques, cette nouvelle modalité a été introduite par la loi de programmation et de réforme pour la justice du 23 mars 2019. Elle s’ajoute aux deux existantes, le vote par procuration ou lors d’une permission de sortir. Plus difficiles à mettre en œuvre, elles ne se sont jamais traduites par des taux importants de participation.

Dimanche, un détenu du centre de détention d’Eysses, dans le Lot-et-Garonne, a d’ailleurs profité d’une permission pour aller voter… sans jamais regagner la prison.

De nombreux détenus non-inscrits sur les listes électorales

Lors de la présidentielle de 2017, 809 détenus avaient pu faire une procuration pour voter et 200 s’étaient vus accorder une permission de sortir. Ils sont donc “cinq fois plus” nombreux à avoir voté par correspondance pour les Européennes, s’est réjoui Stéphane Bredin, le directeur de l’Administration pénitentiaire, saluant le taux de participation “très encourageant”.

“Le seul bémol” pour lui : près de 10 000 détenus sur environ 50 000 ayant le droit de vote avaient opté pour le vote par correspondance, mais près de la moitié n’étaient pas inscrits sur la liste d’une commune. “Il faut qu’on en ait plus”, a-t-il estimé.

Le vote en prison, plus difficile à organiser pour des élections locales

“La question qui se pose, c’est la suite”, a souligné François Korber, délégué général de l’association d’aide aux détenus Robin des lois, et militant pour le vote en détention depuis 2013.

“Maintenant, on sait faire pour les scrutins nationaux à circonscription unique. C’est beaucoup plus complexe pour les autres, notamment pour les municipales”, a commenté Stéphane Bredin

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