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France : les prisons coupées du monde, les détenus privés de parloirs

Des incidents ont éclaté dans quelques établissements après l’annonce de la suppression des parloirs et des activités à partir de mercredi.

La décision était prévisible et logique, mais elle va considérablement compliquer le fonctionnement des prisons. Toutes les visites que les familles peuvent faire aux personnes détenues dans le cadre de parloirs, parloirs familiaux ou unités de vie familiale sont interdites à compter du mercredi 18 mars, jusqu’au 31 mars.

Cette mesure annoncée mardi par la ministre de la justice, Nicole Belloubet, s’inscrit dans le confinement décidé par le gouvernement pour l’ensemble des citoyens. Mais la suppression de ces parloirs risque d’être délicate à gérer tant ils constituent pour les détenus une soupape essentielle aidant à supporter la vie carcérale.

En Italie, l’annonce de la suppression des parloirs pour les détenus avait provoqué les 8, 9 et 10 mars des mutineries dans une vingtaine de prisons. Ces mouvements ont provoqué la mort de douze détenus, à l’occasion d’affrontements ou en raison d’overdose suite à la consommation de produits pillés dans les infirmeries.

Un tel scénario est la hantise de l’administration pénitentiaire. Mais, à la différence du cas italien, la décision de confinement général de la population a précédé en France la suppression des parloirs. La mesure devrait ainsi être théoriquement plus facile à expliquer et à faire accepter par les détenus comme par leur famille.

Faciliter l’accès aux cabines téléphoniques

Pourtant, dès mardi matin, des incidents violents se sont produits à la maison d’arrêt de Grasses (Alpes-Maritimes) alors que le chef d’établissement avait informé de la suspension des parloirs dans cette structure qui comptait au 1er janvier 720 détenus pour 574 places. Selon Sébastien Nicolas, secrétaire général du syndicat FO des directeurs pénitentiaires, des portes ont été arrachées et un poste de contrôle incendié.

Les détenus n’ont réintégré leur cellule qu’après l’arrivée des équipes régionales d’intervention et de sécurité, le GIGN de la pénitentiaire. Dans l’après-midi, des mouvements collectifs de refus de réintégration de cellule après la promenade, émaillés d’incidents parfois violents, ont également eu lieu dans les prisons de Perpignan, Maubeuge et Douai (Nord), Valence ou Angers.