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France : "Revenants", la prison de Clairvaux entre ombres et lumières

Disponible sur le site Internet de France Télévisions jusqu’au 7 mai, le très beau documentaire de Julien Sallé suit l’élaboration et l’épanouissement d’un atelier poétique et musical au sein de la centrale pénitentiaire.

Ce fut une aventure humaine et artistique remarquable. Elle dura 13 ans, à l’initiative d’Anne-Marie Sallé. Intitulé Ombres & Lumières, le festival que cette femme de conviction fonda en 2004 parvint à réunir, sous le signe du dialogue et de l’attention réciproque, la condition des détenus de la centrale pénitentiaire de Claivaux et le travail de musiciens, compositeurs et interprètes. L’enfermement hors du monde et bientôt hors du temps de ces condamnés à de longues peines et la quête de beauté des artistes.

Plus encore, Anne-Marie Sallé a voulu que la musique, essentiellement à travers la voix, le plus partagé des “instruments”, “ouvre des brèches dans les murs clos de la prison, d’où s’échappent des œuvres dont les habitants de l’ombre son en partie créateurs”. Un premier film, Or, les murs – grand prix de l’Académie Charles Cros en 2010 – réalisé par Julien Sallé, témoignait de cette rencontre entre le monde carcéral et celui des arts.

Autour du thème de la Résurrection

Avec Revenants, le cinéaste remet le sujet sur son métier. Ses personnages s’appellent Clément et Gavroche, Vlash et Manu, ou encore Redouane et Carthagénois… Dans l’atelier de chant qui les rassemble en 2016 autour du thème de la Résurrection, les textes qu’ils écrivent deviennent peu à peu une pièce musicale tissée par le compositeur Philippe Hersant. En contrepoint, ce dernier confie au Chœur Spirito dirigé par Nicole Corti des variations autour de la Résurrection. Pour que la double nature de Clairvaux, abbaye et prison, s’incarne dans une même création.

Parce qu’une immense intensité se dégage de cette démarche humaniste et spirituelle, Julien Sallé sait que l’image doit en restituer la vérité sans jamais la surligner ni s’y complaire. Sa caméra attentive et pudique, parvient à nous faire toucher du doigt des bribes d’un univers à la terrible étrangeté. Les ateliers d’écriture et de chant créent alors un espace incroyable (que l’on ose dire de liberté…) dans la vie carcérale, si normée et cadrée. Le lien entre l’enseignant et l’élève, les progrès manifestes de celui-ci, bouleversent la logique immuable de l’enfermement.

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