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France : les détenus de la prison de Bois-d’Arcy lancent leur propre chaîne de télé

Depuis ce mercredi 26 février, les détenus de la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy (Yvelines) animent une chaîne télé interne. Elle doit améliorer leur quotidien.

Depuis ce mercredi 26 février, les détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) disposent d’une chaîne télé interne. Chaque prisonnier pourra y trouver à des informations pratiques sur la vie quotidienne, suivre des événements qui se déroulent dans le huis clos carcéral ou regarder des reportages et interviews réalisés par des codétenus.

Omar Sy pour le clip de lancement

La première a d’ores et déjà marqué les esprits. Il s’agit de celle d’Omar Sy. Lors d’un tournage dans la maison d’arrêt, il a accepté de répondre à quelques questions. Il a également pris le temps de tourner le clip de lancement officiel de celle que l’on appelle désormais BATV, La chaîne qui rend libre.

Les émissions tourneront en boucle, 24h/24 sur le canal 38. De nouveaux reportages, des thématiques spécifiques sont actuellement en cours de développement.

Pour en arriver là, le chemin aura été long mais sans embûche. Voici plusieurs mois, lors d’une interview de la directrice pour le journal interne, un détenu a fait une proposition.

“Il s’agissait de changer le contenu de la chaîne qui existait déjà. Elle ne diffusait que des textes. Et parfois, il fallait avoir le nez collé sur l’écran pour arriver à lire quelque chose”, se souvient-il.

La directrice soutient le projet

Immédiatement, la directrice Odile Cardon a adhéré au projet.

“Ce détenu avait raison. Nous avions un outil mais qui relevait plus du poisson rouge qui tourne dans un bocal”.

De la feuille de papier au premier tournage, certaines étapes restaient à franchir. La plus importante étant de trouver des fonds (10 000 euros) pour acheter le matériel : caméras, micros, logiciel de montage, ordinateurs, casques… Deux mécènes ont répondu présent. La motivation a fait le reste.

“Nos capacités ont dépassé de loin nos ambitions. Personne ne compte ses heures. Maintenant, nous avons l’impression d’évoluer au sein d’une véritable start-up”, estime l’un des membres de l’équipe.

Un ancien détenu y trouve la voie de sa réinsertion

Caméras au poing, ils sont huit à arpenter les couloirs de Bois-d’Arcy.

“On tourne des sujets sur les ateliers, comme celui de la photo, du recyclage et de la rénovation, des travaux qui sont réalisés. On parle des événements sportifs, du théâtre, des plannings, des règles de cantine. Nous avons aussi consacré un sujet à l’arrivée des nouveaux pour les aider dans les premières semaines. Bref, on convertit notre temps de détenu pour faire des choses biens.”

Et pas que. Un des membres de l’équipe, libéré en décembre dernier, est spécialement revenu pour le lancement de la chaîne.

“J’ai été formé. J’ai appris à cadrer, à monter… Tout cela m’a permis d’intégrer une école de cinéma pour valider mes acquis. Je veux devenir réalisateur. Tout cela, c’est grâce à cette porte d’accès vers la réinsertion que l’on m’a ouverte.”

De qui ravir Odile Cardon.

“On ne peut que se féliciter de tout cela. Car une prison, c’est comme un bateau. On doit tous être solidaires pour que cela fonctionne. Et l’équipe de la chaîne a même des idées que nous n’aurions jamais eues. Comme filmer les produits de la cantine pour aider ceux qui ont des difficultés à lire, à mieux remplir leur bon de commande.”

L’idée semble séduire d’autres centres pénitentiaires. Dans la salle, des représentants de la maison d’arrêt des femmes de Versailles, de Fleury-Mérogis (Essonne) étaient présents pour peut-être dupliquer l’initiative derrière ces murs.