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Source : France Inter

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France : sortants de prison, "Il y a toujours un choc carcéral" [audio]

Reportage dans un service rare : la consultation extra-carcérale de l’hôpital Sainte-Anne. Elle s’adresse aux anciens détenus de la région parisienne. Car quitter la prison peut parfois s’avérer aussi difficile que d’y entrer.

C’est un petit bâtiment blanc, au cœur de l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne, à Paris. Depuis quatre ans, la consultation extra-carcérale du docteur Canetti accueille les sortants de prison de la région parisienne. Un lieu de soin, et un endroit d’accompagnement social, pour se reconnecter avec la vie quotidienne.

Sami se confie au docteur Canetti. Le jeune homme a fait 13 mois de prison, c’était il y a un an; depuis, il sent toujours une présence sur son épaule, une voix qui lui fait des reproches. Il a retrouvé du travail, mais la dépression s’est installée. “Dans la rue, je baisse les yeux, j’ose pas regarder les gens”, confie-t-il. “Pourtant, c’est vous qui vous êtes rendu à la police, vous avez payé votre dette” lui rappelle le médecin. Sami trouve tout cela “trop lourd à porter”, le regard des autres, surtout, ceux qui savent qu’il a fait de la prison. “Mais quand je vous parle, ça me fait du bien”, dit-il. “Alors on va se voir plus souvent” relance Cyrille Canetti, en notant un rendez-vous pour le mois prochain.

Prévention de la récidive

Pendant la fermeture de la prison de la Santé pour travaux, le psychiatre, qui travaille depuis 20 ans en détention, a eu l’idée d’ouvrir cette consultation hors les murs. Elle est accessible à tous les sortants de prison d’île-de-France. “Les gens, quand ils sortent de prison, sont parfois dans un état de délabrement qu’on a du mal à imaginer. Certains sont à la rue, ont froid, ont faim. On ne fait pas de la psychiatrie de haute volée, on n’a pas forcément des schizophrènes, des mélancoliques… Mais on propose un accompagnement psychiatrique et psychologique pour des gens qui, sinon, ont toutes les chances de partir à la dérive. Même si notre mission n’est pas la prévention de la récidive, c’est évident qu’on y contribue. J’ai eu hier un patient qui m’a dit qu’il voulait reprendre les braquages, il ne savait plus comment s’en sortir… Il nous demandait de l’aide pour ne pas retourner en prison.

La petite équipe est constituée de deux psychiatres, un psychologue, deux infirmières, une assistante sociale, une cadre et une secrétaire; presque tous ont travaillé en prison. “On sait ce que c’est le mitard, les barreaux, avec nous, il se sentent en confiance, ils ne sont pas stigmatisés” renchérit le médecin. Essentielle aussi, l’ergothérapeute de la bande : Laure Bétard aide les ex détenus à se réadapter à la vie quotidienne. Ce qu’elle fait avec Fahran, sorti de Fleury-Mérogis il y a 2 ans. Le jeune somalien souffre de troubles psychiatriques et somatiques. “En prison, le regard est arrêté; il n’y a pas d’horizon. En sortant, ils sont souvent pris de bourdonnements, de vertige. Dans la rue, au début, certains doivent souvent s’appuyer à un bâtiment pour ne pas tomber” explique l’ergothérapeute.

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