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France : "Sur le terrain, c'est rocambolesque" ou la difficile mise en place du plan canicule dans les prisons

La canicule sévit sur tout le territoire : 78 départements ont été placés en vigilance orange, mercredi 26 juin. Le pic du phénomène est encore à prévoir en fin de semaine. Dans les prisons, la situation est parfois insoutenable. Pas de courant d’air dans les couloirs, les cellules et les parloirs. Pas d’ombre dans les cours de promenade et une hygiène insuffisante. “Les inconvénients vécus toute l’année en prison sont démultipliés pendant la canicule”, explique à franceinfo Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté.

Des bâtiments vétustes

François Bes, du pôle enquêtes de la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), insiste sur la vétusté de beaucoup d’établissements pénitentiaires : “Plus de la moitié des établissements ont été construits avant les années 1950. Certains ont une architecture avec des verrières sur le toit, ça crée très rapidement une fournaise”. Le thermomètre peut atteindre jusqu’à 46 °C dans certaines cellules.

“Dans certaines structures, on avait des trappes de désenfumage qu’on pouvait ouvrir en cas de fortes chaleurs. C’est le cas de la maison d’arrêt de Villepinte. Ce n’est plus possible à Fleury-Mérogis par exemple. Depuis la rénovation, il n’y a plus de trappes”, déplore Samuel Dehondt, représentant SNP-FO Pénitentiaire.

“En métropole, on n’a pas des établissements conçus pour faire une ventilation d’air, comme en outre-mer.”

Samuel Dehondt, SNP-FO Pénitentiaire, à franceinfo

Un prestataire dans un établissement pénitentiaire pour mineurs, qui a souhaité resté anonyme, témoigne à franceinfo de la difficulté d’intervenir dans ces lieux : “La salle où j’enseigne doit faire 12 mètres carrés, les fenêtres ont été cassées et pas réparées. Du coup, on ne peut pas les ouvrir, on ne peut pas fermer les volets non plus. Alors on ramène des ventilateurs, mais ça ne suffit pas.”

Les activités et les sorties quotidiennes proposées à la population pénale sont parfois annulées. Les détenus sont alors contraints de rester dans leur cellule. Laélia Véron est vacataire en prison dans la région d’Orléans (Loiret), où elle donne notamment des cours de français. Elle constate, à chacune de ses visites, des conditions difficiles par temps de canicule : “Ils crèvent de chaud et ils ont l’impression que tout le monde s’en fiche…”

Un plan canicule mis à l’épreuve

Pour anticiper ces conditions de vie dégradées en milieu carcéral, et quelles que soient les températures, chaque année, du 1er juin au 30 septembre, un plan canicule est mis en œuvre dans les prisons françaises, selon une note du ministère de la Justice que franceinfo a pu consulter. Ainsi, avant l’arrivée des chaleurs, le plan prévoit de faire vérifier le système de rafraîchisssement de l’air lorsqu’il existe, le fonctionnement des douches et les modalités de distribution d’eau fraîche.

Pendant la vague de chaleur, il est prévu d’arroser les cours de promenade et les murs, d’aménager les horaires des activités extérieures, de faciliter l’accès aux douches (une ou plusieurs par jour), d’installer des ventilateurs dans les parloirs, de faciliter l’accès aux ventilateurs et de distribuer régulièrement de l’eau fraîche. L’administration pénitentiaire reconnaît que la situation est variable d’un établissement à l’autre : “C’est flexible. Cela dépend des conditions qu’ils subissent.”

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