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Source : Huffington Post

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Actualité

France : nous devons regarder en face notre responsabilité vis-à-vis des bébés qui grandissent en prison

La campagne présidentielle nous oblige à poser la question des bébés qui peuvent, pendant 18 mois, être incarcérés avec leurs mères. Ce simple énoncé étonne et mérite que l’on aille au cœur du dispositif pour le comprendre.
Il y a quelques années, la prison de femmes des Baumettes, à Marseille, avait en détention entre 6 et 10 femmes détenues avec leurs bébés (certaines avaient accouché lors de leur détention et, auparavant, elles étaient menottées sur la table de travail pour éviter qu’elles ne s’évadent pendant qu’elles accouchaient! Fabuleuse agressivité de la société contre les personnes détenues). La directrice de la prison s’était alors inquiétée des conséquences que cela pouvait avoir sur le développement de ces bébés.

Le territoire de l’Intersecteur de psychiatrie infantile que je dirigeais alors comprenait la prison qui dispose d’une unité de psychiatrie adulte, indispensable, mais pas d’unité destinée à l’enfant. En accord avec la PMI (protection maternelle infantile), la direction, et nos collègues traitant les adultes, nous avons mis en place une consultation commune au bénéfice des mères et bébés détenus. La puéricultrice jouait avec l’enfant, la pédiatre l’examinait et j’avais un entretien mère/bébé après. Tout en étant présent lors du travail de l’équipe de PMI. Ces femmes étaient co-détenues (l’administration faisait en sorte que la personne choisie pour vivre avec le couple mère/enfant ne soit pas toxique, agressive ou malveillante. Un exemple traverse ma mémoire: une expert-comptable qui faisait merveilleusement office de grand-mère de substitution).

La présence de l’enfant change totalement la perception que le personnel pénitentiaire a des détenues. Des signes affectueux sont ainsi adressés aux bambins et par ricochet aux mères. Lors des entretiens elles revenaient, bien sûr, sur leur passé dévasté mais elle se projetaient aussi dans l’avenir du fait de la présence de l’enfant. Leur crainte insurmontable étant, pour celles qui avaient écopé d’une lourde peine, la séparation, le placement de leur enfant en famille d’accueil (ce qui avait été le cas pour un grand nombre d’entre elles).

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