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France : près de 1 000 personnalités et organisations appellent Emmanuel Macron à "une véritable politique de déflation carcérale"

Avec la crise sanitaire du coronavirus, en deux mois, “le nombre de personnes détenues a été réduit de plus de 13 500”, rappelle l’Observatoire international des prisons (OIP) dans une tribune. Un chiffre qui a, selon les signataires, fait naître “un fol espoir”.

Une quarantaine d’associations et organisations professionnelles de la justice et près de mille personnalités publiques appellent Emmanuel Macron à mettre en œuvre “une véritable politique de déflation carcérale à même de garantir l’encellulement individuel et des conditions de détention dignes”.

Dans une lettre ouverte publiée mercredi 3 juin par l’Observatoire international des prisons (OIP), les signataires affirment que “la France ne doit pas renouer avec l’inflation carcérale” qu’elle connaît depuis 20 ans et qui a “contraint les personnes détenues à vivre dans la promiscuité et l’indignité”. Cela a conduit à “une quête vaine pour donner du sens à une peine de prison avant tout synonyme de désolation, désocialisation et déshumanisation”.

13 500 détenus en moins avec la crise du coronavirus

Avec la crise sanitaire, en deux mois, “le nombre de personnes détenues a été réduit de plus de 13 500”, rappelle l’OIP. “Pour la première fois depuis près de vingt ans, il y a en France moins de prisonniers que de places de prison”, écrivent les signataires. “Cette situation fait naître un fol espoir” et n’est “ni déraisonnable, ni dangereux” mais au contraire, “une mesure de salut public”. Ils y voient le signe que “la volonté politique alliée à la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la justice permet de remettre ou de maintenir en liberté des milliers de personnes sans que cela ne présente de danger en termes de sécurité”.

Dans cette lettre ouverte, organisations et personnalités rappellent que le 30 janvier dernier, “la Cour européenne des droits de l’homme condamnait la France pour les conditions de détention indignes qui règnent dans ses prisons”. Elle sommait le gouvernement “de prendre des mesures en vue de la résorption définitive de la surpopulation carcérale”.

“Nous attendons de la France qu’elle ne soit plus pointée du doigt par les instances européennes pour les traitements inhumains et dégradants qu’elle inflige aux prisonniers.” les signataires d’une tribune

S’appuyant sur la crise du coronavirus qui a amené “chacun à faire la preuve de sa capacité à se réinventer”, les signataires demandent au chef de l’État que “cet espoir ne soit pas tué dans l’œuf. Il est essentiel de tout mettre en œuvre pour que la population carcérale ne reparte à la hausse dès la menace immédiate écartée”. Ils rappellent qu’en mars 2018, Emmanuel Macron affirmait : “Je sais qu’une nation est jugée aussi à travers ses prisons. Nous serons regardés à l’aune de ce que nous ferons de cette part de nous-mêmes.” . “Le moment est venu”, alerte les signataires. “L’occasion est là : ne la manquez pas.”

Annie Ernaux, Bruno Solo ou encore l’avocat Éric Dupond-Moretti

Cette lettre ouverte, publiée par l’OIP, est signée par une quarantaine d’associations et organisations professionnelles de la justice, mais aussi des personnalités publiques telles qu’Anne Sinclair, Philippe Claudel, Annie Ernaux,Bruno Solo ou Olivier Py, des hommes et des femmes politiques de tous bords (de la France insoumise aux Républicains en passant par la République en marche), des avocats (Henri Leclerc, ÉricDupond-Moretti, notamment) et leurs représentants (Conseil national des barreaux, Conférence des bâtonniers), ainsi que des centaines d’universitaires, avocats, magistrats, personnels de l’administration pénitentiaire, travailleurs sociaux, soignants.