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France : Thierry Lévy, l'avocat qui voulait fermer les prisons

L’avocat Thierry Lévy, ancien président de l’Observatoire international des prisons, est décédé ce lundi à Paris à l’âge de 72 ans.
Fermer les prisons, s’en prendre aux “saintes victimes” qui fausseraient les procès, au besoin “s’écarter de la vérité” pour défendre : l’avocat Thierry Lévy, décédé lundi à 72 ans, était l’une des plus intransigeantes et singulières figures du barreau.

Au printemps 2016, des journalistes le voient un temps en avocat de Salah Abdeslam, seul membre encore vivant des commandos responsables des attaques du 13 novembre 2015. L’avocat au visage émacié s’est toujours refusé à commenter cette rumeur qui, d’une certaine façon, lui allait si bien. Ce fils d’une famille bourgeoise juive, que sa mère, elle-même avocate, fit baptiser, n’a-t-il pas dit qu’il aurait volontiers défendu Maurice Papon ?

Dans un ouvrage de 2010, Lévy oblige, Thierry Lévy s’interroge longuement sur son identité, lui qui ne se voit juif que dans les yeux des autres. Il raconte aussi qu’à l’âge de douze ans, traité de sale juif par un camarade, il demande à son père comment réagir. Il s’entend répondre avec un sourire : Cogne ! Il le fera dans les prétoires. Moins sulfureux qu’un Vergès, moins médiatique qu’un Dupond-Moretti, cet avocat prêt à s’écarter de la vérité pour défendre - il le dit dans l’un de ses nombreux livres - réserve ses éclats aux jurés.

En 1972, étrennant ou presque sa robe noire, il est commis d’office pour assister Claude Buffet. Avec Roger Bontems, défendu par Robert Badinter, son client est accusé d’avoir assassiné deux otages à la prison de Clairvaux. Les deux hommes sont condamnés à mort et exécutés le 28 novembre 1972. Thierry Lévy racontera au Figaro que ce matin-là, seuls les suppliciés avaient le visage digne d’êtres humains. Nous autres avions tous des gueules d’assassins. La peine de mort est abolie quelques années plus tard par François Mitterrand, après une bataille acharnée de Robert Badinter.

Thierry Lévy se lance dans ce qui est, pour lui, le combat d’après : l’abolition de la prison. L’a-t-il perdu ? Oui. Je crois, disait-il dans un entretien accordé à l’AFP, à l’été 2016, peu avant que le gouvernement n’annonce un vaste plan de construction d’établissements pénitentiaires.

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