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France : le parquet antiterroriste empêche une sortie de trois heures pour un détenu en prison depuis trente ans

Jacques Esnal, 69 ans, est incarcéré depuis vingt-neuf ans et dix mois pour avoir participé à des attentats et des assassinats en Espagne avec l’organisation séparatiste basque ETA. La période de sûreté de dix-huit ans qui accompagnait sa condamnation à la réclusion à perpétuité a pris fin depuis douze ans, ce qui l’autorise à solliciter un aménagement de peine. Sa première et unique demande de libération sous contrainte examinée à ce jour a été rejetée en 2014.

Cette fois, ce détenu incarcéré à la maison centrale (prison pour les condamnés à de longues peines) de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) a demandé l’autorisation d’une “sortie sous escorte”. En l’occurrence une sortie sportive, consistant en une marche rapide de deux heures trente au départ de la prison, avec trois autres condamnés. Le tout, bien sûr, escorté par des surveillants pénitentiaires.

Le juge chargé à Paris de l’application des peines des terroristes a autorisé le 31 janvier cette sortie programmée pour le 4 février. Le parquet antiterroriste a fait appel. L’appel étant suspensif, la sortie a eu lieu… sans M. Esnal. Interrogé par Le Monde, le parquet national antiterroriste n’a pas donné d’explication sur son opposition à voir cet homme profiter d’une première sortie à l’air libre en trente ans de détention.

En revanche, le juge parisien a motivé sa décision sur deux pages. On y apprend que le juge d’application des peines de La Rochelle, dont dépend la prison de Saint-Martin-de-Ré, y était favorable et que le service pénitentiaire d’insertion et de probation a donné un “avis très favorable (…) au motif qu’il n’a aucun doute sur le comportement et le respect du cadre de cette permission sportive”.

“Acharnement injustifiable”

Le chef de détention a également émis un avis “très favorable, qualifiant le comportement de M. Esnal d’exemplaire”. La direction de la prison ajoute qu’il “a poursuivi une détention sans incident et dans le respect des personnels et qu’une sortie encadrée a tout son sens”.